Voix de femme : Adélaïde Fassinou : “Je garde une frustration due à mon genre”

7 mars 2023

Professeur certifié de lettres, Adélaïde Fassinou épouse Allagbada est par passion aussi écrivain. Elle dénombre treize (13) ouvrages individuels à son compte dont YEMI ou le miracle de l’amour, édition du Flamboyant, Cotonou 2000 inscrit depuis plus de trois ans au programme de la classe de 5 ème des collèges au Bénin. Cette béninoise qui veut maintenant s’investir dans la rédaction de livres pour enfants, parle ici de la femme.

Quelle est la place de la femme béninoise dans la société actuelle ?

La femme est toujours marginalisée malgré tous les efforts que le politique, les ONGs et les organisations internationales font pour permettre à la femme béninoise d’être mieux lotie au sein de notre société.
De plus en plus de femmes occupent des postes de décisions. Mais le nombre de decideures est toujours minoritaire aux côtés des hommes. On peut mieux faire avec de la volonté politique.

Quelle appréciation faites-vous de l’égalité homme-femme ?

Égalité homme femme...juste de la théorie. Seules les femmes qui osent lever la tête et se battre pour se faire entendre jouissent de ce droit d’égalité.
Sinon la constitution de notre pays l’accorde mais dans les faits, ce n’est pas appliqué partout.
Heureusement, au Bénin on n’a pas d’inégalités sur le plan salarial. A grade égal, salaire égal...

Partagez avec nous une anecdote vécue en raison de votre condition de femme ?

De tout temps, je garde une frustration due à mon genre...Les écrivains mâles s’invitent entre eux, se renvoyant ainsi l’ascenseur. Quant à moi la femme, on m’invite en priorité lorsque le Comité d’organisation de la manifestation à l’étranger est présidé par une femme. Ou si les autorités insistent pour qu’on inclue des femmes parmi les participants. Sinon, lorsque cela se fait par une personne civile, il pense à ses amis. Et les amis de ses amis sont aussi appelés.
On sait que nous autres femmes sommes délicates et un peu difficiles sur certains aspects des choses : où dormir, quoi manger, les conditions du voyage...Donc on nous oublie et j’avoue que c’est très frustrant pour l’écrivaine que je suis, et qui a publié personnellement au moins une douzaine d’ouvrages.

Que diriez vous à votre petite-fille aujourd’hui ?

A ma petite fille, je lui dirai de prendre exemple sur moi et de ne pas se laisser impressionner par les garçons de sa classe qui font les machos. De bien travailler afin d’être toujours dans le peloton de tête.
Ainsi, elle se fera respecter et gagnera ses diplômes à la sueur de son front. Ensuite, lorsqu’elle aura fini de bonnes études, elle aura de bons postes, des postes de décisions bien mérités à la sueur de son front.
Qu’elle se batte comme sa Mémé qui est une agodjié, une amazone des temps modernes.

Propos recueillis par Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)



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