Défaite du Bénin face au Rwanda : Les Guépards sans crocs à Kigali

16 octobre 2024

Les limites techniques et tactiques de l’équipe
Une défaite sans gloire. Le Bénin est passé à côté de son match face au Rwanda après la large victoire obtenue lors de la première manche à Abidjan. La défaite peut arriver mais celle-ci vient comme une blague de mauvais goût eu égard au jeu proposé par la sélection nationale. La bande à Gernot Rohr ne donnait pas l’impression de jouer au football. Mauvais contrôles de balle, des passes à l’adversaire, conduites de balle approximatives, dégagement à l’emporte-pièce et au finish, un jeu déplaisant. En clair, les Béninois ont offert un spectacle médiocre qui irritait plus d’un avec l’inexistence d’un fond de jeu. Presqu’aucune construction pour aller vers l’avant durant toute la partie.
Par conséquent, même s’ils ont défendu, il n’y avait pas de transmissions dans les phases de possession et de contre-attaque. A la limite, la balle est juste balancée de la défense directement à l’attaque. En effet, le milieu de terrain a peiné dans l’animation du jeu. Gernot Rohr a commis l’erreur comme à son habitude, de jouer sans un véritable meneur de jeu. Pis, l’équipe a pris la mauvaise décision de reculer lorsqu’il menait au score. Cette faute lourde n’a pas manqué de coûter chère au Bénin. Ainsi, en défendant, les Guépards acculés, ont fini par craquer face aux assauts répétés des Rwandais en l’espace de 5 minutes. Coup sur coup, ils ont encaissé deux buts qu’ils pouvaient éviter s’ils avaient pris la décision de jouer plus haut. D’ailleurs, le sélectionneur l’a reconnu en conférence de presse d’après-match et a déclaré avoir tiré leçon de cette attitude létale. Hélas ! pour un coach qui a tant d’années d’expériences, il devrait le savoir avants.

Les péchés mignons de Gernot Rohr
Mais, les erreurs de Gernot Rohr s’enchainent et se multiplient depuis son arrivée à la tête de la sélection. Elles partent de la sélection des joueurs aux choix tactiques sur le terrain. En considérant, les différentes listes conçues par le technicien Franco-allemand depuis deux ans, tout concourt à y voir du copinage et des préférences sans raison sportive. Sinon, pourquoi le coach s’obstine à convoquer des joueurs en méforme, sans club et en manque de temps de jeu ? Ces irrégularités reviennent à chaque regroupement et font l’objet de critiques tant dans les médias que sur d’autres plateformes. Pourtant, il est sourd aux critiques et aux reproches même si les faits incriminés sont évidents et sautent à l’œil. Jodel Dossou et Saturnin Alagbé ont fait le beau temps de la sélection et devraient en principe prendre une pause en raison de leur situation professionnelle où ils sont sans club ou ne jouent pas pour avoir de bons réflexes.
Malheureusement, le sélectionneur Rohr tourne en dérision les préoccupations de supporters ou se confond très souvent à des explications fantaisistes. Sur le cas de Jodel Dossou où tout le monde est quasi-unanime sur le fait qu’il n’a plus sa place en sélection, Gernot Rohr a eu une justification insolite à savoir que le club du joueur est le Bénin. C’est une blague de mauvais goût qu’aucun entraineur de son rang ne doit sortir sans avoir des mises en garde de son employeur.
L’autre justification qu’il donne en appelant certains joueurs en méforme est qu’il n’y a plus d’autres mieux que ceux à qui il fait appel. Seulement, on ne cache pas le soleil avec un tamis. De bons joueurs, le Bénin en a et peut en trouver. La preuve, il se prive d’un meilleur passeur de l’équipe nationale encore en activité à savoir Cèbio Soukou. Celui-ci, contrairement à Jodel Dossou, est sociétaire d’un club et, est régulièrement titulaire. De plus, il est très souvent décisif dans son club.
Malheureusement, l’égo des uns et des autres prive le Bénin d’un joueur important. Et, il n’est pas le seul. Que dire des joueurs à l’image de Serge Obassa qui joue régulièrement dans son club au Nigeria mais à qui on préfère des joueurs de banc de touche ? Ce sont là des interrogations légitimes et visiblement, l’employeur attendra une élimination qui pointe à l’horizon avant de demander des comptes à l’entraîneur national.
Sur le terrain, les choix de Gernot Rohr sont, dans la plupart des cas, contestables. Hier à Kigali, le système de jeu n’était nullement celui de la gagne. Le Bénin a perdu parce que le milieu de terrain était inexistant, constamment dominé et trop souvent contraint de rendre le ballon à l’adversaire, nous plaçant ainsi dans une position défensive constante. A dessein, l’entraîneur a mis sur la pelouse verte, un trio défensif au milieu de terrain sans un véritable meneur de jeu. Par le passé, Michel Dussuyer qui jouait aussi un football très défensif mettait deux récupérateurs qui sont Jordan Adéoti et Sessi d’Almeida et ensuite plaçait dans l’antre, Stéphane Sèssègnon, véritable dépositaire du jeu offensif de l’équipe à l’époque. Aujourd’hui, la donne a changé. Le Bénin n’a plus un meneur à la taille de l’ancien capitaine, donc le système doit s’adapter à l’effectif actuel. En plus du système de jeu inexplicable, Gernot Rohr a échoué dans ses remplacements. A force de ne pas vouloir entendre raison, il a commis l’erreur en faisant entrer Jodel Dossou pour palier la blessure d’Andréas Hountondji alors que Steve Traoré et Romaric Amoussou sont titulaires et en forme avec leur club. La preuve, l’entrée de Steve Traoré dans les derniers instants a été remarquable, tandis que Jodel Dossou est resté l’ombre de lui-même durant son court séjour sur l’aire de jeu. Sur l’aile gauche, Junior Olaïtan a été l’ombre de lui-même. Depuis la première période, le joueur a montré des signes de méforme. Pourtant, Gernot l’a gardé durant les 90 minutes.

