Journée internationale du travail : La Cosi-Bénin présente un tableau sombre de la situation au Bénin

Patrice SOKEGBE 2 mai 2022

La communauté internationale a célébré le dimanche 1er mai 2022 la fête du travail. C’était l’occasion pour les organisations syndicales du Bénin de mener des réflexions profondes en ce qui concerne les conditions de vie des travailleurs. A ce sujet, la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin) a tenu une Assemblée générale autour du thème : « L’état du travail et la situation des travailleurs à l’ère de la rupture ». Après un bilan global de la situation des travailleurs béninois depuis l’avènement du régime de la Rupture, le secrétaire général de la Cosi-Bénin Noël Chadaré a estimé que le tableau est très sombre. « Après diagnostic, nous avons constaté que, sous la Rupture, il y a eu d’abord la liquidation et la privatisation tous azimuts des structures d’Etat, avec comme corollaire le licenciement exagéré des travailleurs. Des milliers de travailleurs se sont retrouvés à la rue. Au nombre des sociétés, il y a l’Onasa, la Sonapra, Bénin Telecom Sa et autres. Le travail a pris un coup et on a retrouvé plein de chômeurs. Aussi, a-t-on constaté que le gouvernement recrute de moins en moins ou presque pas dans la fonction publique et préfère privilégier l’aspiranat. Ainsi le travail se précarise de plus en plus et les contrats se raréfient », a-t-il expliqué, tout en précisant que cet état de choses risque d’avoir des conséquences sur la retraite. « De moins en moins on recrute, mais beaucoup vont à la retraite… », a-t-il dit.
Au nombre des facteurs qui dégradent le travail au Bénin, il y a eu la loi sur l’embauche. Selon Noël Chadaré, cette loi a permis aux employeurs de rompre les contrats de travail à tout moment. « Il y a aussi la loi portant statut général de la fonction publique. Dans cette loi, il y a une disposition qui dit qu’on peut radier le fonctionnaire de l’Etat sans aucune forme de procédure. Même s’il fait 15 ou 20 ans de travail, il ne touche que 3 à 9 mois de ses droits. Même s’il gagne le procès, il ne peut en aucun être réintégré dans la fonction publique. Ce sont des dispositions qui mettent à mal l’avenir des travailleurs béninois », a-t-il ajouté.
A cette occasion, les travaillent ont exprimé leur mécontentement quant aux conclusions issues de la rencontre Gouvernement-Syndicats qui s’est tenue la semaine dernière. Ils s’attendaient au concret au sortir de cette rencontre. Il leur faut attendre fin 2022 pour jouir des augmentations faites sur les salaires. Aussi, ont-ils fustigé la remise en cause des acquis des travailleurs, notamment la hiérarchisation des salaires dans le secteur privé et l’arrêté qui fixe le quota horaire des enseignants du secondaire, notamment les aspirants au métier d’enseignant. Par ailleurs, le cahier de doléances sera remis ce jour au ministre de la fonction publique. En dehors des doléances habituelles, la Cosi-Bénin a souhaité la création d’une banque agricole pour faciliter l’accès au crédit aux paysans, la prise d’un arrêté portant statut particulier des agents des collectivités locales, la hiérarchisation des salaires dans le secteur privé, le paiement intégral des rappels, le paiement des travailleurs à indice réel, l’assurance maladie pour tous les travailleurs du secteur informel.



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