Supercherie dans les poissonneries : A malin, malin et demi

8 septembre 2022

Les poissonneries, lieu d’échange entre vendeurs et acheteurs dissimulent parfois une mauvaise foi des différents acteurs impliqués. Et pourtant, les protagonistes se rejettent mutuellement le tort.

Dans toute transaction, la recherche du profit reste une priorité. Tant du côté de l’offre que de la demande, l’objectif final demeure le même. Dans cette guerre d’intérêts, tous les coups sont permis. Dans les poissonneries, le constat est similaire. Les acheteurs se plaignent de la tricherie orchestrée par les vendeurs tandis que ceux-ci mettent en avant l’insatiabilité des acheteurs. Pour Fati, Restauratrice à Mènontin, habituée à faire des achats dans les poissonneries pour des besoins commerciaux, un seul facteur serait à la base de la tricherie dans les rangs des vendeurs. « La glace sur le poisson joue sur le poids. Lors de la pesée, tu penses que tu as de gros poissons. Mais une fois à la maison, après que la glace a totalement fondu, et que tu coupes, le reste devient insignifiant. Cet état de choses impacte négativement mon commerce… je perds mon investissement », déplore-t-elle. Pour cette dernière, cette suite d’évènements n’est nullement le fruit du hasard. Elle s’explique : « Ce sont les grandes poissonneries qui jouent à ce jeu puisqu’elles disposent de chambre froide. Ce qui fait que les poissons absorbent beaucoup d’eau », a-t-elle ajouté. Aux grands maux les remèdes, Fati a adopté une nouvelle stratégie pour faire ses achats de poissons. « Depuis que j’ai compris leurs manigances, je ne vais plus dans les grandes poissonneries pour acheter. Je vais m’approvisionner dans les petites poissonneries à côté pour éviter ce genre de déconvenues à l’avenir », ajoute-t-elle.
Les vendeurs, quant à eux, lèvent toute équivoque et se défendent en soulignant qu’il s’agit d’accusations infondées. Dans une poissonnerie non loin de l’hôpital de zone de Mènontin, l’on observe quelques clients au comptoir, ils forment une file d’attente en vue de s’acquitter de leurs factures et entrer en possession de leurs produits. Pour Rodrigue, Gérant de la poissonnerie, il s’agit d’un problème d’incompréhension. « Ici on utilise la balance pour peser les poissons directement sortis de la chambre froide. On ne trafique pas la balance comme peuvent le penser certains clients. Sur la balance, si le poids correspond à ta demande, on te l’emballe. Cela se fait sous les yeux des clients, ils vérifient par eux-mêmes avant de passer à la caisse pour payer. Donc, je ne vois pas d’où vient le problème », ajoute-t-il. Si pour certains, la source des tensions est inconnue, Christelle, Gestionnaire d’un établissement de vente de poissons à Abomey-Calavi, pointe du doigt la responsabilité des acheteurs. Elle met avant une hausse généralisée des prix sur le marché « Les produits ont changé de prix, huit mois auparavant les prix étaient nettement abordables comparativement à aujourd’hui… Il suffit juste de les comparer. Ces acheteurs qui disent que certaines poissonneries font de la fraude sont des éternels insatisfaits. Même si tu leur donnais tous les poissons de ta réserve, ils tiendront toujours le même discours », soutient-elle. Elle poursuit en ajoutant que le processus de conservation des produits exige que les poissons soient gardés à une certaine température, soit dans un congélateur, ou une chambre froide, ce qui augmente la glaciation. Si on manque de bien conserver les poissons, ils pourrissent, et ces clients seront les premiers à se plaindre de cela. », a-t-elle conclu. A en croire ces deux gestionnaires, ils ne font que suivre les règles du jeu et tout porte à croire qu’ils ne feront rien pour répondre aux attentes des clients dans ce sens. Au détour de cet échange, Reine, une cliente vient d’emballer deux cartons de poissons fraîchement débarqués. Elle se confie sur la tricherie dans les poissonneries « Moi je n’achète pas mes poissons en détail, j’achète souvent deux voire trois cartons. Donc, j’évite les petits bavardages. Les poissons sont emballés depuis l’Europe. A partir de là, tout est réglé », ajoute-t-elle. Si tout porte à croire que la guerre d’intérêts entre vendeurs et acheteurs ne semble pas trouver de compromis, certains acheteurs comme Reine ont trouvé la solution. Pour d’autres, le problème reste entier. Une intervention de l’autorité publique serait la solution.
Brunelle AMOUSSOU & Maël Lerroux BELOU (Stags)



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