Arnaud Dangbénon, Coordonnateur de C3E sur l’insertion professionnelle des étudiants : “L’université doit être attentive au marché de l’emploi”

18 novembre 2022

Crée en juin 2022 par le rectorat, le Centre pour l’Employabilité et l’Entrepreneuriat des Etudiants (C3E) de l’Université d’Abomey-Calavi s’active pour l’insertion professionnelle des diplômés à travers plusieurs projets phares. Au nombre de ceux-là, la mise en oeuvre du référentiel des compétences entrepreneuriales et l’organisation de la première édition du forum “Education Compétences Métiers” qui se tient du 23 au 25 novembre 2022 à l’Université d’Abomey-Calavi. Arnaud Dangbénon, coordonnateur de ce centre, dévoile les innovations en faveur de l’insertion professionnelle des apprenants et insiste sur la tenue de ce forum qui s’annonce riche en couleurs. Lire l’entretien !

Vous êtes le coordonnateur du Centre pour l’Employabilité et l’Entrepreneuriat des Etudiants (C3E) de l’Université d’Abomey-Calavi . Présentez-nous votre centre.

Merci beaucoup pour m’avoir offert cette opportunité. Le Centre pour l’Employabilité et l’Entrepreneuriat des Etudiants (C3E) de l’Université d’Abomey-Calavi a été crée en juin 2022. Il a pour principale mission de développer la compétence des jeunes pour favoriser leur insertion professionnelle. Il est né d’une vision très avancée sur l’insertion professionnelle. En vue de faciliter la transition des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi que cela soit par l’emploi salarié ou par l’entrepreneuriat, le centre a été mis en place avec différents pôles. Il s’agit notamment de l’insertion dans l’emploi des jeunes diplômés, de préincubation et de l’innovation à la technologie. Le centre est sous la tutelle du vice rectorat chargé de la coopération inter universitaire, des partenariats et de l’insertion professionnelle. Mais la vision et les textes qui régissent sa création lui donnent une certaine capacité à se développer par lui-même afin de mener à bien la mise en œuvre du programme de l’insertion professionnelle des jeunes étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi.
Aussi, la vision derrière la mise en place de ce centre est de permettre aussi la mobilisation des ressources necessaires pour concrétiser sa mission en matière d’insertion professionnelle des apprenants.
Quelles sont les marges de manoeuvre du centre pour accomplir sa mission ?
Au regard de l’immensité du travail à accomplir pour permettre l’épanouissement des étudiants en fin de formation, le centre doit faire appel à des soutiens. Les partenariats aux plans technique et financier sont essentiels au développement des activités du centre. D’ailleurs, nous ne pouvons pas faire autrement pour mener des actions dans le sens de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés sortis de l’Université d’Abomey-Calavi. Il faut dire que le centre seul ne peut pas mobiliser des ressources financières, humaines et techniques. Nous avons aussi une bonne collaboration avec les organisations soeurs au sein du campus et à l’externe qui interviennent dans le domaine de l’insertion professionnelle des jeunes. En guise d’exemple, le centre est en train de mettre en œuvre, en symbiose avec l’Agence universitaire francophone (AUF) du campus d’Abomey-Calavi, le projet dénommé “Entreprendre”. C’est un projet qui permettra aux étudiants désireux d’entreprendre de subir la phase de préincubation. Une étape très importante pour l’entrepreneuriat.
Il faut dire que l’efficacité d’une université se mesure à la valeur de l’insertion professionnelle de ses étudiants diplômés. La situation de l’emploi est si préoccupante au regard des réalités actuelles du marché de l’emploi. Ce constat ne laisse pas indifférente l’université.
Elle est devenue consciente des difficultés liées au chômage et à l’insertion professionnelle des milliers de diplômés qui sont à la recherche du job. En réalité cette prise de conscience a démarré depuis longtemps à l’université d’Abomey-calavi. Le premier fait marquant qui illustre cette vision est la création de la fondation de l’université qui a un programme dénommé “Uac startup”. C’est l’un des premiers éléments qui dénotent de la détermination de l’université d’Abomey-Calavi à travailler pour une bonne insertion professionnelle des jeunes sortis des écoles et facultés.

Quelles sont les actions phares déjà menées par le centre ?

