Une caravane nocturne, marquée par des lampes en bois brandies par les populations, à travers la ville. C’est ainsi qu’en principe, la tradition est sacrifiée la veille de chaque 1er août pour annoncer les couleurs de la célébration de la fête de l’indépendance au Bénin. Placée souvent sous la coupole du préfet, cette cérémonie qui annonce la fête du 1er août mobilise à sa cause, une liesse populaire en signe d’indépendance, de liberté et de souveraineté. Elle s’accompagne également des chants et des danses au son des fanfares et autres. Dans la grande ville du Bénin, la tradition semble désormais conjuguée au passé et ne reste qu’un lointain souvenir pour les habitants de la tranche d’âge de la trentaine.
Mais les jeunes de la vingtaine, pour la plupart, l’ignorent. Du moins, ceux qui en savent quelque chose, sont ceux qui ont quitté d’autres chefs-lieux de département comme Lokossa, Porto Novo, Pobè pour ne citer que ceux-là. Pour ceux qui ont grandi dans la Capitale économique, c’est un événement dont ils n’ont presque jamais entendu parler. Edwige Aballo, secrétaire d’une entreprise à Cotonou, comme la majorité des jeunes approchés, ne dit pas le contraire. « Je n’ai jamais entendu parler d’une quelconque retraite aux flambeaux qui se tient la veille de la célébration de la fête de l’indépendance au Bénin. A Cotonou, je n’ai jamais assisté à cela et je ne sais pas comment cela se passe non plus », a-t-elle avoué. Pour M. Aubin, gendarme à la retraite, c’est une tradition qui était respectée sous les précédents régimes. « A Cotonou, la retraite aux flambeaux s’organisait encore sous l’ancien chef de l’Etat, Yayi Boni. Sauf si je me trompe, sous l’actuel régime, la dernière en date de la retraite aux flambeaux à la veille de la fête de l’indépendance, c’était en 2018. C’est un événement qui mobilise les populations, les hommes en uniforme notamment de la police et de la gendarmerie et conduit par les autorités de la préfecture et de la mairie », a-t-il fait savoir.
Codjo Michel s’est rappelé que, pendant son jeune âge, il a vécu la ferveur de la retraite aux flambeaux dans le département du Mono. Depuis qu’il réside à Cotonou, il entendait juste parler de l’événement mais cela date, selon lui, entre 2014 et 2015. « C’est quand j’étais encore dans le Mono que je vivais cela. J’y ai participé plus d’une fois à Lokossa. Depuis que je suis à Cotonou, j’entendais les gens en parler et après, je lisais aussi ce que la presse a relayé », a-t-il confié. Un fonctionnaire de la fonction publique a aussi reconnu que la cérémonie de la retraite aux flambeaux se tenait à Cotonou jusqu’à l’arrivée du régime en place. « Je n’ai pas eu l’occasion de prendre part à cela mais je sais qu’à la veille de chaque 1er août, la retraite aux flambeaux s’observait. Même les débuts après l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon, cela a été fait deux ou trois fois. Peut-être que cela se tenait dans les quartiers non loin de la préfecture comme Ganhi, Akpakpa, Zongo, Saint Michel etc. A cause de cela peut-être, les autres n’en sont pas informés sans oublier le fait que cela se déroule la nuit », a-t-il signalé.
En somme, la retraite aux flambeaux semble se soustraire des événements marquant la fête de l’indépendance au Bénin. Sans doute, le vent de vague de réformes qui soufflent sur le Bénin en général et la ville de Cotonou en particulier a aussi permis de vivre la solennité avec sobriété.
Fidégnon HOUEDOHOUN
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