Marché de poissons frais de Dantokpa : Une compétition saine dans un cadre insalubre

La rédaction 3 septembre 2019

Le marché de poisson frais est un lieu d’échanges inédit au cœur du marché Dantokpa. Entre l’insalubrité et l’accueil chaleureux des vendeuses, les usagers font preuve d’agilité pour tirer le meilleur. Descente sur les rives du Lac Nokoué, à Todomey.

Assise sur une natte en feuilles de bananier, juste à l’entrée du marché de poissons, dame Georgette a son regard posé sur chaque usager qui entre. La trentaine, elle ne manque pas de stratégies pour se faire remarquer et attirer la clientèle vers son étalage. Elle a sa formule magique et ça lui marche : « Vous venez de faire tomber quelque chose regardez par terre ». Quand cette formule ne suffit pas, la jeune femme n’a aucune peine à se lever pour orienter les clients vers son étalage. Attiré par son accueil chaleureux, personne ne passe sans jeter de coup d’œil sur ses produits. « Ici, c’est le royaume de la grande concurrence », nous confie-t-elle pour justifier sa façon de faire. « Dans ce marché, il faut être dynamique, éveillé et sympa, pour écouler ses marchandises », précise-t-elle.

Au royaume de la concurrence
A Todomey, dans ce marché, elles sont nombreuses, ces femmes Toffin qui viennent des localités lacustres comme Houélo, Sotchanhoué et Ganvié pour vendre des produits de pêche. Chaque geste et chaque mot devient donc, selon Jeannette, important pour accrocher les usagers. « Mangez sain et oubliez la galère, les poissons de vos rêves sont ici », lance Jeannette à chaque minute. Les poissons sont disposés dans des paniers ou des bassines. Ceux encore vivant et vivaces nagent dans les bassines remplies d’eau en attendant leurs acheteurs. Ces revendeuses s’approvisionnent au bord des fleuves et lacs proches de leur village, ou du marché. Chaque pêcheur a ses clientes potentielles. Les femmes se doivent de faire preuve d’agilité au risque de manquer de produits. « L’avenir appartient à ceux qui ne dorment pas. Il faut se lever tôt, pêcher assez, avant l’arrivée des femmes, puisqu’elles sont aussi pressées pour écouler leurs marchandises. Les vendeuses de poisson, après s’être approvisionnées, certaines mettent leurs poissons dans une bassine d’eau, pour les transporter jusqu’au marché, les déposent dans un panier et les couvrent de glaçons.

L’insalubrité très remarquable à Todomey

Des tas d’ordures ici et là, des eaux puantes, de la boue par là-bas. Voilà ce qui caractérise visiblement le marché de poisson de Todomin. « Autrefois, nous cotisions nous-mêmes nos maigres sous pour remblayer le marché, sinon, c’était des moustiques par ici, des vers de terre par-là, nous étions inondées à la moindre pluie », fulmine kossiba, vendeuses de poisson. Elle implore dit-elle « l’appui de l’Etat pour la réhabilitation de ce marché ». Mais en attendant, ces vendeuses créent chacune son tas d’ordures juste près d’elle. Cette insalubrité les laisse indifférentes mais importe beaucoup pour les clients, qui se protègent le nez, avec des torchons, afin d’échapper à ces odeurs puantes.
Brunelle TCHOBO (Stag.)



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