Le Coronavirus et le bouleversement du monde

20 mai 2020

Introduction
Un regard porté sur le monde laisse perplexe que l’humanité traverse aujourd’hui une crise sanitaire inédite de son histoire avec l’irruption du nouveau coronavirus (Covid-19). Partie de la ville de Wuhan en Chine, ladite maladie a par la suite embrasé toutes les régions du monde. Et non seulement cette pandémie est responsable d’innombrables répercussions au sein des différents peuples, mais elle a également porté un coup sévère au fonctionnement habituel des acteurs de la scène internationale. En s’attelant au décryptage des impacts de cette crise sanitaire de Covid-19 dans divers domaines, notre présente approche se donne pour tâche d’analyser les bouleversements inattendus induits dans le monde. En fonction des nouveaux défis et enjeux, l’étude ne manquera non plus de s’appesantir sur les perspectives qui s’imposent aussi bien à l’actuelle crise sanitaire qu’aux éventuels risques infectueux à l’avenir.

Le monde sous le choc de la pandémie
L’évolution de la science et de la technologie exaltée par de nombreuses prouesses réalisées à divers niveaux semble avoir donné à l’humanité l’assurance selon laquelle l’homme maîtrise et contrôle le monde. Mais contre toute attente, il a fallu l’avènement du Covid-19 pour que l’homme se rende compte de cette illusion qu’il se faisait. Il est nécessaire de rappeler que les pouvoirs publics interviennent depuis longtemps dans la gestion des épidémies. Or, nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé où la transformation d’une épidémie en pandémie est beaucoup plus rapide par l’entremise de la libre circulation des personnes. Même si la pathologie diffère d’une maladie à une autre, la propagation rapide du Covid-19 dans différentes zones géographiques n’échappe pas à cette règle.
Un bilan partiel de l’actuelle situation de ce nouveau virus permet de constater une déception et une mélancolie généralisée. Ce qui s’explique par les nombreuses pertes en vies humaines et la facilité pour la pandémie d’atteindre en un temps record toutes les contrées du monde sans qu’on ne puisse l’arrêter de quelque manière. Aucun des secteurs d’activité ne fonctionne plus comme auparavant tandis que gouvernements et populations sont pour la majorité angoissés laissant perceptible un sentiment indéfinisable d’insécurité sanitaire totale qui n’a pour le moment autre solution que les mesures contraignantes. Autrement dit, le monde est temporairement soumis au confinement, à la quarantaine, au couvre-feu, aux cordons sanitaires et à la distanciation sociale, qui tous, forcent à l’adaptation. Ledit monde dans lequel nous vivons semble être à l’arrêt plongeant ainsi l’humanité toute entière dans une psychose généralisée. Selon notre conception de la situation, trois facteurs ensentiels justifient une telle psychose.
Primo, le caractère global de la crise qui ne met aucune race à l’abri du risque de contamination. À cela viennent s’ajouter les pertes en vies humaines quotidiennes et accablantes suscitant chagrin et inquiétude. En effet, si du côté sanitaire, les pays les moins touchés par le Covid-19 continuent d’être à la hauteur des soins urgents nécessaires, ailleurs plusieurs hôpitaux sont débordés par le nombre de personnes contaminées. Dans une telle situation critique, des milliers de victimes sont enregistrées quotidiennement malgré le dévouement et le savoir faire des personnels médicaux.
Secondo, l’impasse entourant la fin de cette crise sanitaire mondiale est écœurante encore que la communauté scientifique est divisée. Pour le moment, il n’y a officiellement ni vaccin ni un quelconque autre remède pour éradiquer le mal tandis que la durée de la pandémie dépendrait en grande partie de la rapidité d’élaboration d’un vaccin. C’est d’ailleurs pourquoi, il se mène une course féroce aux futurs vaccins et thérapies anti-Covid-19 assistée d’un lobby pharmaceutique extraordinaire dans nombreux pays. Si les discours politiques habituels semblent avoir désormais laissé place à la rescousse des personnels médicaux qui travaillent nuit et jour entre le sens du devoir et l’angoisse de tomber malade, la communauté scientifique est en permanence secouée en son sein par des conflits d’intérêts, des critiques et d’attaques médiatiques. Ce leadership de chercheurs et spécialistes ajouté aux impacts de cette pandémie cause une permanente anxiété au niveau de chacun.
Tertio, la difficulté des États à faire face à la propagation et à l’éradication du virus. Puisque, si la pathologie du virus a un caractère mondiale, les diverses mesures de lutte adoptées jusque-là sont essentiellement nationales. La fermeture des frontières intérieures des États en témoigne. Par conséquent cette lutte semble avoir refusé d’être sous-régionale avant de pouvoir être continentale ou planétaire. Si nous nous référons aux différentes expériences, selon les régions, les mesures prescrites diffèrent d’un État à un autre. Autrement dit, les nations jouent au "sauve qui peut".

