Collecte des déchets solides ménagers : Le doigt accusateur des abonnés d’Abomey-Calavi

La rédaction 6 mars 2019

Entre les tarifs proposés pour la collecte des déchets solides ménagers et la qualité de prestation, les abonnés attendent toujours une meilleure adéquation. A Abomey-Calavi, les nouveaux tarifs restent incompris.

Dans la cité dortoir, la polémique va bon train au sujet des nouveaux tarifs de collecte des déchets. Les ménages fustigent, se résignent mais finissent par faire avec. « Les agents qui s’occupent de la pré-collecte sont venus nous informer que le coût de l’abonnement est passé de 3000 F à 3500 F. Alors qu’on payait 2500F. Ça ne s’explique pas », fulmine Pauline, la cinquantaine, résidant à Aïtchédji. A force de discuter avec cette abonnée pour comprendre la raison de sa désapprobation, on finit par comprendre qu’elle déplore surtout la qualité de service. « Les agents ne viennent pas quand il le faut. Parfois, il faut les motiver avec de petits sous pour qu’ils soient au rendez-vous. Ils se plaignent des pannes répétées de leurs engins. On devrait corriger les insuffisances avant de passer à une augmentation », martèle-t-elle.

La genèse de l’incompréhension
Cette augmentation des tarifs trouve son essence dans l’arrêté communal en date du 06/09/2018, portant fixation du coût de la redevance de la pré-collecte des déchets solides ménagers (Dsm) dans la commune d’Abomey-Calavi. Ledit arrêté subdivise la commune d’Abomey-Calavi en plusieurs zones. « La zone 1 de forts standings, c’est-à-dire une zone de démographie élevée (Abomey-Calavi centre, Arconville, Zopa, Aïtchédji, Zoundja et Godomey-centre), le taux d’abonnement est à 3500 F. Pour celle de moyens standings (Ouèdo, Togoudo, Glo etc.), le prix d’abonnement est de 2500 F et la zone 3 (Kpanrou, Zinvié, Dossoumou etc…) où l’activité de la pré-collecte n’est pas bien développée dans cette zone, le prix est à 1500 F. Le maire n’a donc fait que cadrer ce qu’on faisait déjà avant », explique Gilles Dossou, administrateur de Cosgac.
Paradoxe, un semestre après, cet arrêté est encore inconnu de beaucoup de ménages de la cité dortoir. Ces derniers se disent surpris de l’apprendre par le biais des agents de collecte « Je ne suis pas encore informé de cette décision de fixation du coût d’abonnement », déplore Jean, professeur de Sciences de la Vie et de la Terre. Pour Claude Ahla, ancien président du Cosgac, c’est normal qu’il y ait cette augmentation. « Jusque-là, les infrastructures qui doivent venir nous aider à amoindrir le coût à la population dans l’enlèvement des ordures, ne sont pas disponibles. L’inexistence des points de regroupement nous crée d’énormes problèmes », déclare Claude Ahla.

Pousser les ménages à s’abonner
Tout comme dans certaines communes du Bénin, l’abonnement aux structures de pré-collecte des déchets solides ménagers est désormais obligatoire à Abomey-Calavi. Sauf que, sur le terrain, les ménages préfèrent parfois jeter les ordures sur les dépotoirs et dans les parcelles vides que de s’abonner. Franck, un locataire à Togoudo a la possibilité lui aussi de jeter ses ordures sur un dépotoir sauvage non loin du carrefour Itta. « Je ne sais à quoi me servira cet abonnement si déjà derrière ma maison, les déchets collectés des autres ménages sont déversés dans ce grand trou », confie-t-il.
La mairie et l’Etat central doivent exercer une pression sur les ménages afin qu’ils prennent conscience de l’importance de s’abonner, d’où l’importance des réformes en cours. « Ce n’est pas un choix. C’est un devoir civique. Puisqu’ils produisent des déchets, ils doivent payer pour qu’on les enlève. Il faut veiller à ça pour que les ménages ne continuent pas de croire qu’ils ont la liberté de s’abonner ou pas », recommande Dr Gbèdo Victor, Directeur Dcam Bethesda. Mais dans le même temps, cet expert en gestion des déchets et évaluation environnementale appelle les structures de pré-collecte à plus de professionnalisme. « La gestion des déchets est le plus municipal des services urbains. Les structures de pré collecte doivent faire beaucoup preuve de professionnalisme de sorte que les déchets collectés aillent dans les endroits qu’il faut au lieu qu’on aille les jeter par exemple au bord du lac et polluer l’écosystème aquatique ou dans les caniveaux pour empêcher le fonctionnement de ces infrastructures. Chaque acteur de la chaîne de gestion des déchets doit jouer son rôle », a-t-il insisté. Avec le lancement du projet de gestion et de modernisation des déchets solides dans le Grand-Nokoué, les acteurs espèrent un renouveau de la filière.
Christian ATCHADE (Stag)



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