En toute sincérité : L’échec budgétaire !

François MENSAH 23 décembre 2013

Les députés ont rejeté, jeudi dernier, le budget général de l’Etat, exercice 2014. Ce vote intervenu à l’Assemblée nationale, à la vérité, s’adresse particulièrement à une seule personne : Boni Yayi. Le chef de l’Etat est le seul destinataire du message des parlementaires. Lui qui a cru jusqu’au dernier moment que sa majorité était la clé de voûte du budget. L’heure a maintenant sonné pour que le leader de la majorité présidentielle ouvre les yeux et tire les leçons qui s’imposent.
Deux possibilités s’offrent à lui. Soit, il sauve les meubles en décryptant le message des parlementaires, soit il adopte la politique du singe qui n’entend rien, ne dit rien et ne comprend rien. Le message des députés est sans équivoque. Ils ont voulu signifier au Docteur Boni Yayi qu’ils ont décrypté son logiciel. Un logiciel qui de 2004 à ce jour a consisté pour le candidat d’hier, président aujourd’hui, à présenter un visage angélique à ses interlocuteurs, obtenir ce qu’il veut, faire de son vis-à-vis ce qu’il veut et lui tourner le dos après. C’est ce jeu que tous les interlocuteurs du chef de l’Etat ont compris et refusent désormais de tomber dans son piège. Sinon, comment comprendre que les cris de détresse de la Renaissance du Bénin pour l’approvisionnement des comptes de la mairie de Cotonou, soient restés sans suite et subitement à la veille du vote du budget, ces comptes ont commencé par être approvisionnés ?
Les députés de la Renaissance du Bénin ont toutefois trouvé la ficelle trop grosse et le premier responsable de ce parti, dans un équilibrisme qui ne dit pas son nom, leur a donné pour consigne de vote l’abstention. Mais, les députés Rb ont préféré montrer au chef de l’Etat que la ficelle était trop grosse. Les mêmes députés qui cherchaient depuis des lustres à rencontrer Boni Yayi afin de lui faire part de leurs préoccupations et qui n’y arrivaient pas, c’est eux qui sont conviés avec grand soin, la veille du vote, à la présidence de la République. Toutefois, on retient que ces députés sont restés insensibles aux promesses et aux paroles de leur hôte. Tout comme de nombreuses personnalités tant du monde politique que du monde des affaires adulées hier quand on avait besoin d’elles, devenues aujourd’hui non vertueuses, pour rien au monde, ils ne sont plus prêts à faire quelque cadeau au chef de l’Etat. C’est toutes ces victimes de la méthode Yayi qui ont conjugué leurs efforts pour que jeudi dernier, le budget soit rejeté pour ainsi signifier au chef de l’Exécutif que son jeu est connu de tous et que seuls, ceux qui ont leur compte dans son système peuvent continuer par faire semblant avec lui. Les autres, quel que soit le prix à payer, ne sont plus prêts à faire sa volonté sans contrepartie. Désormais, Yayi leur présentera la lanterne, qu’ils chercheront à voir la vessie qui est cachée derrière. A Boni Yayi donc de jouer. Ou il se rend compte que ses interlocuteurs sont tout aussi intelligents que lui, et à nouveau, il change la relation qui les a toujours liés ou alors il croit à ceux qui, attachés à des mamelles, continuent d’organiser des meetings pour dire qu’ils le soutiennent. Et dans ce cas, il ne serait pas de trop de lui dire, que leur soutien équivaut à celui de la corde qui soutient le pendu.



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