Le "sauve qui peut" des États
En Europe et plus précisément au sein de l’Union européenne, nombreux sont ceux qui ont fustigé la désunion des États traduite par la substitution systématique de la souveraineté nationale à la prétendue solidarité européenne tant vantée par le passé. Bien que la fermeture des frontières et aéroports au sein de l’espace Schengen pourrait être admise comme étant une contrainte imposée par la propagation galopante de la maladie, les tergiversations de l’Union européenne précédant les réactions et moyens actuels de riposte au nouveau virus sont quand même susceptibles d’être incriminés. Puisque, si aujourd’hui Bruxelles s’attelle en dernier lieu à définir une politique d’aide d’assistance aux pays membres, ceux représentant l’épicentre de la pandémie avaient désespérément manqué de la compassion et de l’assistance de l’UE. Pour preuve, la Russie, la Suisse, le Cuba et même la Chine ont mieux soutenu humainement et matériellement l’Italie, l’Espagne et la France que ne le fait l’Union européenne. La solidarité qu’incarne l’UE a, par ricochet montré ses limites malgré le fait que le premier ministre italien, Giuseppe Conte, ait rappelé à maintes reprises à l’Europe son devoir d’aider ses partenaires en difficulté : « La solidarité doit être l’encre avec laquelle nous écrivons cette page d’histoire ». Pour conséquence, d’après les récents sondages présentés sur le site du gouvernement italien, le pays dans son ensemble nourrirait un sentiment plus hostile encore à l’UE qu’avant la crise du coronavirus : l’européanisme italien a pris un coup en cette période.
Au bilan d’aujourd’hui, l’Afrique reste moins touchée par la pandémie du coronavirus. Par contre, conscients des défis sanitaires existant dans la majorité des pays, nombreux sont ceux qui ont ouvertement exprimé leur crainte par rapport aux éventuels et futurs ravages que pourrait faire le virus sur le continent. Par exemple, en raison des réalités socio-économiques des pays, les restrictions contre le Covid-19 oscillent entre confinement, cordon sanitaire et couvre-feu afin d’amoindrir la promiscuité. En effet, la précarité des infrastructures sanitaires, le système social, le manque de personnels et de matériaux médicaux sont entre autres les raisons de la flexibilité des mesures contraignantes de lutte de plusieurs États. Si les pays développés disposant d’un système sanitaire adéquat sont débordés par le nombre de personnes atteintes du Covid-19, il y a quand même de quoi s’inquiéter pour les populations africaines du moment où un seul respirateur artificiel est destiné à servir des millions de personnes. Activement soutenu par sa diaspora fortement mobilisée, le continent africain a farouchement riposté à la proposition des chercheurs Français qui ont prôné des tests cliniques dans des pays africains. Une réaction panafricaniste légitime, juste et salutaire. Mais ce refus ne doit en aucun cas détourner le continent noir de sa partition aux initiatives visant à mettre le virus hors d’état de nuire des territoires. Or, dans sa globalité, l’Afrique est en perpétuelle crise identitaire qui d’ailleurs constitue l’un des obstacles essentiels de son progrès. Il est alors plus qu’un challenge que le continent fasse une prise de conscience afin de répondre à la nécessité impérieuse de conquérir la véritable place qui est la sienne sur l’échiquier international. Une ambition colossale qui, en dehors de l’enracinement de la démocratie, de la bonne gouvernance, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme, doit être essentiellement ancrée sur la promotion des identités culturelles africaines sans lesquelles le développement tant escompté ne serait véritablement effectif et authentique.
Aux États-Unis, l’administration Trump a, pendant longtemps relativisé la gravité de la situation avec le nouveau virus. Mais le pays est par la suite durement frappé par cette pandémie. D’après le gouverneur de New York, à la date du 23 avril 2020, plus d’un New-Yorkais sur cinq (21,2 %) a déjà été infecté par le Covid-19 selon les résultats préliminaires d’une étude. La disconvenance réside surtout en la thèse américaine selon laquelle le soleil et la chaleur pourraient affaiblir le coronavirus. Il est évident qu’une telle théorie ne fasse pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique étant donné que le virus s’est avéré meurtrier dans des villes comme Singapour où les températures étaient quand même estivales. Le président américain, Donald Trump, après avoir connu en 24 heures dans son pays le bilan le plus lourd dû à la pandémie, n’a point mâché ses mots en critiquant vivement l’Organisation mondiale de la santé et sa gestion de la crise.
À l’instar d’autres pays, les États-Unis sont mis en mal par la crise sanitaire du Covid-19. Puisque la lutte contre le virus reste multidimentionnelle, Donald Trump en apportant une plue value économique soulageant les Américains en chômage, a procédé le mercredi 22 avril à la signature d’un décret portant suspension de l’un des volets de l’immigration aux États-Unis. Toujours pour faire face aux impacts socio-économiques de cette crise sanitaire mondiale, après le texte voté à l’unanimité par le Senat, la Chambre des représentants a adopté le jeudi 23 avril un plan de soutien de 483 milliards de dollars.

