Occupation par l’eau de la voie pavée avant l’échangeur à Kindonou : Une occasion de lavage libre et gratuit pour les ‘’Zémidjans’’

21 novembre 2022

L’eau des bas-fonds occupe de façon permanente une bonne partie du tronçon pavé avant l’échangeur de Godomey reliant la route Cotonou-Calavi à la voie passant devant le Ceg Nokoué. Entre le lavage en groupe des motos et des débats houleux, l’ambiance des conducteurs de taxi-moto “Zémidjan” impressionne passagers et résidents.

“La Vons de Kindonou occupée par l’eau”. C’est le vocable sous lequel il faut indiquer cette rue de Cotonou qui reçoit déjà ses visiteurs habituels dans la matinée de ce dimanche. Une dizaine de motos dont la majorité est constituée de “Zémidjan”, un camion et deux tricycles se prêtent à l’exercice primordial qui est celui de laver les matériels roulants. Entre les nuages qui annoncent une probable pluie et le soleil qui darde ses rayons, la nature du ciel paraît imprécise mais au niveau de la “Vons de Kindonou occupée par l’eau”, asperger d’eau les engins, frotter les parties sales avec un morceau de chiffon humide ou encore avec des tissus abîmés, nettoyer et rincer instantanément et abondamment sont des mouvements exécutés par plus d’un qui retiennent l’attention. Quelques passants audacieux, à pied, à moto voire en voiture, qui traversent l’eau sale de couleur grise, n’échappent pas à la vue. La réaction des conducteurs qui s’attellent au lavage de leurs motos ne se fait pas attendre quand un passant risque de les éclabousser. Des passants qui traversent à pied doivent soulever le bas de leurs vêtements pour ne pas le voir trempé. Dans le rang de ceux qui qui viennent laver leurs engins, alors que les motocyclistes qui finissent s’en vont, d’autres viennent pour le même exercice. À midi, le soleil devient plus ardent mais le mouvement se poursuit comme à l’accoutumée. Bernardin, conducteur de taxi-moto fait son apparition avec sa “Boxer” bleue. Un sceau noir en plastique accroché au guidon droit de la moto est aussi perceptible. Il stationne à quelques mètres de l’eau. En ce moment, un débat sur la politique nationale occupe l’esprit de ses collègues présents sur les lieux au point où son arrivée ne semble pas remarquée.

C’est déjà dans les habitudes car c’est plus pratique et gratuit.
Descendu délicatement de sa moto, Bernardin, sous le soleil ardent, enlève son uniforme de travail, plie jusqu’au genoux son pantalon, prend en main le sceau en plastique et se dirige vers une vendeuse d’à côté pour acheter un morceau de chiffon et du savon en poudre “So Klin”. Au moment de rejoindre ses collègues qui étaient là avant lui, traînant sa moto dans l’eau pour commencer le même exercice, les salutations lui sont adressées, il répond et reste ouvert à tous échanges. Ainsi, confie-t-il, il y a plusieurs années que l’eau occupe cette portion de la voie quand bien même elle est pavée. « A peine l’eau arrive à tarir complètement. Elle peut diminuer pendant la sécheresse et augmenter pendant la saison pluvieuse », a-t-il laissé entendre. Tout en lavant sa moto comme les autres, Bernardin avance les raisons pour lesquelles il y a de l’affluence à longueur de journée. « C’est déjà dans l’habitude de nombreuses personnes qui connaissent ici, surtout les conducteurs de “Zémidjan”. Et d’ailleurs, comme vous-mêmes pouvez le constater, il n’y a pas que les “Zémidjan” », fait-il savoir. Aussi, a-t-il ajouté, c’est plus pratique, rapide et gratuit pour eux de venir laver les motos à ce niveau. « A Cotonou pendant la période des pluies, passer dans les Vons salit vite les motos et l’eau qui reste ici, permet de les nettoyer plus d’une fois dans la même journée », avance-t-il.

L’eau est sale, on le sait, mais on n’y prête pas attention
L’ambiance animée par le lavage en groupe des motos et des débats tous azimuts, est ainsi maintenue presque toutes les heures de la journée jusqu’à la tombée de la nuit et ceci, tous les jours. Pour Bernardin, tout le monde est conscient de la qualité impropre de l’eau dans laquelle ils viennent laver les motos mais l’intérêt qu’elle procure fait que le côté sale de l’eau ne préoccupe pas trop. « Nous savons que l’eau est sale. L’eau coule et transporte les déchets mais nous, on n’y fait pas attention », lâche-t-il. Mais à ce niveau, il n’y a pas que des motos, tricycles et camions qui sont lavés dans l’eau. Il est aussi aisé de voir laver des uniformes de “Zémidjan” y compris des pantalons qui sont séchés sur les guidons au bout de quelques minutes, le temps de mener à terme le débat qu’anime la communauté. L’autre préoccupation qui taraude reste comment rendre bien accessible le tronçon aux usagers. Pour le moment, c’est à une portion de citoyens que l’eau qui occupe le passage profite.
Fidégnon HOUEDOHOUN



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