Le Bénin déterre les vieux démons des dernières journées
En définitive, en manquant le coche face au Rwanda, le Bénin se met en difficulté et donne du stress à tout un peuple. Pour rappel, les deux prochaines journées seront décisives mais surtout compliquées. Car, les adversaires vendront chère leur peau. La réception du Nigeria sera un autre match que lors de la victoire en mars dernier. Cette fois-ci, le Nigeria n’est plus en crise avec l’ancien coach George Finidi et retrouve la sérénité. Les Guépards devront batailler dur pour chercher ne serait-ce que le point du nul face au géant de l’Est. Les Chevaliers de la Méditerranée ont déjà annoncé les couleurs de la forte rivalité à venir avec l’enfer qu’ils ont fait vivre aux Super Eagles du Nigeria qui étaient en route pour l’opposition avec eux à Benghazi. Le Bénin est prévenu que le voyage en Libye ne sera pas une mince affaire.
Donc, l’on risque de sortir à nouveau les calculatrices lors de ces dernières journées. Les souvenirs à ce niveau ne sont pas bons. En effet, lors des deux dernières campagnes qualificatives de la CAN, le Bénin a manqué le rendez-vous sur des détails. Et le plus marquant reste le feuilleton des deux dernières journées des éliminatoires de la CAN 2021 où les Guépards avaient juste besoin du nul pour aller au Cameroun. Malheureusement, ils n’auront jamais cet unique point, battus respectivement par le Nigeria et la Sierra-Leone. Le Bénin semble s’embourber dans la même spirale qu’à l’époque puisqu’il doit encore jouer le Nigeria à domicile qui, on se souvient, l’avait remporté en 2021 alors qu’il était déjà qualifié. Ensuite, la Sierra-Leone avait plongé les Ecureuils dans un feuilleton dont il faut voir de loin les signaux dans le voyage des Super Eagles en Libye en attendant celui des Guépards. C’est dire que cette défaite du Bénin à Kigali est un vrai coup dur. Alors, il faut corriger le tir avant les prochaines journées en novembre. Autrement, le rêve du Maroc ne serait qu’une chimère.
Ange M’poli M’TOAMA



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