Les relations étatiques en période de crise sanitaire
Quels sont les bouleversements engendrés par cette période critique dans les relations qu’entretiennent les États ? La situation affreuse qu’impose la pandémie et sa gestion ne font pas l’unanimité au sein des acteurs étatiques. Par exemple, nombre de pays dont en l’occurence les États-Unis et la France ont à plusieurs reprises critiqué Pékin de dissimulation par rapport à l’ampleur et à la portée du virus jugeant par conséquent sous-évalué le bilan. Tandis que, la Chine a riposté à travers le porte-parole du ministère des Afffaires étrangères, Zhao Lijian, qui après avoir nié toute dissimulation de la part de son pays a exhorté tous les États à l’union pour la lutte contre la pandémie. Pour le président russe, Vladimir Poutine, les accusations visant Pékin sont "contreproductives".
Au rang des acteurs étatiques, très rares sont ceux qui avaient manifesté leur solidarité à travers des assistances en matériaux et personnels médicaux envers leurs pairs débordés par la maladie. La Russie, la Chine, le Cuba, etc sont les pays qui peuvent être cités en exemple pour cette assistance aux pays en situation critique au début de la pandémie. Le paradoxe est que, même en période de crise sanitaire, les tensions ne faiblissent pas entre Washington et Téhéran. Par exemple, quand bien même l’Iran étant l’épicentre du Covid-19 au Moyen-Orient, le pays a décliné catégoriquement l’offre d’aide américaine pour lutter contre l’épidémie.

La diplomatie de circonstance des États
Selon Satow, la diplomatie « est l’application de l’intelligence et du tact à la conduite des relations officielles entre les gouvernements des États indépendants, ou la conduite des affaires entre les États par des moyens pacifiques » (1979 [1917], p. 1). Parallèlement à la précédente définition, la pandémie du coronavirus a déclenché une diplomatie instantanée dans les rapports des États. Celle qui peut être dénommée la "diplomatie du masque" spécialisée dans le tact de livraison et de l’approvisionnement rapide de matériels indispensables de lutte contre le Covid-19. Contrairement à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961 qui, en son Article 3 précise les cinq (5) fonctions diplomatiques ; celle circonstancielle au Covid-19 n’exclut pas coups bas et stratagème des acteurs. Nombreux sont les États qui, avec insouciance, ont fait usage de cette diplomatie informelle de circonstance. Par exemple, malgré le fait que l’Italie soit durement touchée par la pandémie, la République tchèque avait détourné près de 680000 masques en direction de ce pays bien que soit marqué sur les cartons « Aide humanitaire chinoise pour l’Italie ». De même, d’après Le Parisien du 1er avril 2020, les masques commandés par la France ont été rachetés par les Américains à coups de dollars au pied des avions à Shanghai. Par conséquent, ces derniers changent leur plan de vol pour se diriger vers les États-Unis au lieu de la France.
Pour ne pas citer que ces deux exemples, une cargaison de masques achetée pour le Québec, qui transit par l’Europe serait étrangement arrivée plus petite que prévu à la destination.

