Entretien avec le professeur Expédit Vissin, président de l’AIC : « L’AIC est là pour aider les pays à mieux comprendre les phénomènes climatiques… »

Isac A. YAÏ 16 juillet 2021

L’Afrique, à travers le Bénin, dirige désormais l’Association Internationale de Climatologie. Le Professeur Expédit Vissin, enseignant chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi est à la tête de cette association depuis quelques jours. A travers cet entretien qu’il a fait en sa qualité du président de l’AIC, il dévoile les enjeux.

Vous êtes le nouveau président de l’Association Internationale de Climatologie (AIC). Présentez-la brièvement.
L’Association Internationale de Climatologie (AIC) réunit tous ceux qui touchent de près ou de loin à la chose climatologique. Ce n’st donc pas seulement une association des climatologues, mais de tous ceux qui s’intéressent à la chose climatologique. L’AIC regroupe donc plus de 35pays de par le monde entier parlant couramment la langue française. L’AIC a pour but essentiel d’échanger des informations concernant des études et des recherches en climatologie, c’est-à-dire les changements climatiques dans son ensemble, les changements climatiques et leurs impacts, les risques climatiques, les risques hydro climatiques, climat et santé…

Vous êtes élu à la tête de cette association il y a quelques jours. Quels sentiments vous animent ?
L’élection à la tête de l’Association Internationale de Climatologie est un parcours qui date de plus de 20 ans. Car, j’ai commencé à participer aux colloques de l’AIC depuis plus d’une vingtaine d’années quand j’étais étudiant. J’ai donc grandi dans l’Association Internationale de Climatologie. Je me suis affirmé par mes travaux de recherches et mes interventions. C’est tout cela qui a valu aujourd’hui mon élection à la tête de cette association. Cette élection n’est pas celle de ma modeste personne, ce n’est pas non plus celle du Bénin, c’est toute l’Afrique qui est honorée. Parce que dans le cadre de l’épanouissement, de la découverte de la science climatologique en Afrique, nous avons créé les associations nationales de climatologies au Bénin, au Togo, au Burkina-Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire… afin de nous mettre ensemble pour mieux faire connaître l’AIC à travers nos pays. Il y a quelques années, nous avons créé l’Association ouest africaine de climatologie dont j’en suis le président. Cette association affiliée à l’Association Internationale de Climatologie est créée pour servir de base à la connaissance de la climatologie africaine.

Quelles sont vos ambitions pour l’AIC ?
A la têt de l’ Association Internationale de Climatologie, nous avons pour ambitions, non seulement de la faire connaître dans toute l’Afrique en œuvrant pour la création dans les autres pays des associations nationales de climatologie, car la science climatologique est déterminante pour l’épanouissement d’une Nation. Car, tout l’environnement et tout être humain sont impactés par le climat. C’est donc une association qui a un but déterminant dans le développement de la recherche appliquée car, sans recherche, aucun développement n’est possible. Donc l’AIC, à travers ma personne, va œuvrer pour qu’au niveau de nos Etats en Afrique, la prise en compte du climat dans les différents projets soit effective. Car, il faut connaître pour pouvoir l’appliquer et nous sommes déterminés à faire connaître la science climatologique.

De nos jours, tout le monde entier fait face aux effets du changement climatique. Le 34ème sommet de l’AIC qui a eu lieu du 7 au 10 juillet s’est penché sur ce problème. Que propose alors l’AIC pour une résilience adéquate aux effets du changement climatique ?
La résilience aux effets du changement climatique est par pays et par zone climatique. Les chercheurs, à travers leurs recherches ont proposé des solutions. Donc, c’est à travers des recherches que nous allons découvrir ce que chaque chercheur des pays ont proposé pour l’épanouissement, l’adaptation ou la résilience à ces risques que subissent les économies mondiales. Il n’y a donc pas une proposition globale, car chaque pays vit des réalités. A ces réalités, il faut donc proposer des visions spécifiques pour y faire face efficacement. Les inondations au Bénin ne sont pas vécues de la même manière que les inondations en France. Les réalités n’étant pas les mêmes, on ne peut donc pas proposer une solution globale. C’est vrai qu’on dit souvent qu’il y a changement climatique, des risques climatiques ou dérèglement climatique… tout cela est étudié avec une méthodologie bien adéquate, mais les résultats et leurs applications varient d’un pays à un autre. Le Bénin, à travers ses chercheurs, a déjà ce qu’il faut… Lorsqu’on dit qu’il y a inondation au Bénin, d’aucun dirait que c’est l’effet du changement climatique, mais les causes sont diversifiées. Car, l’Homme s’installe très mal, des aménagements mal faits peuvent entrainer des inondations. Lorsque tout le monde veut avoir sa propre maison, en ce moment-là, on s’installe n’importe comment et n’importe où. Cela peut engendrer des problèmes à tout moment.
Mais lorsque, dans sa dynamique, la pluviométrie s’étend mal sur tout l’année, il y a aussi problème. Lorsque la quantité de pluie qui doit tomber sur un pays en quatre ou six mois par exemple, se concentre sur deux mois, le sol n’étant pas très apte à absorber la quantité d’eau en un temps record, il y aura débordement et cela peut entrainer des inondations. C’est pour cela que les gens parlent de déstructuration des saisons ou dérèglement climatique. C’est-à-dire que le climat est devenu fou parce qu’au niveau saisonnier, il y a un décalage ou un mouvement qu’on ne maîtrise souvent pas. Cela créé des dommages non seulement aux producteurs, mais aussi à l’économie nationale. Donc, l’AIC est là, à travers ses membres, pour aider les pays à mieux comprendre le phénomène et à mieux s’outiller pour faire face aux différentes situations qui se posent. C’est pour cela qu’au niveau de l’Association nationale de climatologie, nous nous sommes rapprochés des autorités du cadre de vie afin de les accompagner dans les prises de décisions. Cela pourra aider le Bénin car, les chercheurs sont là pour aider les décideurs à prendre de bonnes décisions pour le développement et l’épanouissement du pays.

Parmi ces objectifs, l’AIC promeut le développement des relations entre les chercheurs afin de mieux partager les informations. Concrètement, comment se fait ce partage ?
Ce partage se fait à travers les différentes créations d’associations nationales, la mise en commun des connaissances, des passerelles… Des associations nationales ont été créées dans plusieurs pays. Cela permet d’échanger et de découvrir ce que l’autre fait afin de mieux faire. En réalité, c’est à travers les différents colloques que nous organisons que nous échangeons, partageons nos expériences. Cela permet à chacun de faire la mise à jour de ses connaissances et de se retrouver au même niveau d’information que les autres.

Votre mot de la fin
Il faut que tout le monde prenne conscience que le climat est déterminant dans l’environnement. Etant déterminant dans l’environnement, nous devons prendre en considération les connaissances climatologiques afin d’apprendre à mieux gérer notre environnement.
Propos recueillis par Isac A. YAI



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