Crise alimentaire en Afrique de l’ouest : La Bceao donne des indices, le Bénin à la recherche de la meilleure alchimie

Isac A. YAÏ 6 août 2021

Le prix des produits alimentaires de première nécessité est en constante augmentation en Afrique de l’Ouest et plus précisément au Bénin. Ce n’est un secret pour personne que les prix de certains produits sont passés du simple au double voire au triple. Cette flambée inhabituelle troue les poches aux hommes et met à mal le panier de la ménagère. Selon certains économistes, cette augmentation des prix alimentaires est la plus importante depuis 2011, année record. C’est en particulier la flambée des prix des huiles végétales, du sucre et des céréales… qui défraie la chronique. Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les prix des denrées alimentaires importées ou non sont en augmentation dans toute la région en Afrique de l’Ouest comparés à la moyenne des cinq dernières années. Les produits alimentaires locaux ont par exemple augmenté de près de 40% dans la région, avec dans certaines zones des hausses de prix records, à plus de 200 %.

Les raisons possibles !
Comoment cette crise alimentaire difficile à expliquer s’est-elle installée dans la sous-région ? Pour certains, cette situation est due au retard de la pluie. Ce qui a eu des impacts négatifs sur les produits agricoles. Pour d’autres, cette flambée inédite des prix des produits alimentaires serait liée aux effets de la COVID-19 sur les échanges commerciaux et le fonctionnement des marchés. Pour d’autres encore, c’est la résultante logique de la hausse des taxes douanières, des coûts de transports et de l’augmentation des marges bénéficiaires. Dans son Bulletin des statistiques du mois de juin 2021, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) avance certaines raisons qui pourraient expliquer la hausse des prix observée sur les denrées alimentaires. Ainsi, selon la BCEAO, la cherté des produits particulièrement au Bénin, est due à un renchérissement des produits alimentaires. Ces évolutions sont en lien avec la baisse de la production céréalière de 0,8% et des contre-performances de la filière manioc. Donc, la flambée des prix serait également liée à l’augmentation des exportations de denrées alimentaires vers le Nigeria, à la faveur de la réouverture des frontières.

A la recherche des solutions

Pour apporter une solution à cette crise alimentaire, le gouvernement béninois a interdit la sortie des produits alimentaire du territoire national. Suite à cette décision, la police républicaine a arrêté des milliers de sacs de céréales qui étaient en train d’être sortis du pays de façon frauduleuse. Car, pour le gouvernement, il faut d’abord satisfaire les besoins des concitoyens avant de penser à l’exportation.
Si cette crise frappe en même temps tous les pays de la sous-région, les approches de solution varient d’un pays à un autre. Au moment où le Bénin interdit la sortie des produits agricoles, la Côte-d’Ivoire quant à elle priorise un dialogue avec tous les acteurs afin de trouver des solutions consensuelles. Ainsi, une rencontre sectorielle est prévue avec les acteurs économiques, filière par filière, en vue de trouver une solution à cette crise. Selon le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, il est également prévu, l’encadrement des prix des produits de consommation de première nécessité tels que du riz, l’huile de palme raffinée, la viande de bœuf et la farine sur le marché. Les autorités annoncent également le renforcement de la surveillance des prix, ainsi que l’intensification de la communication sur les prix, sans oublier les actions menées dans le cadre de la lutte contre la vie chère.
Cette flambée des prix fait développer des stratégies. Mais ingénieux sera le pays qui trouvera la meilleure alchimie pouvant réellement soulager ses citoyens. Le Bénin de Patrice Talon n’a pas encore dit son dernier mot.



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