Hubert CLOTOE, Directeur exécutif de l’ONG SONAGNON est gestionnaire de projets puis spécialiste en plaidoyer et communication. La structure qu’il dirige s’est donnée la mission d’impacter le développement dans la commune de Sô-Ava à travers des actions telles que la scolarisation des enfants, la lutte contre les déchets plastiques, la promotion de l’économie circulaire et bien d’autres. Dans cet entretien, il donne plus de détails sur les actions posées par son ONG.
Que faites-vous de façon concrète pour améliorer les conditions d’accès à l’éducation dans la commune de Sô-Ava ?
Permettez-moi de vous rappeler d’abord que l’ONG SONAGNON est créée en juin 2004 enregistrée officiellement à la préfecture de Cotonou précisement le 15 février 2005. Qui dit SONAGNON dit ‘’avenir radieux’’. Notre organisation est basée à Ganvié dans la commune de Sô-Ava. Nous avons également un bureau dans la commune d’Abomey Calavi, quartier Zoundja-Kpèvi. Depuis lors, nous travaillons pour l’assainissement du cadre de vie des populations et surtout pour l’éducation des enfants, adolescents et jeunes dans les zones humides en général et dans la commune de Sô-Ava en particulier. Notre combat est la scolarisation des enfants. L’accès à l’école n’est pas chose facile pour les écoliers et élèves et encore moins pour les enseignants. Nous travaillons toujours pour l’amélioration des conditions d’accès à l’éducation des écoliers et élèves et des enseignants. Avec les Comités d’Appui à la Scolarisation des Enfants (CASE) que nous avions mis en place dans les arrondissements de la commune de Sô-Ava, nous avons trouvé un début de solution à la scolarisation massive des enfants. Ces comités nous permettent de faire la veille en matière de la protection et de la promotion des droits des enfants. Il faut signaler que la commune de Sô-Ava est à plus de 82% située sur l’eau et donc toutes les activités se mènent dans cette eau. Cette dernière devient, de ce fait, polluée. Ainsi, les plantes aquatiques proliférantes, notamment la jacinthe d’eau trouve les conditions favorables pour se développer. Nous avons toujours lutté contre cette plante qui ne fait qu’appauvrir le lac en oxygène rendant la vie difficile aux espèces halieutiques. Mais aujourd’hui, SONAGNON avec ses groupements féminins travaillent à valoriser cette plante aquatique qui est la jacinthe d’eau.
Pourquoi vous intéressez-vous aussi à la lutte contre les déchets plastiques ?
Les déchets plastiques sont des déchets non biodégradables. Ils sont nuisibles sur plusieurs plans. D’abord, dans l’eau, ils dégagent des substances toxiques qui peuvent contaminer les espèces halieutiques. Nous, humains, sommes appelés à manger ces espèces halieutiques susceptibles de nous donner des maladies. Ensuite, ces déchets plastiques, du fait qu’ils ne se dégradent pas vite, comblent les fonds aquatiques et donc participent à la dégradation de l’écosystème aquatique, empêchant les espèces halieutiques de se reproduire dans de bonnes conditions. Puis ensuite, les déchets plastiques dégradent l’esthétique du cadre de vie des unités urbaines avec la prolifération des sachets plastiques généralement noir et blanc dans la nature. Ce qui peut contribuer à donner une mauvaise image de la salubrité du pays aux yeux des étrangers. De plus, ils peuvent aussi engendrer l’obstruction des caniveaux facilitant la prolifération des moustiques et des odeurs et provoquant des inondations dans les grandes villes. Enfin, les sachets plastiques disséminés en milieu rural et urbain peuvent facilement s’envoler et être projetés sur les pares-brises des véhicules réduisant ainsi la visibilité des conducteurs ou conduire les automobilistes à une perte du contrôle. Autant de raisons qui ont conduit SONAGNON à s’engager dans la lutte contre ces déchets plastiques.
Quel état des lieux peut-on faire de la situation sur les sites où l’Ong pose ses actions ?
