Maixent Ogou, acteur dans le secteur de la pré-collecte : « La gratuité a commencé à Ouidah… »

Fulbert ADJIMEHOSSOU 16 septembre 2020

Ouidah est aussi concernée par la nouvelle dynamique en cours dans le secteur de la pré-collecte des déchets. Maixent Ogou, administrateur d’un Groupement d’Intérêt Economique, nous fait le point de la situation dans la cité historique.

Des réformes sont en cours pour professionnaliser la collecte des déchets dans le Grand Nokoué. Cette option vous semble-t-elle pertinente ?
Très pertinente d’ailleurs. Nous avons commencé les activités de pré collecte depuis un certain nombre d’années. C’était d’abord une initiative des ONG, renforcée par le Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (PUGEMU) et qui est aujourd’hui en train d’être professionnalisée. Mais le plus important, ce n’est pas d’aller ramasser les déchets dans quelques ménages. C’est plutôt d’assainir complétement le cadre de vie et faire en sorte que tous les ménages puissent se décider à aller dans le sens d’éliminer les déchets de notre environnement et assainir le cadre de vie. Ceci, de sorte que les maladies puissent s’éloigner des populations, notamment les enfants et les personnes vulnérables. Dans ce contexte-là, je crois que la démarche qui veut que tous les ménages puissent désormais enlever leurs déchets au moins dans cette première phase de façon gratuite est éducative et va changer la mentalité des gens. C’est une démarche qui fera que demain, on pourra avoir des villes complétement assainies et attrayantes où les déchets n’abondent pas les rues.

Justement parlant de gratuité pour la première phase, est-ce que chez vous ici à Ouidah, c’est effectif ?
La gratuité a commencé dans Ouidah au niveau de trois zones sur cinq. Je crois que c’est déjà un effort. Les autres zones qui ne sont pas encore desservies dans le cadre de ce programme de gratuité sont les zones situées en périphérique et qui bénéficient encore de grands espaces vides et où les maisons sont plus ou moins éparses. L’activité est donc concentrée au niveau des zones urbaines. Je crois que ça se passe plus ou moins bien pour le moment.

Quel retour avez-vous des ménages que vous desservez ?
Dans les zones où nous intervenons, après un sondage suite au travail que nous abattons, le niveau de satisfaction des ménages est très grand. Nous avons le retour avec l’absence de plaintes, une disponibilité des ménages à sortir leurs déchets suivant les programmations. Ce sont des choses que nous apprécions suffisamment à leur niveau. Nous pensons que si ça s’améliore, il n’y aura plus de reconstitution des dépotoirs détruits et que dans ces arrondissements, notre cadre de vie va refléter ce qu’attend la société en matière de gestion des déchets.

N’y a-t-il pas de raisons de craindre qu’après la phase de gratuité les populations reprennent avec les anciennes habitudes ?
La méthode prévue est qu’on n’ira pas prélever les sous chez quelqu’un. Ce sera d’une autre manière qui est en cours de réflexions. Ce qui est sûr les PME n’iront plus au niveau des ménages pour prendre de l’argent. Nos prestations seront payées par la Sgds-Gn. Nous allons donc nous investir et faire les prestations en fonction des cahiers de charges.

Tout comme chez vous à Ouidah où vous avez trois zones sur cinq, beaucoup de quartiers dans le Grand Nokoué attendent leur tour de la gratuité. Il y en a qui se disent être laissés pour compte. Est-ce que vous comprenez cette frustration ou cette impatience ?
Je ne crois pas qu’ils soient des laissés pour compte. Il faut qu’ils patientent un tout petit peu. Leur tour arrive. Il a été dit que ceux qui ont commencé aujourd’hui feront un an. Quand la gratuité sera décrétée aussi dans leurs zones, les ménages concernés en profiteront également. Puisque toutes les zones ne sont pas lancées, on ne peut pas généraliser. Si on généralise, les structures qui interviennent encore au niveau des zones où la gratuité n’est pas encore décrétée vont continuer à desservir et ne s’auront pas qui payera le service.

Pour le moment, on observe par endroits dans le Grand Nokoué des tâtonnements à la mise en œuvre de cette réforme. Avez-vous un appel à lancer à tous les acteurs ?
D’abord, au niveau de la Sgds-Gn, je voudrais souhaiter qu’en matière de communication, tout se passe de sorte que le message puisse permettre aux autres de mieux se situer par rapport à la dynamique. Au niveau des PME engagées dans l’activité, je suggère quand même que ces structures tiennent compte de leurs cahiers de charges et que c’est en exécutant correctement leurs missions que l’Etat pourra apprécier leur importance dans le système. Pour cela, il faut que le professionnalisme soit de mise pour qu’à terme, on puisse dire que ce n’est pas un mauvais choix de travailler avec les acteurs à la base.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU



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