Sécurité des espaces frontaliers et menace de débordement de l’extrémisme violent sahélien au nord du Bénin : WATHI suscite subtilement le débat au détour d’une table ronde virtuelle

Moïse DOSSOUMOU 22 novembre 2021

Un panel cinq étoiles. Le Think tank citoyen pour l’Afrique de l’Ouest Wathi et la fondation Konrad Adenauer ont réuni autour d’un débat virtuel participatif, le mercredi 17 novembre dernier, le directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers, le vice-président du comité chargé du contrôle des missions de sécurisation du territoire national, les élus locaux et la société civile sur la sécurité des espaces frontaliers au Bénin.

Un exercice inédit. Même si les frontières reçoivent de plus en plus d’attention de la part du gouvernement et par ricochet des médias, certaines préoccupations qui gravitent autour de cette thématique dont notamment, celle sensible du risque de débordement de l’extrémisme violent sahélien au nord du Bénin demeure depuis toujours un sujet tabou. Pourtant, il est mentionné dans le rapport 2021 de l’institut néerlandais des relations internationales intitulé ‘’Loi de l’attraction, le nord du Bénin et le risque de propagation de l’extrémisme violent’’ que, « les régions septentrionales du pays sont confrontées à de sérieux risques d’exploitation idéologique et communautaire orchestrées par différentes organisations extrémistes actives de l’autre côté des frontières ». Ainsi, les différents acteurs évitent le sujet dans un contexte où le Burkina-Faso, le Niger et le Nigéria sont fréquemment confrontés à des attaques terroristes.
Il ressort pourtant de la discussion organisée par Wathi, qu’il n’y a pas de sujet tabou quand il s’agit du développement des espaces frontaliers et qu’en initiant des débats dépassionnés objectivement modérés, des pistes d’actions concrètes peuvent être mises sur la table pour sortir des sentiers battus.

Des propositions pour sortir les régions frontalières de l’ornière
Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle. Les perspectives de développement dans les territoires frontaliers sont faibles. Les défaillances des systèmes de contrôle et de surveillance de ces lieux assombrissent le tableau. Violence communautaire due entre autres aux conflits entre populations d’éleveurs et agriculteurs, Insécurité issue de la gestion de la propriété foncière et des parcs naturels, les fronts de tension dans les zones frontalières arborent plusieurs formes. Et la solution pour rétablir les populations dans leurs droits à la paix, au développement et à un climat apaisé se veut l’efficience de la coopération entre les pays voisins : « Le fleuve Niger relie toutes les zones d’actions du terrorisme mais personne ne contrôle le transport sur ce fleuve-là à partir de Malanville parce qu’on se dit que le Bénin a la moitié, le Niger la moitié. On a donc des forces marines qui ne contrôlent qu’une petite partie de cet espace. Nous avons pu aujourd’hui réussir à tracer correctement ces frontières. Grâce à la convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière, nos deux pays ont réussi à mettre leurs forces dans le même bateau pour assurer la sécurité. Cela permet désormais de poursuivre le délinquant sur les deux rives », confie le directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers, Dr Ayité Marcel Baglo en réponse au président de l’Association béninoise d’études stratégiques et de sécurité qui a pointé du doigt l’absence d’un travail coordonné sur la situation de nos frontières héritées de la colonisation et dont les délimitations sont toujours sujet à polémique. « Il n’y a pas d’échanges d’officiers de liaison entre les pays voisins et le Bénin par exemple. Ce qu’il faut faire, c’est de créer des unités mixtes de brigade frontalière entre ces pays pour pouvoir organiser une riposte optimisée et holistique », assène un peu plus tôt Oswald Padonou. L’idée principale derrière ces deux visions croisées d’experts est que les frontières doivent cesser d’être des barrières pour devenir des passerelles.



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