Refus de remaniement ministériel après les législatives : Entre la stabilité des partis et celle du gouvernement, un arbitrage s’impose

Angelo DOSSOUMOU 21 mars 2023

De nouveaux ministres dans le gouvernement Talon, il n’y en aura pas de si tôt ou peut-être plus jamais avant la fin du mandat de l’actuel locataire de la Marina en 2026. Depuis le dernier passage du président nigérien au Bénin et les propos tenus à l’occasion par le chef de l’Etat béninois, certains acteurs de la classe politique qui rêvaient de grandeurs ministérielles ont perdu toute illusion. Même au niveau des états-majors des partis politiques, loin de la sérénité affichée jusqu’ici, c’est plutôt l’incompréhension surtout qu’en principe, tout soutien mérite récompense. D’où, avant la sortie du président Talon à propos d’un éventuel remaniement, la légitime attente des partis victorieux lors des dernières législatives d’être consultés et de pouvoir faire non seulement des propositions de personnalités au chef de la majorité mais aussi opérer des rotations. Mais hélas !
Peut-être bien, c’est en désespoir de cause que certains acteurs politiques, voyant le mandat présidentiel tirer vers sa fin sans avoir eu la moindre nomination, ont entonné la chansonnette du troisième mandat. Là encore, peine perdue. Pour l’instant, Patrice Talon a mieux à faire que de penser aux récompenses des laudateurs et des politiciens qui n’ont que pour seule mérite, de savoir jouer au griot et de se convaincre qu’ils sont des grands électeurs. A ce sujet, après l’expérience de la gouvernance politique par le président Talon, il y a lieu de se demander quelle sera la réaction des partis politiques en vue de leur soutien aux candidats pour la présidentielle en 2026 ? Quand on sait qu’il faut forcément avoir au moins 16 parrainages dans son dossier de candidature, il serait étonnant que les prochains candidats n’aient à souffrir de la misère réservée à eux par le régime en place.
Leçons pour futur président
En effet, durant bientôt 7 ans, les acteurs politiques béninois n’ont pas bénéficié de la même attention que sous le régime défunt. Conséquence, pour les plus ambitieux qui visent au-delà des postes électifs, ils sont obligés de se contenter parfois du strict minimum. Sans doute, pour beaucoup de politiciens béninois, le prestige d’être député n’a pas les mêmes saveurs que d’être ministre de la République. Mais dommage pour eux ! Sous Patrice Talon, ils auront appris que dans un régime présidentiel fort, aucune emprise d’un leader politique dans un fief donné ne saurait ébranler l’élu de la Nation au point de perturber son sommeil si entre-temps, il ne lui faisait pas l’honneur de faire sa volonté. Si, par le passé, le marchandage politique avait libre cours, l’actuel locataire de la Marina par sa gouvernance démontre qu’il est possible de gérer les affaires de l’Etat sans être l’otage de la classe politique.
D’ailleurs, il serait intéressant que le prochain successeur de Patrice Talon épouse cette logique. La politique politicienne a longtemps desservi le développement du Bénin. Et quand le président Talon démontre que rien n’empêche un élu de la Nation de faire ce qu’il juge utile que de vouloir contenter des partisans au détriment de la compétence, il ne reste qu’à, d’ores et déjà, encourager ses futurs successeurs à continuer sur cette lancée.



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