Pénurie d’essence dans la plupart des stations-services : Cotonou et Calavi dans l’étau des files d’attente

8 juin 2023

Sous la fine pluie ce mercredi à 16h, une file interminable de motocyclistes patientaient le long de la station-service de Mènontin située non loin du siège de la Télévision Canal 3 Bénin. Les uns collés aux autres, ils forment un rang sur une distance d’au moins 100 mètres. De nuit comme de jour depuis près de 48 heures et même quand la pluie s’invitait au spectacle peu habituel, ils attendent leur tour à la pompe. Depuis ce mardi 06 juin dans l’après-midi, cette file s’est constituée et continue d’être pour certains regards, une attraction. Dans le rang, la plupart des motocyclistes passent au moins 30 minutes voire 1 heure avant d’atteindre le point d’approvisionnement. « Je suis là depuis bientôt une heure et j’attends mon tour pour me procurer l’essence. C’est malheureusement la seule station qui en fournit dans la zone. Les autres sont en rupture de stock », affirme Prince Adikpeto, un client. En effet, il y a près d’une dizaine de stations-services situées de part et d’autre sur le tronçon entre le stade de l’Amitié GMK et le cimetière PK14. Mais, seulement deux sont en mesure de fournir l’essence aux usagers. Celle de Mènontin et une autre avant le Collège d’Enseignement Général 1 de Godomey ont réussi l’exploit d’anticipation avant la ruée des usagers. La situation est pareille dans toutes les grandes villes à savoir Cotonou, Abomey-calavi et Porto-Novo.

Les camions de stocks d’essence bloqués dans les procédures douanières au port de Cotonou
Dans les autres stations-stations, les rares motocyclistes qui s’y rendent sont aussitôt refoulés d’un geste de la main. Il traduit la non disponibilité du liquide. Contrariés, ces derniers s’en plaignent et appellent à revoir la politique d’approvisionnement. « On a beaucoup de stations construites un peu partout dans nos villes mais elles ne sont pas fonctionnelles. Quand on y va, l’essence n’est jamais disponible. Ces stations ne servent à rien ! », a décrié Pasting Monboladji. Plus loin, un conducteur de taxi-moto s’enflamme en ces termes : « Retournez-nous notre Kpayo » en référence à la difficulté d’aller chez les vendeurs de l’essence de contrebande du fait de son coût désormais trop élevé. Les pompistes, dans la plupart de ces stations-services, sont désœuvrés. Ils sont ennuyés et scrutent l’horizon à longueur de journée tout en espérant l’arrivée des camions citernes d’approvisionnement pour reprendre leur activité. Selon leurs confidences, le problème de la pénurie dans leurs stations-services peut s’expliquer dans le contexte actuel. « Ce n’est pas notre faute. La commande est faite et l’essence est là mais ce sont les tracasseries douanières au Port Autonome de Cotonou qui retiennent nos camions citernes », affirme un pompiste. Le même discours est servi dans toutes les stations-services actuellement en pénurie d’essence. Leur stock d’essence est resté coincé dans les camions citernes qui attendent de sortir du port après les interminables procédures douanières.

Vaincre la bataille de la pénurie pour gagner la guerre contre le ‘‘Kpayo’’
De tout ce qui précède, l’annonce de la suppression de la subvention du pétrole au Nigéria peut s’avérer une aubaine pour le Bénin engagé dans la lutte contre le commerce de l’essence de contrebande. Le combat mené depuis plus de 50 ans semble avoir trouvé son arme létale en un claquement de doigts. En moins d’une semaine, les stations-services ont vu le nombre de leur clientèle décupler. Les usagers se sont tournés vers elles suite à la flambée du prix de l’essence sur le marché de la contrebande. C’est bien normal que les stocks finissent en quelques jours car, la ruée n’était pas prévisible il y a encore 10 jours. C’est en revanche une aubaine pour ces sociétés fournisseurs d’essence et pour l’Etat qui a facilité et encouragé l’installation de celles-ci. Cependant, les premières doivent améliorer la qualité de leur service à la pompe. En priorité, le liquide doit être en permanence disponible pour les usagers afin de les fidéliser puisque la situation peut changer à tout moment. Ensuite, le prix à la station doit se stabiliser à défaut d’être revu à la baisse. Cela suppose que l’Etat doit s’y mêler en réduisant les tracasseries douanières au Port pour permettre la mise à disposition à temps du stock d’essence. C’est par cette synergie d’actions que le combat contre le commerce de l’essence de contrebande peut s’avérer efficace avec cette nouvelle donne.
Ange M’poli M’TOAMA



Dans la même rubrique