Entretien avec Valentina Otmacic, Directrice adjointe du plaidoyer de l'Unicef : « Les effets du changement climatique sur les enfants seront pires à l’avenir si rien n’est fait »

Isac A. YAÏ 31 août 2021

Les effets du changement climatique sur les enfants se font de plus en plus sentir. Ils sont devenus préoccupants que l’Unicef s’est intéressé à cette situation pour voir combien les droits de l’enfant sont touchés partout dans le monde. Dans un rapport intitulé "La crise climatique est une crise des droits de l’enfant" publié il y a quelques jours, l’Unicef a révélé combien les enfants sont vulnérables aux effets du changement climatique. Pour mieux comprendre ce rapport, Valentina Otmacic, Directrice adjointe du plaidoyer de l’Unicef depuis New York nous a accordé un entretien téléphonique.

L’Unicef vient de présenter un rapport sur les impacts du changement climatique sur les enfants. Cela semble une première. Qu’est-ce qui a poussé l’Unicef à s’intéresser aux conséquences du changement climatique sur les enfants ?
Ce rapport intitulé "La Crise climatique est une crise des droits de l’enfant" est le premier indice de l’exposition de la vulnérabilité des enfants aux répercutions du changement climatique. C’est à base de ce rapport que nous pouvons dire, où sont les enfants vulnérables et de quelles façons le sont-ils ? Les rapports qui ont été publiés par les autres organismes ne prenaient pas en compte les effets du changement climatique sur les enfants.

De quelles manières les enfants sont-ils vulnérables à cette crise climatique ?
Les enfants sont plus vulnérables que les adultes aux changements climatiques. Physiquement déjà, ils sont vulnérables. Ils sont moins en mesures de résister et de survivre aux chocs tels que les inondations, les sécheresses, les varicelles à cause de leur âge. Ils sont aussi vulnérables sur le plan physiologique, par exemple les substances toxiques comme le plomb et d’autres formes de polluants, touchent davantage les enfants que les adultes. Ils sont aussi plus susceptibles que les adultes de mourir de certaines maladies dues au changement climatique. On peut aussi dire que le changement climatique a des conséquences négatives sur pratiquement tous les droits de l’enfant et sur leur avenir. C’est pour cela qu’il est important de savoir où et comment ils sont vulnérables.

Quelles sont les conséquences du dérèglement climatique sur les enfants de nos jours et dans le futur si rien n’est fait ?
Les enfants subissent déjà les conséquences du changement climatique et elles seront pires dans l’avenir si rien n’est fait. C’est pour cela qu’il faut augmenter les investissements qui contribuent à leur résilience. Par exemple, la crise climatique cause des sécheresses qui ont des impacts sur la nutrition et la santé des enfants. Il faut donc renforcer les systèmes de surveillance et d’appui pour s’assurer que même aujourd’hui et dans l’avenir les enfants qui ont des difficultés de nutrition et de santé à cause de la sécheresse peuvent être bien nourris et avoir un système de santé adapté à la situation.
Les conséquences du changement climatique sont bien graves déjà et seront pires dans l’avenir. On est en train d’annuler l’avenir des enfants avec un manque d’actions décisives et je pense que les adultes ont le devoir moral et légal de laisser aux enfants une planète habitable.

Les enfants sont plus vulnérables aux effets du changement climatique que les adultes. Quel est donc le rôle de l’Unicef dans la résilience au changement climatique en général et la protection des enfants contre le changement climatique en particulier ?
Notre mission à l’Unicef est de faire des plaidoyers pour le droit de l’enfant partout dans le monde et aider dans la réalisation des droits. Comme la crise climatique est un risque réel et grave pour pratiquement tous les droits de l’enfant, nous sommes donc très actifs dans le domaine climatique à plusieurs niveaux. Nous sommes en train d’aider les gouvernements de plusieurs pays dans le monde pour l’adaptation de leurs services aux enfances afin que les conséquences du changement climatique soient moins graves pour ces derniers. Par exemple, préparer les écoles à faire face au changement climatique afin qu’elles ne soient pas fermées. Appuyer les systèmes de santé et de nutrition pour qu’ils puissent répondre aux besoins des enfants.
Nous avons un rôle très important qui est de faire en sorte que les voix des enfants et des jeunes ne soient pas seulement écoutées mais aussi prises en compte. Nous sommes donc un partenaire des enfants partout dans le monde. Les enfants ont donc déjà pris beaucoup d’initiatives dans ce sens. Ils sont même descendus dans les rues pour réclamer des actions beaucoup plus décisives pour réduire les conséquences du changement climatique. Nous sommes donc là pour amplifier leurs voix et pour les appuyer.

Cela veut-il dire que l’Unicef est désormais prêt à investir dans certains pays afin de réduire l’émission des gaz à effets de serre ?
L’Unicef travaille avec les gouvernements partout dans le monde afin de les appuyer dans leurs actions contre la crise climatique. Il y a plusieurs domaines qu’il faut prendre en compte dont l’émission des gaz à effets de serre. L’Unicef est donc un partenaire des gouvernements qui adaptent leurs actions à la situation dans leurs pays.

Selon les experts du GIEC, cette crise climatique ne fait que commencer car, l’émission des gaz à effets de serre augmente dans la plupart des pays industrialisés. Que doivent alors prévoir nos dirigeants afin de rendre notre planète habitable pour les générations futures ?
Les dirigeants ont une responsabilité énorme vis-à-vis des enfants actuels et des générations futures parce qu’ils prennent des décisions aux effets immédiats et futurs. Ce qui est urgent est la réduction de l’émission de gaz à effets de serre qui sont responsables de la crise climatique. Ils doivent aussi réduire les polluants environnementaux qui affectent les enfants. Ils doivent aussi augmenter les investissements qui contribuent à la résilience car, nous ne pouvons pas éviter les changements climatiques, ils sont déjà là. Il faut donc les affronter. Les gouvernants doivent aussi veiller à ce que le système éducatif apporte des connaissances sur le climat et les métiers de l’avenir.
Il faut également considérer la pandémie de la Covid-19 comme une opportunité pour ne pas retourner dans le système du passé qui a causé la crise climatique. Cette pandémie nous a montré qu’il y a beaucoup de leçons à apprendre. Les dirigeants doivent assurer une participation des enfants et des jeunes dans toutes les décisions qui ont des conséquences sur ces derniers.

Comme vous l’avez dit, il n’y a pas que le changement climatique qui a des conséquences sur les enfants, il y a aussi la pandémie du Coronavirus qui sévit dans tout le monde entier. Que fait alors l’Unicef pour protéger les enfants contre cette pandémie même si elle ne se manifeste pas encore à leur niveau ?
Bien-sûr qu’il y a des conséquences de la pandémie sur les enfants. Ils sont victimes de cette pandémie à plusieurs niveaux, mais je donnerai seulement un exemple : les écoles ont été fermées pendant beaucoup de temps. Cela a beaucoup affecté les enfants. L’Unicef travaille avec les gouvernements et des partenaires partout dans le monde pour s’assurer que les écoles peuvent rester ouvertes sans aucun risque pour les enfants afin que ceux-ci puissent continuer leur éducation présentielle dans les écoles de la meilleure façon possible.
Propos recueillis par Isac A. YAÏ



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