Fermeture de l’embouchure du Roy : L’Océanographe Zacharie Sohou évoque les risques

Fulbert ADJIMEHOSSOU 15 juin 2021

Comme des vagues, les inquiétudes montent à Grand-Popo aux alentours de l’embouchure du Roi. Elles sont persistantes au point de faire réagir, à travers un communiqué, José Tonato, Ministre du Cadre de Vie et du Développement Durable. « Depuis le mois de Février 2021, l’embouchure la Bouche du Roy est fermée et ne permet plus une communication directe entre l’écosystème marin et celui lagunaire côtier. Cet état de chose n’est pas sans conséquences notamment sur l’équilibre qui doit exister entre les deux écosystèmes. L’autre conséquence qui a commencé par se faire sentir depuis ces dernières semaines dans certains arrondissements de Ouidah et de Grand-Popo est l’inondation avec ses corollaires. Le Ministère du cadre de vie et du développement durable suit la situation de près et pourra intervenir pour la réouverture de l’embouchure », note le communiqué.

De quoi s’agit-il ?
Selon des publications de nombreux chercheurs dont Jean Pliya en 1976 et Lucien Marc Oyédé en 1991, la Bouche du Roy était une embouchure temporaire caractérisée par des cycles d’ouverture et de fermeture, les ouvertures n’étant pas toujours naturelles. Mais après la mise en service du barrage hydroélectrique en 1987, la Bouche du Roy est devenue une embouchure permanente qui effectue une migration continue dans le sens de la dérive littorale, à une vitesse pouvant atteindre 700 m/an, selon les études menées par Raoul Adéniyi Laibi en 2012. Des ouvertures artificielles régulières sont donc pratiquées à Avlo, avec une périodicité de cinq ans. La récente remonte à il y a deux ans, selon Zacharie Sohou, Directeur de l’Institut de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin (Irhob). « La dernière ouverture remonte à 2019. Il y a les mouvements de la houle qui font que ça bouche beaucoup à ce niveau. Ces mouvements conduisent à sa fermeture. N’oublions pas que c’est une embouchure fluvio-lagunaire », explique-t-il.

Les risques, selon Zacharie Sohou
Les populations sont appelées à la vigilance, compte tenu des risques potentiels qui pourraient découler de ce phénomène. L’inondation est en tête des risques les plus craintifs, dans ce milieu très souvent envahi par les eaux marines et fluviales. « Le surplus d’eau qui devait aller en mer n’y va plus. Ça rentre dans les maisons et crée l’inondation. Les populations doivent beaucoup plus faire attention pour les risques de noyade. C’est arrivé dans une période critique, celle de mer agitée. Les gens doivent faire suffisamment attention, surtout ceux qui vont nager, les pêcheurs aussi. Il faut que les populations respectent les recommandations des autorités », insiste Zacharie Sohou.
Déjà dans son communiqué, le Ministre du cadre de vie et du développement durable invite les autorités communales de Ouidah et de Grand-Popo à mettre en œuvre les mesures d’alertes précoces telles que recommandées par l’Agence Nationale pour la Protection Civile (Anpc) et à mettre l’accent sur la sensibilisation des populations concernées. Des impacts sont aussi attendus sur les ressources halieutiques, notamment les espèces qui migrent vers la mer pour pondre des œufs.



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