Le brassard de la solidarité

La rédaction 16 juin 2014

Par-delà ce qui se passe sur le rectangle vert, les matches se gagnent le plus souvent dans les vestiaires. La Côte d’Ivoire en est la plus parfaite illustration. Et Sabri Lamouchi en est l’instigateur. Le sélectionneur Franco-Tunisien, le plus jeune de la confrérie de ce Mondial, avec 42 ans à peine, a fait preuve de plus d’expérience que ses prédécesseurs. En effet, il a été constaté que l’avènement de Didier Drogba au sein des Eléphants, a créé beaucoup de troubles dans l’ordre préétabli des pensionnaires issus du centre de formation “Sol béni“ de l’Asec d’Abidjan. Le capitanat était partagé entre Didier Zokora et Yaya Touré. De par son impact moral et son efficacité devant les buts, les précédents sélectionneurs ont cru bien faire en préférant, au deux sus-nommés, Didier Drogba qui, lui, a été formé en Europe, donc étranger à l’intimité des “issus“ de l’Asec d’Abidjan. Sans rien laisser paraître, ces derniers en ont fait grief, et monté une cabale dans les vestiaires. Le résultat en est du manque de cohésion plus que perceptible pendant toutes les phases finales de Coupes d’Afrique des Nations et du Monde. Drogba était en minorité et n’avait pas le soutien et les passes nécessaires pour faire la différence au moment crucial. C’est l’une des explications majeures des échecs répétés de la Côte d’Ivoire. Mais, avec Sabri Lamouchi, les faits semblent prendre une nouvelle tournure. Pour un équilibre de l’ensemble, il a réussi à convaincre Didier Drogba de laisser le brassard de capitaine à Yaya Touré qui a pris une méga dimension internationale. Qui plus est, il a la majorité avec lui, du fait de leur appartenance originelle à l’Asec d’Abidjan et “Sol Béni“. Les faits lui ont donné raison. Jamais l’on n’avait vu les “Eléphants“ aussi remontés moralement, mentalement et physiquement. Après les quinze premières minutes qui les ont vu encaisser un but et en éviter 2 autres grâce à un Copa Barry étincelant, les Yaya Touré, Zokora et compagnie ont pris le match à bras le corps pour défendre “leur brassard“. Malheureusement, leurs efforts ont été assez mal récompensés, jusqu’à l’arrivée de Didier Drogba. Les 4 premières minutes ont suffi pour montrer qu’il reste le joueur le plus craint et respecté des défenseurs adverses. Sa seule présence a perturbé leur placement et libéré des espaces à Wilfrid Boni et à Gervinho pour concrétiser en buts les deux centres millimétrés du “Toulousain“ Serge Aurier. La Côte d’Ivoire aurait pu l’emporter par un écart plus conforme à sa domination sur un Japon assez bon, mais d’une infériorité manifeste devant la furia et la maestria d’une Côte d’Ivoire enfin digne du niveau qu’on lui connaît. On sait qu’avec cette cohésion retrouvée, dans les vestiaires, et sur le terrain, la Côte d’Ivoire a ménagé sa monture pour un parcours prometteur dans ce Mondial brésilien. Mais que sera demain si Lamouchi redonnait le brassard à Drogba ? Tout est dans la réponse à ce questionnement.
Béchir Mahamat



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