Rentrée judiciaire 2020-2021 : Batoko appelle le Magistrat à rester digne face au politique

Karim O. ANONRIN 23 octobre 2020

Le président de la Cour suprême du Bénin, Ousmane Batoko, a présidé ce jeudi 22 octobre 2020, l’audience solennelle de rentrée judiciaire 2020-2021 à l’espace Tiwani à Porto-Novo. Quatre étapes ont marqué cette audience de rentrée judiciaire. Il y a d’abord eu les observations du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, Prosper Ahounou sur le thème retenu cette année à savoir : « Le Magistrat et le politique : Comment concilier la confiance et l’indépendance ? ». Il y a ensuite eu l’intervention du Procureur général près la Cour suprême, Gérard Onésime Madodé, le discours du président Ousmane Batoko et le message du Chef de l’Etat, Patrice Talon ; message porté par le Garde des sceaux, Ministre de la justice et de la législation, Sévérin Quenum.
Dans son intervention, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Bénin, Prosper Ahounou, a laissé entendre que le barreau est préoccupé par des cas de dysfonctionnements qui jettent du discrédit sur l’appareil judiciaire, d’interdiction à l’Avocat de prendre la parole et autres comportements qui éloignent du serment prêté par des juges. Toujours selon lui, la Cour suprême est attendue dans l’interprétation des règles de droit. « …Je souhaite que les murs de la maison justice soit solides (…) Le barreau jouera sa partition… », a dit Me Proposer Ahounou. Pour sa part, le Procureur général près la Cour suprême, Gérard Onésime Madodé, tout en saluant les performances de la Cour suprême en matière de traitement des recours dont elle a été saisie, a dit à l’assistance que l’audience solennelle de rentrée judiciaire est un temps fort parce qu’elle est porteuse de renouveau. Toujours selon lui, le dialogue entre le Magistrat et le politique est bien possible.
Le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, qui ne présidera plus d’audience solennelle de rentrée judiciaire parce qu’il finit son mandat en mars 2021, pour sa part, s’est voulu très explicite. Il s’agit d’un message dont une bonne partie traite du thème retenu. Pour lui, la fidélité au serment reste essentielle dans la mission du Magistrat pour tirer tous les autres vers le haut, afin d’être à l’abri des sirènes du pouvoir. Pour la circonstance, il avait à ses côtés, les présidents des institutions de la République, le Ministre d’Etat, chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, le Préfet de l’Ouémé, Joachim Florès Apithy, le Maire de Porto-Novo, Charlemagne Yankoty, le Chef d’Etat-major des forces armées du Bénin. Il y avait aussi des magistrats, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Bénin, Prosper Ahounou, pour ne citer que ceux-là.

EXTRAIT DE L’ALLOCUTION DU PRÉSIDENT OUSMANE BATOKO
« …Les besoins de positionnement et de carrière facilitent l’ascendance de l’exécutif. Mon expérience révèle que tous ceux qui sont restés dignes dans la quasi-majorité des cas, sont promus et ont leur mutation en application de la règle de la hiérarchie dans les promotions. Soyons clairs. Tout gouvernement cherchera à vous influencer. C’est normal dans le fonctionnement des institutions de l’Etat, dans un système où les parrains cohabitent. C’est donc au Magistrat, dans le respect de son serment et dans un contexte en mutation, de rester digne… »



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