Martin Assogba à propos du bilan de la lutte contre la corruption : « De l’intention, nous sommes passés aux actes après 55 ans d’indépendance »

Bergedor HADJIHOU 3 août 2020

Reçu ce dimanche sur l’émission Grand format de Canal3 Bénin, Martin Assogba a dressé un bilan de la lutte contre la corruption après 60 années d’indépendance. Il retrace les revers et les victoires d’une lutte qui a commencé à produire des résultats il y a peu.

Les régimes précédents ont trompé les organisations de la société civile en leur jetant de la poudre aux yeux. Les autorités actuelles tranchent avec les pratiques d’hier. En résumé, c’est l’état des lieux que fait le président de l’Ong ALCRER de la lutte contre la corruption au Bénin à l’occasion de la fête de l’indépendance. Il fait une chronologie pour justifier sa thèse. Sur le plan institutionnel, il y avait la cellule de moralisation de la vie publique mais il manquait d’organes qualifiés pour réprimer et faire reculer l’impunité. « Ces institutions-là existent aujourd’hui. De l’intention, nous sommes passés aux actes après 55 ans d’indépendance », a affirmé Martin Assogba. Mais avant d’en arriver là, il y a eu le Front des Organisations Nationales contre la Corruption (Fonac) en 1998 sur la demande du président Mathieu Kérékou qui avait besoin d’une faîtière pour coordonner la lutte contre la corruption. Un certain nombre de comportements faisant état d’une prévarication dans la gestion des fonds publics était à l’origine de cette demande. Malheureusement, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Mais avant, le président Soglo s’était aussi signalé : « En prenant le pouvoir, il avait promis faire rendre gorge à ceux qui pillaient les ressources de l’Etat », rappelle à notre souvenir le président de l’Ong Alcrer. La décision est restée lettre morte. Avec le président Boni Yayi, la société civile a observé un sursaut d’orgueil suivi de la marche verte contre la corruption. Les ONG n’ont pas été suffisamment associées à l’initiative mais la détermination du Chef de l’Etat à l’époque les a conduites à rejoindre le mouvement dans la précipitation. Le discours que tint l’homme du changement devant le cortège qui a échoué au palais de la Marina le 07 juillet 2007 était plein de promesses. Boni Yayi a essayé, mais chassez le naturel, il revient au galop. Quelques temps après, le Bénin est retombé dans la torpeur. En avril 2016, Patrice Talon a promis de donner satisfaction aux associations qui luttent pour la gouvernance en prêtant serment. Seulement, les autres échecs sont restés dans la tête de la société : « On n’y croyait plus », se souvient l’invité de Idrissou Boukari. Quatre ans plus tard, grande a été la surprise de la société civile avec la création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) : « Nous avons eu la Criet avec des résultats probants. Aujourd’hui, plus personne ne vit au-dessus de ses moyens. L’utilisation des fonds publics à des fins privés a considérablement régressé », remarque avec émerveillement Martin Assogba. Ce dernier souligne pour finir, que la réforme du système partisan a été un tournant dans la lutte contre la corruption au Bénin. Les partis politiques étaient des appendices de nids de corruption pour résumer ses propos. Avec la disparition des ‘’micros partis’’ et la naissance de grands ensembles, le phénomène a reculé. L’invité en veut pour preuve, l’obligation pour les auteurs de faits de corruption et leurs complices, de rembourser désormais les sommes distraites. Il n’est donc plus question de parler de chasse aux sorcières : « on dit juste des chose pour affaiblir celui qui a la volonté de faire avancer de façon inclusive l’Etat du Bénin en matière de lutte contre la corruption », va conclure Martin Assogba.



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