Le centre est mis en place par le rectorat de l’université d’Abomey-Calavi, il y a maintenant près de 6 mois. Nous avons encore beaucoup d’actions en cours. Au nombre de celles-ci, il faut citer la réalisation d’un référentiel des compétences entrepreneuriales. Il s’agit d’un document qui va regrouper les compétences recherchées en terme de capacité à entreprendre et de capacité d’entreprise. Ce sont des compétences nécessaires à un jeune qui rêve d’entreprendre.
Il prendra également en compte des capacités d’avoir un esprit de créativité pour un jeune detenant même un emploi salarié. Nous sommes en train d’élaborer ce document avec une forte implication de l’ensemble des acteurs de l’écosystème de l’emploi au Bénin.
Nous avons aussi, en pleine élaboration, le référentiel de l’insertion professionnelle de l’Uac, un document important de cadrage qui doit servir de pilote pour l’ensemble des activités du centre.
Nous espérons lancer en décembre prochain certains ouvrages clé au profit des offreurs de services. Je veux citer la finalisation d’un portail web pour permettre la diffusion des opportunités d’emploi et de formation en faveur des jeunes étudiants en situation d’apprentissage. Par ce canal, nous pouvons aussi rendre disponibles des ressources en matière d’entrepreneuriat.
Le centre est en train de développer des compétences pour l’employabilité et l’entrepreneuriat des jeunes étudiants.
Nous avons aussi le statut national de l’étudiant entrepreneur qui est un projet en cours. L’idée principale est de créer des conditions particulières pour les étudiants qui veulent entreprendre. Le centre peut par exemple, permettre à l’étudiant de travailler sur un projet d’entreprise à la place d’un sujet de soutenance à l’école ou en faculté. Actuellement nous sommes en train de préparer le premier forum sur Education Compétences Métiers.
Justement. Parlez-nous de ce forum que votre centre prépare activement.
Le forum intitulé “Education Compétences Métiers” va se dérouler du 23 au 25 novembre prochain à l’Université d’Abomey-calavi. Cette rencontre vise à rassembler les différents acteurs (publics et privés) qui travaillent pour l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. Pendant trois jours, ils vont réfléchir ensemble sur le mécanisme de renforcement de capacités des apprenants en situation d’apprentissage à l’Université d’Abomey-Calavi.
Au programme, la première journée sera marquée par un panel de discussion inaugurale intitulée “Quels sont les besoins du marché du travail au Bénin ?”. Ensuite, il est prévu une rencontre entre les apprenants et les professionnelles pour prendre connaisance des transitions possibles dans le monde du travail selon leurs filières de formation dans les différentes écoles et entités. Des ateliers de reflexion, des communications, des expositions des stands sur les opportunités et programmes en faveur de l’insertion professionnelle des étudiants vont marquer cette rencontre de trois jours que nous préparons activement.
Je précise qu’il y aura un atelier sur le mécanisme de développement des compétences professionnelles chez les étudiants au cours de leur cursus universitaire. L’objectif est de permettre aux étudiants de maîtriser les différentes trajectoires possibles et favorables à leur insertion professionnelle. A cette rencontre d’échanges, les apprenants vont mieux cerner les différentes voies de transition possibles à l’issue de leur formation universitaire.

Le constat aujourd’hui est que beaucoup d’étudiants ne détiennent pas de compétences transversales. Quel est votre point de vue sur ce problème ?

C’est un problème très important sur lequel veille notre centre. Nous sommes en train de travailler dans ce sens. Aujourd’hui, les compétences théoriques ne suffisent plus pour les diplômés pour être employables sur le marché de l’emploi. Il faut avoir la capacité de monnayer ses compétences aux entreprises et de pouvoir aussi interagir avec son environnement. Les jeunes diplômés doivent savoir vendre auprès des employeurs ses compétences. Ce sont des compétences qui ne sont pas inscrites dans les currilums des Universités. Notre forum va se pencher sur ces différentes questions et servira à trouver des mécanismes pour pouvoir vraiment faire acquérir des compétences aux participants au cours de leur cursus académique. Ce sont des mécanismes qui peuvent être extra-curriculaires.
D’ailleurs, le centre envisage dans les tout prochains jours un certain nombre d’activités dont l’organisation d’une série de formations pour la rédaction d’un curriculum vitae, d’une lettre de motivation, la présentation à un entretien physique d’embauche, l’envoi de mails aux recruteurs, etc. Ces séances seront appuyées des phases pratiques de simulation pour permettre aux étudiants de s’exercer avec des spécialistes du domaine de recrutement.
Toutes ces actions visent à mettre la formation académique au pas par rapport aux réalités du marché du travail. Les Universités doivent être attentive au marché de l’emploi. Elles doivent avoir également la capacité de se projeter par rapport aux métiers porteurs d’avenir. Il ne sert à rien de former des milliers de personnes dans les filières dont les entreprises n’ont presque pas besoin. Les universités doivent regarder à tel horizon le domaine qui est capable d’absorber plus de compétences.

Qui sont les plus concernés par ce forum ?

Tout le monde est invité à cette rencontre. Mais, c’est spécialement tourné vers les étudiants par rapport au programme qui va se dérouler dans les différentes entités. Ici, les professionnels de l’emploi sont aussi invités pour discuter avec les étudiants en vue de montrer les différentes trajectoires socioprofessionnelles possibles à partir de leurs différentes formations.

Votre message de la fin !

J’invite les jeunes étudiants à continuer de se former eux-mêmes. L’essentiel pour eux, c’est d’apprendre à apprendre. Se former soi-même, investir sur soi-même pour sortir de la zone de confort. Je les exhorte à acquérir des compétences qui vont leur permettre de booster leur inclusion professionnelle. Ils doivent chercher aussi à acquérir des connaissances dans le secteur du numérique, car nous sommes à l’ère du numérique qui est un domaine qui s’impose dans toutes les activités. Ne pas avoir certaines compétences dans le domaine du numérique, c’est se créer à soi-même un handicap dans le cadre de son insertion professionnelle. Le tout ne suffit pas d’avoir son diplôme mais il faut continuer à se former. Il faut se former sur les outils nécessaires au monde professionnel.

Propos reccueillis par Joël SEKOU (Coll.)



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