La crise sanitaire et la communauté internationale
Pour ce qui est de la communauté internationale, après murmurs et tergiversations, divers plans et actions sont en train d’être menés dans le cadre de l’actuelle crise sanitaire. Ainsi, pour combattre la pandémie, la Banque mondiale débloque 160 milliards de dollars. Même si les avis sont diversement partagés à propos, le Fonds monétaire international (FMI) quant à lui entend alléger la dette de 25 pays pauvres dont 19 africains. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de son côté s’organise pour livrer à l’ensemble de la communauté humanitaire du matériel médical et humanitaire vital destiné aux pays en développement.
Malgré le retard, nombreux sont les organisations, les États et supranationaux qui investissent dans l’éradication de ce nouveau virus. Si l’humanité toute entière mène une lutte âpre contre le Covid-19, des flous entourant l’origine, la période de l’apparition et la gestion du virus ne font pas l’unanimité au sein de la communauté internationale. L’Organisation mondiale de la santé se voit en face de cette crise coincée entre la Chine et les États-Unis. En accusant l’Organisation de mauvaise gestion de la crise, Donald Trump a annoncé le 14 avril 2020 la suspension de la contribution américaine à l’OMS. Une décision fustigée par plusieurs hautes personnalités dont le chef de l’ONU, Antonio Guterres. La Taïwan, diplomatiquement isolée mais faisant partie des pays qui critiquent l’OMS pour sa gestion de la crise, est quand même victorieuse face au Covid-19. En toute connaissance des manœuvres diplomatiques chinoises empêchant son intégration, la Taïwan, avec le soutien de certains pays, réclame plus que jamais sa participation à l’OMS. Qu’il s’agisse de sa gestion du Covid-19 ou de sa transparence, les critiques formulées à l’encontre de cette organisation internationale ne font que monter. Par conséquent, l’on est en droit de s’interroger sur le degré de l’efficacité et de crédibilité qu’elle incarne aujoud’hui. Puisqu’il s’agit d’une organisation en charge de la santé mondiale, l’instrument clé de réalisation des objectifs qui sont les siennes doit être un jeu complet de règles exigeant transparence et agilité qui, d’ailleurs pourront peser dans la balance de sa consolidation ou de son effondrement.
Et Puisque Pékin n’a pas informé le monde à temps de la maladie, Donald Trump n’exclut pas l’option d’exiger de la Chine un lourd dédommagement financier pour sa responsabilité dans la propagation du virus. Par contre, la diplomatie chinoise animée d’une propagande exceptionnelle profite du désordre mondial pour vanter l’indispensabilité, l’influence économique, industrielle et même la générosité du pays à la face du monde. Même si on peut le supposer être temporaire, ce nouveau visage de la politique des acteurs internationaux a sans doute affaibli la communauté internationale. L’ordre international a pris un coup. Encore que les ravages de cette pandémie se font sous le regard impuissant des moyens coercitifs concourant au Hard Power des puissances mondiales.

