Brusque changement à la tête de la 1ère confédération syndicale : Gaston Azoua quitte la tête de la Cstb ; Iko, intérimaire

Gérard GANSOU, Patrice SOKEGBE 18 avril 2013

Azoua passe le témoin à Essè Iko

Le Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Gaston Azoua dépose le tablier. C’est ce qu’il faut retenir de l’Assemblée générale de la Cstb qui s’est tenue hier à la bourse du travail. Les militants de la Cstb étaient en train de peaufiner des stratégies pour contrer les velléités offensives du gouvernement quand l’information est survenue. L’homme, d’une expérience de plus de 20 ans de lutte syndicale, se dit fatigué. "Je n’ai plus la facilité de parcourir les entreprises et les services. Il me sera difficile de synthétiser les sentiments des travailleurs. A vouloir persister avec ce statut, je suis devenu démagogue. Franchement, je suis fatigué… ", a-t-il dit. Cette décision, Eustache Zinzindohoué, membre de la Cstb, est salutaire et mérite des honneurs. Aussi, Gaston Azoua a-t-il consenti, selon lui, des sacrifices qui ont permis entre autres d’élargir considérablement les bases de l’organisation et de faire de la Cstb la première confédération du Bénin consacrée par les élections professionnelles de 2001 et 2010. " Le bureau directeur prend acte de cette décision du camarade Gaston Azoua, lui adresse toutes les félicitations de la confédération et notamment les sentiments de gratitude pour les sacrifices consentis et le don de soi dont il a fait preuve pendant plus de deux décennies…" a-t-il dit. Au cours de cette Assemblée, Gaston Azoua a partagé avec ses militants ses expériences et a exhorté les autres membres de la Cstb à continuer la lutte. " Ce que je demanderais à cette jeune équipe qui est là, c’est de ne pas regarder derrière. Il ne faut pas qu’on soit en train de me chercher dans l’équipe. Il faut foncer comme si on a la charge de diriger la confédération. Je suis militant du parti communiste du Bénin. Je suis certain que mon parti ne manquera pas de m’utiliser pour d’autres opportunités ", a-t-il ajouté. Pour l’heure, la période de transition de 6 mois sera assurée par le Secrétaire général Adjoint, Paul Essè Iko. Au terme de cette période se tiendra un congrès extraordinaire pour l’élection d’un nouveau secrétaire général de la Cstb.

Les impressions des secrétaires généraux de la Csa-Bénin Dieudonné Lokossou, de l’Unstb Emmanuel Zounnon et du porte-parole du Front Lucien Langanfin Glèlè

Dieudonné Lokossou, Secrétaire général de la Centrale des syndicats autonomes (Csa-Bénin)

’’ Son départ que je regrette beaucoup doit nous servir d’exemple’’

Le Camarade Azoua a été l’un des piliers forts du mouvement syndical au Bénin. Avec lui, le Bénin a connu une grande avancée sur le plan syndical. Tout en respectant le principe sacro-saint syndical, celui de la non immixtion d’une Centrale syndicale dans les affaires d’une autre, je regrette sincèrement le départ du camarade Azoua du monde syndical. Je suis personnellement très lié à lui, nous revenons ensemble d’un voyage. Il m’a parlé de son intention de quitter la tête de la Cstb, j’ai tenté de l’en dissuader..(..). Son départ que je regrette beaucoup doit nous servir d’exemple, car ’’il vaut mieux quitter les choses avant que les choses ne vous quittent’’. Je suis sûr que ses pairs trouveront les mécanismes idoines pour mieux valoriser son héritage. Mais la principale leçon qu’on peut tirer de cette attitude du camarade Azoua, est qu’en dépit de tout, le respect de l’éthique reste la chose la mieux partagée dans le monde syndical…

Lucien Langanfin Glèlè, Porte-parole du Front des trois ordres de l’enseignement.

’’Je salue le départ d’un Général qui a tout donné au syndicalisme au Bénin’’

Je salue le départ d’un Général, qui a tout donné au syndicalisme au Bénin. Gaston Azoua s’est sacrifié sur l’autel des revendications des travailleurs béninois. A bon vin point d’enseigne et il faut des lunes pour égrener tout ce que Azoua a fait pour les travailleurs de mon pays. Je manque de mots pour peindre cette vaillante personnalité respectée par toutes les forces vives de mon pays. Azoua est une icône, une référence pour le Bénin et pour l’Afrique. Il passe le flambeau à une jeunesse aguerrie qui saura s’appesantir sur les expériences de notre mentor Azoua pour que la Cstb soit toujours à l’avant-garde du monde syndical béninois. Salut l’artisan.

Emmanuel Zounon, Secrétaire général de l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin

Azoua ne mérite pas des fleurs…car il n’a pas préparé la relève et laisse une bombe entre les mains des non initiés

Je suis désolé, mais Azoua n’est pas un exemple, dans le monde syndical béninois et sa démission n’est pas un événement. Il ne faudrait pas attendre d’être vieux avant de passer le témoin, car c’est de cela qu’il s’agit. Figurez-vous, le règne de Azoua dépasse celui de Feu Romain Vilon Guezo. Nous syndicalistes, nous faisons la morale aux gouvernants, nous parlons de bonne gouvernance à tous les niveaux, nous demandons que la Constitution ne soit pas révisée, que le nombre de mandats soit respecté et nous faisons le contraire, c’est grave. Azoua ne mérite pas des fleurs…car il n’a pas préparé une relève consciente, responsable et laisse une bombe entre les mains des non initiés.



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