Vaccination contre l’épidémie du VHD ou « l’Ebola du Lapin » : Sous le choc de l’hécatombe de 2019, les cuniculteurs angoissés

3 septembre 2020

Les producteurs de lapins au Bénin sont dans l’angoisse. Ils craignent de perdre leurs lagomorphes domestiques du fait de la propagation de la maladie virale, VHD dont le virus est très offensif. La vaccination qui paraît la porte de sortie, n’est pas non plus sûre pour eux. Les raisons.

Des lapins en cage, bien portants, prennent leur repas du matin. Mais en face, Elisée Hounkponou, un cuniculteur à Zogbohouè au cœur de Cotonou n’est guère rassuré. A l’horizon, le Président des cuniculteurs du littoral voit venir la maladie virale, VHD, comparée à Ebola et qui décime les populations de lapins. « Toutes les semaines, des collègues m’appellent pour se plaindre de la mort de leurs lapins », confie-t-il, l’air déboussolé. Les symptômes, les cuniculteurs les connaissent bien : crise d’éternuements, phases d’excitations, spasmes, hémorragies nasales, buccales et anales, puis la mort de l’animal. Ce qu’ils ne savent pas, c’est l’efficacité du vaccin censé protéger ces lagomorphes, surtout après l’hécatombe de 2019.

L’embarras du vaccin
L’année dernière, Elisée Hounkonnou a perdu 1548 lapins, pour un montant de 6 millions, dit-il, trois semaines après le vaccin. Et pour la campagne prévue du 30 août au 11 septembre 2020, il dit n’avoir d’autre choix que de le faire. « Ils nous ont dit que le vaccin de 2019 n’était pas celle censée protéger les lapins, puisqu’il y a deux types de virus. C’est suite à cela qu’ils ont fait amener un nouveau vaccin. Mais, il y a des camarades qui l’ont déjà pris et qui disent que la date de péremption est pour le 21 septembre. Moi je ferai le vaccin. J’ai des commandes et des contrats, je n’ai pas le choix. Si je perds, je saurai que c’est l’Etat qui est en faute », ajoute-t-il. Suite à l’appel fait à l’endroit des cuniculteurs pour qu’ils vaccinent leurs lapins, Patrice Sagbo, diplômé en production animale de l’ex CPU de l’Université d’Abomey-Calavi, et dont l’organisation a perdu 3.000 têtes l’année dernière, s’offusque.

Boycott contre un vaccin dans l’inconnu
Dans une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux le week-end dernier, Patrice Sagbo appelle le Chef de l’Etat, Patrice Talon à la rescousse. Ramener le coût de la dose de 800 à 100 francs n’est pas pour lui la solution mais un piège. « Cette campagne de vaccination est-elle un acte ponctuel ou planifié ? A travers cette campagne, que veut-on sauver : les doses de vaccin ou les lapins des éleveurs ? Si ce sont les lapins, quel est le problème qui se pose actuellement à ces lapins ? Quel est le statut sérologique de ces lapins ? Si on peut céder une dose de ce vaccin à 100 f aujourd’hui, pourquoi ne pouvait-on pas le faire hier ? Qu’est-ce qui justifie cette soudaine " générosité " ? Quelle assurance a-t-on de la qualité biologique actuelle de ces doses de vaccin ? Est-on sûr que les lieux de dépôt de ces doses de vaccins remplissent les conditions optimales de conservation de vaccin ? En cas de dommages post- vaccinaux comme en 2019, qui en répondra ? Les éleveurs victimes pourront-ils avoir des voies de recours ? Ne va-t-on pas assister à la même hécatombe qu’en 2019 ? ».
Le Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la pêche a aussitôt rencontré les acteurs dans la soirée du lundi. Selon Gabriel Anagonouvi de l’ONG Eleveurs sans frontières qui y était, le principe retenu est que « la vaccination va se dérouler mais elle ne sera pas systématique. Ceux qui le veulent peuvent aller signer un engagement qu’ils sont demandeurs ». Patrice Sagbo rejette ce principe. « Il faut un boycott total. Pourquoi c’est à l’éleveur de signer un consentement alors que c’est celui qui cède le vaccin qui doit donner des garanties ? », Insiste-t-il. Le chat échaudé craint l’eau froide, dit-on. Les cuniculteurs restent réticents et vigilants, dans l’attente d’une clarification.



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