En toute sincérité : L’autre prostitution

François MENSAH 6 juin 2014

C’est avec une étonnante facilité et parfois avec une vilaine méchanceté que nos contemporains s’en prennent aux filles de joie. Celles qui sont officiellement reconnues comme étant des prostituées et qui monnaient leurs charmes au gré des billets distribués par leurs partenaires d’un soir n’ont souvent droit à aucune excuse. A elles les quolibets et les insultes de toutes sortes. Il y a pourtant pire que ces pauvres demoiselles sur lesquelles la société s’acharne régulièrement. Reconnaissons à ces créatures le mérite d’assumer au grand jour leur indigence et de gagner leur pain à la sueur de leur corps devant Dieu et les hommes. Il y en a qui malheureusement devraient obtenir la palme d’or en hypocrisie et le césar de la dépravation en cachette. Ces tricheuses en eaux troubles ont trouvé le moyen le plus sur pour se faire de l’argent facile. Elles parcourent les domiciles ou les bureaux des hommes qu’elles rencontrent au hasard pour s’octroyer un minuscule butin afin de satisfaire leurs besoins essentiels. Les plus organisées ont un répertoire bien fourni et dès que le coq émet ses premiers cris, elles envoient des signaux d’alerte à leurs proies. Et comme il est de coutume, de vulgaires farfelus se laissent attendrir par les cris de détresse de ces infâmes créatures qui se sont assigné le lugubre devoir de dépouiller les hommes au quotidien. Une somme de dix mille francs grappillée à Fidjrossè, cinq mille francs récupéré à Vodjè et cinquante mille gagnés à Tankpè suffisent déjà à assurer la journée de ces arnaqueuses des temps modernes. Et curieuse anecdote, elles trouvent toujours un motif pour expliquer leur besoin de pécune. Quand l’enfant n’est pas malade, c’est le loyer qui n’est pas payé. Des naïfs invétérés se laissent hélas gruger régulièrement par ces copines d’un soir, compagnes d’un jour ou camarades d’une semaine. Le moyen le plus simple de se faire de l’argent, c’est désormais le téléphone et le corps. En effet, ces rapaces d’un nouveau genre sont très futés. Dans la journée, elles multiplient les appels afin de vous joindre et de fixer un rendez-vous. Et dès que l’oiseau que vous êtes est dans la cage, le plan entre dans sa phase active. Elles n’hésitent pas à faire l’âne devant le premier venu juste pour récupérer deux ou trois billets devant leur permettre de satisfaire certains besoins. J’en connais même qui ne refusent pas de partager leur intimité avec plusieurs hommes à la fois, pourvu que leur rémunération soit assurée à l’issue de ces sinistres parties de jambes en l’air. D’autres sont championnes en matière de détournement de fiancés ou d’époux de leurs copines. Il suffit que l’indélicate se rende compte que vous avez plus ou moins une certaine aisance financière qui vous permet d’afficher votre élégance pour qu’elle mette en marche son plan de conquête machiavélique. Les hommes étant ce qu’ils sont, tels des poissons affamés, ils mordent souvent à l’hameçon. Ce qui est vraiment dommage. Parmi toutes ces belles d’un jour qui se font passer pour des demoiselles sérieuses, il y en a beaucoup qui ne prennent malheureusement pas le minimum de précautions pour se protéger et vous épargner de certains maux. Et c’est cela qui devrait interpeller nos consciences, car même les prostituées officiellement reconnues sont désormais plus crédibles que ces escrocs qui se promènent de maison en bureau dans le seul but de se faire un peu d’argent. Méfiance donc.



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