Les imapcts du Covid-19 et perspectives
Il est évident que les profonds bouleversements provoqués par la crise sanitaire mondiale impactent tous les secteurs. Il s’agira ici donc de dresser dans chacun des domaines, les impacts comme ce à quoi nous devons nous attendre au plan mondial, dans nos rapports sociaux, dans notre mode de vie et nos nouvelles façons de penser le monde. Des leçons et perspectives relatives à l’actuelle situation que vit le monde ne manqueront non plus d’être tirées dans ce volet.
Du point de vue socioculturel, de profonds changements sont perceptibles dans les comportements habituels des peuples. La peur d’être infecté assistée des mesures de protection ont imposé désormais en cette période de crise sanitaire, la distanciation sociale, le télétravail et l’isolement dans les sociétés. Bien que la proximité soit culturelle, la vie en communauté a cessé d’un coup. Les lieux de distraction, les musées, les grandes avenues comme les villes dotant d’une attractivité touristique et souvent gorgés de monde sont tous devenus fantômes en un temps record. Les Universités, les écoles, les bibliothèques ne sont plus fréquentées. Le coronavirus, à l’origine de la fermeture du Vatican et de la Mecque exprime bel et bien les bouleversements au niveau des différentes congrégations religieuses comme des lieux de culte. La libre circulation des personnes est devenue beaucoup plus réduite ; la fermeture des frontières intérieures et les mesures de restriction pour les traverser sont plus que jamais compliquées. Nombreuses sont les rencontres internationales sportives, culturelles et scientifiques qui sont soit annulées ou reportées à des dates ultérieures. Au sein des différentes peuples, les activités s’arrêtent, les échanges commerciaux s’interrompent, le chômage s’installe, les riches sont affaiblis financièrement tandis que les pauvres deviennent encore plus pauvres et donc plus exposés. Il ne serait pas exagéré de constater que dans beaucoup de sociétés, le Covid-19 est révélateur des inégalités à divers niveaux. Aujourd’hui, avec le port de masques, le plaisir de la vie par le sourire paraît être perdu pour durer.
Au plan économique, la crise n’est pas que sanitaire, elle a engendré aussi celle économique qui se traduit surtout par la mise en "état d’hibernation" de l’économie des entreprises et des États. Autrement dit, derrière cette crise sanitaire se retrouve la crise du commerce avec la fermeture des centres commerciaux, des restaurants, des bars, des hôtels. Le ralentissement du rythme de vie habituel n’est plus à démontrer avec la rareté des transports en commun témoignant la fluidité des routes et le respect du mot d’ordre international et circonstantiel "Restez chez vous". Partout dans le monde, le coronavirus affaiblit les entreprises des pays et fait beaucoup de sans emploi provoquant des paralysies désastreuses et annonciatrices de crash économique. D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), la moitié des travailleurs dans le monde risque de perdre son travail. S’agissant des prévisions, elles vont notamment de la chute record du PIB à la remontée historique du chômage en passant par la baisse de l’inflation. Si les impacts économiques de la crise sont automatiques et globaux, le rythme de redressement, lui, ne sera toutefois pas le même dans les différentes régions géographiques du monde compte tenu de la récession et de la capacité de résilience qui dépendent d’un pays à un autre.
Quant au volet politique, la pratique de celle intérieure l’emporte sur celle étrangère des États en cette période de crise sanitaire. Temporairement, les discours diplomatiques semblent avoir laissé place à une panoplie de communications fréquentes et relatives au Covid-19 en direction des populations d’un territoire donné. Les manœuvres de la politique étrangère des acteurs étatiques ont considérablement diminué. Au niveau bilatéral comme multilatéral, plus de rencontres ou de visites officielles entre partenaires. Les échanges entre acteurs sont réduits aux visioconférences. En raison de l’urgence d’une politique sanitaire et d’aide sociale adéquate, la politique intérieure des nations semble être plus que jamais préoccupante.
Dans certains cas, la politique extérieure des États ne se résume, en apparence qu’au rapatriement de ressortissants bloqués à l’étranger et à la recherche d’approvisionnement de matériel anti-Covid-19 ; la "diplomatie du masque" pour laquelle la Chine joue l’incontournable rôle d’acteur principal.
Au regard de ce qui précède et nonobstant la lumière qui nécessite d’être faite sur l’origine réelle du virus ; au nom de la paix et de la sécurité mondiales, la résolution de cette crise sanitaire mondiale ne doit normalement pas engendrer une autre crise au sein de la communauté internationale. Pour cela, il urge que solidarité et transparence fassent leur retour dans les rapports entre États comme au niveau de la communauté internationale. Par exemple, en vue de réitérer cette solidarité européenne, il est impérieux que Bruxelles cherche à gagner de nouveau la confiance des citoyens européens en transfigurant sur le continent l’euroscepticisme en européanisme. En Afrique, nombreux sont les États qui manquent d’une réelle politique d’aide sociale. Et pour ce qui est de la lutte anti-Covid-19, si des chercheurs africains se battent dans des laboratoires étrangers pour la cause, les États devront investir davantage dans les hôpitaux publics tout en faisant plus de confiance aux scientifiques du continent. De plus, il importe que l’Afrique se débarrasse de l’aliénation culturelle pour se ressourcer et promouvoir les valeurs et identités culturelles qui lui préservent une médecine traditionnelle riche et efficace.

Conclusion
Frappé de plein fouet par la crise du coronavirus, le monde a subi de profonds bouleversements au niveau des individus et leurs activités, dans les rapports des États sans manquer d’impacter aussi la cohésion au sein de la communauté internationale. Malgré les signes plus ou moins encourageants relatifs à la propagation du virus, la stratégie de déconfinement sans déclencher une seconde vague de propagation du Covid-19 reste un défi majeur. De même, si l’éventualité selon laquelle le coronavirus pourrait devenir un autre virus endémique auquel l’humanité doit désormais apprendre à vivre avec, reste toujours problématique, la crise sanitaire est quand même susceptible d’être porteuse de nouvelles perspectives. Au terme de cette approche, l’évidente leçon à tirer de cette pandémie est que l’humanité soit plus que jamais aguerrie à la riposte au Covid-19 tout en faisant preuve de volonté politique durable assistée de prévoyance et clairvoyance afin d’être habiletée à faire face aux éventuels risques infectueux à l’avenir.

Auteur : Bernadin KOUHOSSOUNON, Docteur (PhD.) en Relations internationales et Diplomatie. Enseignant-Chercheur à la Faculté des sciences politiques et des relations internationales à l’Université Matej Bel de Banská Bystrica (Slovaquie) et auteur de plusieurs publications scientifiques en Pologne, en Slovaquie et en France



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