Collecte des déchets solides ménagers : Un pas dans l’univers des éboueurs de la cité

La rédaction 6 juin 2019

Un corps sain dans un cadre de vie sain. C’est le travail auquel s’adonnent les professionnels de la collecte des ordures ménagères. Avec passion et risques, les éboueurs assurent la pré collecte dans la ville de Cotonou et environs avec des regards méprisants qui ignorent toute la portée de ce service.

A l’aurore d’un mardi à Gbégamey, un quartier situé au cœur de Cotonou, la ville s’éveille. Autour de 6h30, vêtu d’une chemise bleue sous un gilet jaune et sur un pantalon de couleur grise enfoncé dans une paire de bottes, Wilfrid Yèhouénou traîne sa charrette. C’est le début, pour lui, la trentaine, d’une descente dans les ménages pour la pré-collecte des déchets ménagers. Dans une maison est posée à l’angle gauche, une poubelle. Portée à son épaule, il va renverser les ordures dans le tricycle d’où il vient de sauter. Tout comme lui, ils sont plus d’uns à répéter ce geste à longueur de journée en vidant les poubelles des ménages. ‘’Zounco bè tô’’ en langue nationale fon au Bénin dont la traduction littérale en français signifie, ramasseur d’ordures et professionnellement appelé éboueur.

On tutoie facilement...et salue l’inconnu
« Les automobilistes te klaxonnent avec des hurlements en plus comme si tu es la dernière personne à te trouver sur leur passage quand le feu passe au vert », fustige marcel Sossou. Sur l’échelle sociale, on est tout en bas. Le regard des gens change dès que tu parles de ton métier. A peine on te serre la main même quand tu enlèves tes gans pour saluer. « C’est le métier le plus ingrat », a-t-il lâché. Et pourtant ce sont ces personnes qui vident les poubelles des écoles, restaurants, maisons de particuliers, des supermarchés et biens d’autres lieux contribuant à l’assainissement du milieu de vie.

Des risques
« Fais gaffe, la dernière fois une aiguille m’a percé la main par ici », alerte Marcel à son coéquipier. C’est l’un des risques auxquels sont confrontés ces éboueurs. Le trajet à parcourir est long et l’effort physique à fournir en est aussi proportionnel. En période de pluie, le poids des poubelles et les flaques d’eaux ne facilitent pas le travail des ‘’zounkô bè tô’’. « Il y a l’eau contenue dans les poubelles qui coulent sur notre corps, qui nous donne de l’urticaire et peut parfois entrainer la teigne », fustige Paulin Fangbégnon. Il faut vite finir et pouvoir vaquer à d’autres activités pour « arrondir les besoins du mois », ajoute Marc, père de trois enfants. Les besoins des enfants, de la famille et des différentes charges à savoir le loyer, la scolarité, le manger et les factures d’électricité…qui ne permettent pas aux éboueurs de pouvoir jouir du fruit de leurs labeurs. Un sac est souvent accroché au tricycle où les objets triés des poubelles sont rangés pour être vendus. « Ce sont nos à-côtés », ajoute-t-il avant de renchérir : « Il y a moins d’un an passé, un objet est tombé dans mes yeux et je n’ai trouvé aucun patron pour me venir en aide. J’ai dû prendre soin de moi-même avec mes maigres moyens ».

Et pourtant…
Tout n’est pas laissé à leurs charges. « Lorsque nous sentons un malaise et qu’on en parle à nos responsables, ils nous viennent en aide », précise Paulin Fangbégnon. Avec la mise en œuvre du projet de la modernisation et de gestion des déchets solides ménagers dans le Grand Nokoué, dont fait partie la ville de Cotonou, les structures en charges du pré collecte assurent leurs responsabilités vis-à-vis de leurs employés. Des matériels de protection aux moyens de transport des ordures ont connu une amélioration. Cependant, ces éboueurs s’en remettent à leurs dirigeants afin qu’ils puissent augmenter leur revenu salarial et « psychologiquement nous serons motivés rien qu’en pensant au revenu mensuel », confie un agent collecteur. Les éboueurs assurent leur tâche, celle de ramasser les ordures. Sur leurs traces, beaucoup se demandent ce que deviennent ces déchets collectés.
Christian ATCHADE (Stag)



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