Fausse alerte terroriste à Tanguiéta, Cobly et Matéri : Déjouer les pronostics de la terreur par la communication

Moïse DOSSOUMOU 19 janvier 2023

Plus de peur que de mal. Mercredi 18 janvier 2023 à Matéri et Cobly, les populations des localités de Tanguiéta, Cobly, Boucoumbé et Matéri ont connu des sueurs froides. Déjà hantées par la peur des attaques djihadistes qui perturbent depuis peu leur quiétude dans la zone, elles vivent sur le qui-vive, dans la crainte que la terreur ne les frappe directement et de plein fouet. Lorsque la peur de se voir arracher la vie ou de voir ses proches touchés par une attaque fait partie du quotidien, on cède très vite à la panique pour un oui ou un non. C’est ce qui s’est passé hier en fin de matinée. Il a suffi qu’un homme muni d’une arme blanche s’aventure aux alentours d’une école primaire de Biounca pour que l’alerte soit donnée. Ce fait consécutif à un ultimatum donné par des prétendus djihadistes aux populations a créé une débandade générale. Inquiets, les parents d’élèves se sont rués sur les lieux, munis eux aussi d’armes blanches pour soutirer leurs enfants des mains du supposé agresseur. Quelques minutes auront suffi pour que l’école se vide. Dans la foulée, les activités économiques ont également connu un coup d’arrêt. Le marché de Cobly qui s’animait s’est également vidé des marchands et clients. En réalité, il s’agissait d’une fausse alerte.

Sécurité armée, oui...
L’homme en question dont le comportement a mis les populations en émoi n’est qu’un malade mental qui errait dans le coin. Sa présence menaçante a suffi pour que tout le monde cède à la peur en un laps de temps. Vu la psychose générée par cette situation, il faudra quelques jours pour que la vie reprenne son cours comme si de rien n’était. C’est heureux que les forces de défense et de sécurité aient été vite déployées dans la zone. Leur présence rassure en partie les populations qui se sentiront protégées des attaques ennemies. Mais ceci n’est qu’une solution ponctuelle. Il faut aller beaucoup plus loin pour faire asseoir durablement le sentiment de sécurité dans cette région du pays.
La sécurité étant un état, un confort personnel, elle ne saurait se limiter, surtout en cette période sensible, à la présence des forces de défense et de sécurité. Dans certains cas, cela peut même exacerber le sentiment d’insécurité auprès de certaines franges de la population. Il faudra donc travailler à rassurer au quotidien et cela implique à la fois les pouvoirs publics, les organisations de la société civile ainsi que les chefs coutumiers et religieux.

Bien communiquer est meilleur...
Si les populations étaient suffisamment informées des moyens d’actions des promoteurs de la violence, elles n’auraient pas cédé aussi facilement à la peur. Dans la plupart des cas, les terroristes ne sont pas identifiés avant leurs actes. C’est souvent après leur passage que leur présence meurtrière est signalée. Habituellement, ils ne sévissent pas au moyen d’armes blanches, qui plus est, à découvert. Ils évoluent discrètement avec leurs funestes moyens d’attaques. C’est la raison pour laquelle il est rare d’anticiper sur des attaques sanglantes. Aucun terroriste, à moins qu’il soit pris d’une subite envie de propager la mort, ne circulerait à visage découvert, avec son arme bien en évidence. La surprise est leur arme favorite. Si les riverains qui ont aperçu l’individu en cause hier avaient été outillés en la matière, ils auraient gardé leur sang-froid et pris le temps de l’observer méticuleusement à distance au lieu de propager la folle et fausse rumeur d’une attaque terroriste. Les pouvoirs publics, notamment les communes et les organisations de la société civile ont du pain sur la planche. Leur rôle consiste à apporter la bonne information aux populations et à les sensibiliser afin qu’à leur tour les personnes impactées soient des relais dans leurs communautés. Face au danger, le réflexe ne saurait être l’affolement.
En plus de la présence policière et militaire, un véritable travail de communication doit être entrepris afin que les populations fassent le discernement et se sécurisent mieux par elles-mêmes. Car, céder de manière intempestive aux fausses rumeurs ne fera qu’alimenter la psychose.



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