Prolifération anarchique des centres de santé : Bientôt une loi pour traquer la fausse médecine

Karim O. ANONRIN 26 avril 2013

La Ministre de la santé, Dorothée Akoko Kindé Gazard, a répondu hier à l’hémicycle à Porto-Novo à une question orale avec débat au gouvernement. Initié par le député André Okounlola et certains de ses collègues, cette question orale avec débat porte essentiellement sur la prolifération anarchique des centres de santé au Bénin avec pour conséquence, de lourdes pertes en vie humaine. Mais la Ministre de la santé, Dorothée Akoko Kindé Gazard, n’est pas allée par quatre chemins pour signifier aux députés que seules les actions du ministère de la santé ne suffiront pas pour arrêter le fléau. Car, la législation au Bénin n’a pas prévu des mécanismes rigoureux pour procéder systématiquement à la fermeture des centres de santé non autorisés. Aussi, a-t-elle précisé que c’est généralement quand le ministère de la santé, à travers ses services compétents, découvre de la fausse médecine dans un centre de santé illégal qu’il agit de façon ferme. Toujours selon elle, il est enfin temps que le législateur procède à la modification de la loi 97- 020 du 17 juin 1997 sur les formations sanitaires. Apparemment, les préoccupations des députés ne semblent pas étrangères à la Ministre de la santé. D’abord, dans sa réponse à la question orale, la Ministre Kindé Gazard a précisé les localités dans lesquelles des centres de santé non autorisés ont été fermés au cours de l’année 2012. Ensuite, elle a laissé entendre qu’il est indéniable que beaucoup restent encore à faire pour offrir de meilleures conditions sanitaires aux populations du Bénin.

Toujours selon elle, son département ministériel n’a jamais cessé de sensibiliser les professionnels de la santé sur la nécessité de préserver le secteur. Poursuivant dans le même sens, elle a laissé entendre que des formations sanitaires existantes au Bénin, celles qui ont eu l’autorisation d’exercice en clientèle privée sont bien connus, mais que le problème est que les populations elles-mêmes n’arrivent toujours pas à comprendre qu’elles prennent assez de risque en fréquentant les centres de santé non autorisés et mal équipés. « …Souvent, c’est du personnel non qualifié qui exerce dans ces centres de santé. La lutte a commencé par le recensement des cabinets qui n’ont pas d’autorisation. Malheureusement, il y a beaucoup de contraintes sur le terrain qui ne permettent pas de fermer ces cabinets et centres de santé privés. Et si on doit les fermer, qui ferme ? Le ministre de la santé ? de la justice ? Ou de l’intérieur ? Des séances de sensibilisation ont été organisées sur l’autorisation d’exercice en clientèle privée et sur l’autorisation d’ouverture de cabinet dans nos départements (…) Ce qu’il faut faire, c’est l’instauration de signes distinctifs pour les formations sanitaires autorisées par le ministère de la santé, où les populations peuvent bénéficier de soins de qualité. Ce qui a été adopté en conseil des ministres du 17 avril 2013. Nous avons aussi besoin que la loi en la matière subisse des modifications. Nous avons fait un atelier pour réviser la loi sur les dysfonctionnement. Les nouvelles directives de l’Uemoa y ont été intégrées. Cette loi est passée devant la commission de codification du ministère de la justice pour atterrir bientôt au Parlement… », a déclaré la Ministre Dorothée Akoko Kindé Gazard. Tout en saluant les efforts de la Ministre Gazard dans sa lutte pour une meilleure couverture sanitaire au Bénin, la plupart des députés qui sont intervenus hier lors du débat général, ont souhaité que le gouvernement multiplie ses actions non seulement pour un meilleur fonctionnement des hôpitaux et des centres de santé autorisés, qu’ils soient privés ou publics, mais aussi pour le fonctionnement des centres de santé et des hôpitaux construits et abandonnés.



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