Père Hubert Kêdowidé au sujet de la St Valentin : « C'est une période de turbulence pour tous les jeunes »

La rédaction 14 février 2019

Prêtre de l’Archidiocèse de Cotonou et Directeur diocésain de la communication, le Père Hubert Kêdowidé donne son point de vue sur les tendances actuelles que prend la célébration de la St Valentin.

Père Hubert Kêdowidé, pourquoi fête-t-on la St Valentin ?
Il est important de faire observer d’entrée que la fête de la Saint Valentin n’a aucune explication dans l’Eglise catholique. Cependant, l’Eglise a le devoir d’accompagner ses fidèles quand ceux-ci sont animés sur le plan public de quelque chose. Sinon, Saint Valentin est un prêtre italien. Selon la légende, lorsque l’empereur Claude II le Gothique martyrisait les gens en interdisant le mariage afin que plus d’hommes soient envoyés à la guerre, ce prêtre essayait d’entretenir la célébration de mariage. C’est une histoire difficilement vérifiable de façon scientifique. Cependant c’est à partir du 14e siècle surtout en Angleterre que, avec le Halloween, le développement économique a fait qu’il y a une segmentation de marché pour animer l’économie. Je pense que ce qui a conçu le mythe Saint Valentin, c’est vraiment l’économie. C’est ainsi qu’on verra aussi les fêtes des mères, des femmes etc. qui sont pour la plupart guidées par l’économie. Dès qu’on enlève les enjeux économiques, vous verrez qu’il n’y aura pas grande signification à ces fêtes-là.

Qu’est ce qui justifie aujourd’hui l’appropriation de cette fête par la couche juvénile ?
C’est dans l’organisation du marché économique là que la jeunesse a trouvé sa part. Où est ce qu’on peut vraiment cueillir et faire beaucoup de chiffres d’affaires si ce n’est qu’en parlant d’amour. Mais ce n’est pas seulement les jeunes. Quand vous allez hors du pays, vous allez constater que c’est tout le monde qui est intéressé. Saint Valentin, c’est l’occasion de la vente des chocolats, des articles en cœur et autres. C’est juste pour la rentabilité. C’est la période de turbulence pour tous les jeunes.

Est-ce normal qu’un chrétien célèbre la St Valentin ?
La plus grande fête de l’amour du chrétien, c’est le vendredi saint. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie en Christ pour ceux qu’on aime. La plus grande perfection admirable, c’est de contempler le sauveur qui est mort pour nous. C’est là où le chrétien est attendu. Cependant, nous sommes dans le monde et non en dehors. Le chrétien est aussi animé par le social. L’église est présente. C’est pourquoi elle essaie de purifier la fête en organisant des séances avec les mouvements de jeunes sur plusieurs paroisses, bien que la fête ne soit pas une fête liturgique. Dans le calendrier liturgique, le 14 février, il n’y a pas de fête. Cependant, des raisons pastorales poussent des prêtres à organiser une fête St Valentin ne serait-ce que pour que pour éviter que dans l’ambiance sociale, le jeune ne soit livré à des occasions de péché.

Parlant des occasions de péché, nous constatons que c’est une fête de sexe. Est-ce la priorité ?
Que voulez-vous ? Aujourd’hui quand on parle de l’amour chez deux personnes de sexes différents, c’est toujours le bas ventre qui est visé. C’est dommage que nous en sommes arrivés là. Mais le chrétien est appelé à réorienter son amour en posant le regard sur celui qui est le prototype du vrai amour, c’est-à-dire celui qui a aimé jusqu’au don de sa propre vie. Donc c’est le piège. La jeune fille ou le jeune gars qui a résisté pendant longtemps, trouve que tous ses amis ont des programmes de sortie pour le 14 février et donc ne veut pas rester indifférent et se laisse emporter. Ce n’est plus une ambiance sentimentale. Ça devient source de beaucoup d’anxiété et de perturbations vitales. Hélas !

Un conseil à l’endroit des jeunes
Je pense qu’il faut d’abord rassurer la jeunesse. Dans toute l’histoire de l’humanité, la jeunesse a toujours été une période de tribulation donc il n’y a pas à dire qu’on va être différent de ce que nos pères ont vécu. Mais bien que ça soit une période de turbulence, il faut être aussi à l’écoute des conseils des personnes qui, avant nous ont déjà traversé des tempêtes de la vie. Nous y sommes maintenant et en étant là-dedans il faut prendre des précautions a minima pour que sa vie ne bascule pas dans la déchéance. Je voudrais inviter les jeunes à bien s’amuser. L’amusement, le plaisir de la vie et non le plaisir du sexe. Tant qu’il y a des occasions pour rire et être ensemble, ça fait partie de l’épanouissement. Quand la sexualité devient vulgaire, vous n’avez pas de prix.
Propos recueillis par : Tobi KOBA et Estelle KAKPO (Stags)



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