En vérité : Le pari de la salubrité

Moïse DOSSOUMOU 27 mars 2019

Salimane Karimou déclare la guerre à l’insalubrité dans les écoles. Par un courrier adressé aux directeurs départementaux, aux chefs de circonscriptions scolaires et aux directeurs d’écoles, le ministre des enseignements maternel et primaire veut œuvrer pour des écoles où le respect des règles d’hygiène est d’or. Déplorant le fait que les écoles qui abritent les plus petits soient jonchées de saletés et de mauvaises herbes avec l’inexistence de toilettes par endroits, le ministre a manifesté sa volonté de voir cet état de choses conjugué au passé. Sa trouvaille est simple. En plus du renforcement des mesures traditionnelles visant à rendre propre le cadre d’étude des apprenants, Salimane Karimou décide de l’institution d’une campagne de salubrité mensuelle. Elle aura lieu tous les derniers vendredis du mois dans l’après-midi. Cette initiative permettra à tous les acteurs de l’école de nettoyer de fond en comble leur environnement de travail.
Si les centaines d’établissements maternels et primaires que compte le Bénin sont assainis, que dire des communes, arrondissements, villages et quartiers de ville qui abritent les dizaines de milliers d’enfants de retour de l’école ? A ce niveau, le constat est désolant. Le cadre de vie des ménages n’est pas encore ce qu’il doit être en termes de salubrité. S’il y en a qui font l’effort de rendre propre leur domicile, une fois dans la rue, la saleté les rattrape. Il suffit de passer le portail pour reprendre contact avec les mauvaises herbes, les tas d’immondices et autres détritus. L’individualisme aidant, chacun balaie uniquement devant chez lui laissant aux voisins le soin de faire de même. Et si ceux-ci ne sont pas aussi regardants sur les règles d’hygiène, bonjour la saleté. C’est en cela que l’initiative du ministre des enseignements maternel et primaire mérite d’être prise en compte dans les communes. 77 au total, toutes les collectivités locales ont de sérieux problèmes d’assainissement.
Les populations, au lieu de s’impliquer par ignorance pour la plupart des cas dans la gestion de leur quotidien, s’en remettent à leurs élus. Ces derniers ne se gênent pas outre mesure pour s’investir avec leurs administrés dans le respect des règles d’hygiène. On fait ce qu’on peut, on se contente du minimum et tout le monde est content. La loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin classe dans les compétences propres des communes la gestion de l’assainissement de leur ressort territorial. Il va sans dire que les maires assistés de leurs collaborateurs sont censés prendre toutes les mesures visant à assurer la propreté de leur cadre de vie. Dans les maisons, les ruelles, les grandes artères, les places publiques, les marchés, les aires de jeu, la propreté doit être de mise à temps et à contretemps. Pour atteindre cet objectif, il suffit de prendre les initiatives les plus idoines et assurer un bon suivi quant à leur exécution.
Que sont devenues les campagnes hebdomadaires, bimensuelles ou mensuelles de salubrité dans les quartiers ? Plus personne n’en parle. Des décisions éparses prises dans ce sens n’ont été appliquées que pendant très peu de temps. L’engouement suscité est resté à l’étape embryonnaire. La volonté politique n’a jamais été aussi forte pour maintenir l’enthousiasme et l’intérêt des populations sur une longue durée. Ça commence bien, tambour battant souvent et puis patatras, tous s’écroule dans un parfait silence et une totale indifférence. Salimane Karimou fait bien de ramener ce débat dans les écoles. Si les enfants encadrés par leurs enseignants réussissent le pari de nettoyer les écoles, il faut bien qu’ils aient du répondant à la maison. Il ne reste plus qu’aux maires de se secouer et d’inciter leurs administrés à prendre constamment fait et cause pour l’hygiène.



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