Dans le cadre des déchets plastiques, SONAGNON s’intéresse aux zones humides surtout. La situation n’est pas reluisante dans ces zones. Dans leur grande majorité, ces zones sont sans systèmes de regroupements des déchets et des dépotoirs sauvages se créent partout. La commune de Sô-Ava présente 07 arrondissements, 69 villages et 20 356 ménages selon le recensement de 2013. Vous voyez la quantité de déchets que ce nombre de ménages peut produire par jour et qui est rejetée dans la nature. Ces ordures dans la nature sont des sources de prolifération des agents pathogènes.
Pouvez-vous faire un bilan à mi-parcours de la situation ?
Sur terre ferme par exemple, les animaux les plus exposés aux plastiques sont surtout des animaux domestiques qui sont généralement en divagation et rencontrent des plastiques de tout genre (sachets, mèches etc.). Ces animaux sont attirés par des débris d’aliments contenus dans les sachets et jetés dans les poubelles. Ils les rencontrent généralement dans les dépôts de transit, les rues, les marchés etc. Les sachets plastiques sont spécifiquement dangereux pour les ruminants, une fois avalé, le plastique reste dans la panse, bouchant la digestion.
L’animal maigrit et devient anémié et présente un ventre gonflé signe de constipation. Cet état provoque chez les ruminants une diminution de la production de lait et de viande entrainant une baisse de sa valeur marchande.
Dans les milieux lacustres, c’est l’appauvrissement des plans d’eau et des cours d’eau en espèces aquatiques qui est remarqué. Ce phénomène est à la base d’un exode rural qui ne dit pas son nom.
Où l’Ong puisse-t-elle des ressources surtout celles financières ?
Je dois être sincère avec vous. Les membres des OSC béninoises cotisent moins pour la mise en œuvre de leurs actions. SONAGNON ne fait pas exception à cette pratique. Nous mobilisons nos ressources à travers les appels à projets tant au niveau national qu’international. Nous mobilisons des ressources ensemble avec les différents réseaux avec lesquels nous collaborons pour la mise en œuvre des actions de développement.
Dans quels autres domaines intervenez-vous ?
Nous intervenons dans le domaine de l’éducation et de la protection des droits des enfants et des femmes et filles.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous êtes confrontés ?
La difficulté majeure de toute organisation de la société civile reste et demeure le manque de ressources surtout financières pour la mise en œuvre de ses actions sur le terrain. SONAGNON a également ce problème. Mon équipe et moi travaillons tous les jours que Dieu fait pour surmonter cette difficulté.
Que prévoyez-vous pour la suite malgré les difficultés ?
Nous n’allons pas baisser les bras. C’est une mission que nous nous sommes assignés. Nous envisageons faire un plaidoyer pour la prise de décrets d’application de la loi n° 2017-39 du 26 décembre 2017 portant interdiction de la production, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables en République du Bénin.
Votre mot de la fin
Nous devons prendre conscience des conséquences de nos actes présents à la fois dans le temps et dans l’espace et avoir l’obligation de protéger l’environnement de manière préventive et de réparer les dommages causés. Il s’agit en mot de la responsabilité environnementale ou éco responsabilité, celle-ci qui concerne toutes les formes d’activités humaine, économique, culturelle, sociale, etc.
Aussi, SONAGNON par ma voix invite les uns et les autres à mettre fin à l’utilisation des déchets plastiques pour trois raisons : la durée de vie des sachets varie entre 100 et 400 ans en fonction des conditions. Ils ont des effets nocifs sur la faune et la flore aquatique, l’incinération des matières plastiques produit du gaz carbonique et de la vapeur d’eau renforçant l’effet de serre et contribuant au réchauffement climatique et la mauvaise gestion des matières plastiques peut provoquer des inondations avec le bouchage des canaux d’évacuation des eaux pluviales.
Propos recueillis par Fidégnon HOUEDOHOUN
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