Assainissement des mœurs publiques : Sale temps pour les indélicats

10 juin 2021

Ils sont dans la tourmente. Les commis de l’Etat qui ont des choses à se reprocher dans leur gestion des biens publics ont des sueurs froides. Si les cas de malversations foisonnent, force est de reconnaître que les mis en cause sont contraints de réparer leurs torts. Certes, l’idéal de l’impunité zéro est loin d’être atteint. Mais à se fier au Conseil des ministres, on comprend aisément que les mauvais gestionnaires qui confondent leurs poches aux caisses du trésor public en ont pour leur grade. Les conclusions des missions d’inspection et d’audit sont les preuves sur lesquelles se basent les décideurs pour assainir les mœurs publiques. Deux cas évoqués hier en Conseil des ministres sont illustratifs à plus d’un titre.

Des agents épinglés
Le premier est relatif aux conclusions de la mission de contrôle de la gestion administrative, financière et comptable de l’hôtel Tata Somba et ses campements pour la période allant du 1er janvier 2019 au 28 août 2020. En dépit de la réalisation d’un chiffre d’affaires de l’ordre de cent millions, paradoxalement des arriérés de salaires de 8 mois restent impayés au personnel. De même, « un montant de 759 670 FCFA n’a pas été justifié au niveau de la réception, ainsi qu’une somme de 1 421 484 FCFA au niveau de Ia caisse centrale, sans compter qu’un montant de 3.180.294 FCFA de primes est indûment perçu par l’ex Directeur général de l’hôtel ». Contrairement à toutes les personnes mises en cause, seul l’ex directeur général a remboursé une somme de 2 000 000 FCFA, ce qui laisse croire que la procédure d’audit a été contradictoire et qu’il reconnaît les faits mis à sa charge. Raison pour laquelle des poursuites judiciaires seront enclenchées aux fins de la rétrocession des fonds indûment perçus. D’une structure à une autre, les constats sont quasiment les mêmes.
Le second cas est lié aux actes de gestion de la bibliothèque nationale au titre du premier semestre 2020. « Le rapport soumis au Conseil des Ministres laisse apparaître une défaillance au niveau du service du dépôt légal et de la bibliographie. De fait, en l’absence de règles relatives au reversement des recettes au Trésor public, les agents commis à cette tâche accomplissaient cette obligation suivant leur bon vouloir. C’est ainsi qu’entre le 29 septembre 2015 et le 31 décembre 2019, il a été constaté qu’une somme de 5.686.200 FCFA n’a pas été versée dans les caisses de l’Etat ». A ce niveau, « les personnes concernées, conformément à l’engagement qu’elles ont pris, ont remboursé les montants mis à leur charge ». Mais elles ne sont pas pour autant sorties de l’auberge. Une procédure disciplinaire sera incessamment initiée à leur encontre.

Etendre le contrôle à tous
Ces deux dossiers fraîchement traités par le gouvernement dans lequel les mis en cause ont reconnu leur responsabilité dans les déviances observées prouvent que les gestionnaires publics ont le feu aux fesses. Il faut espérer que ces rapports ne soient pas des cas isolés et que tous les services de l’Etat sont pris en compte dans ce qui s’apparente à un combat contre l’impunité. Il existe une multitude de structures publiques. Paradoxalement, une poignée de services avec un personnel réduit est dédié au contrôle et à l’inspection. Dans ces conditions, c’est une certitude que certains réussiront à passer entre les mailles des contrôles qui ne seront pas forcément réguliers. Puisqu’il faut traiter tous les agents de l’Etat sur le même pied d’égalité, le défi du gouvernement est d’intensifier le contrôle partout et à échéances régulières. C’est à ce prix que l’impunité zéro pourra connaître un début de réalité.



Dans la même rubrique