Loi de finances rectifiée après deux mois de gestion : Le réalisme budgétaire du gouvernement Talon

Angelo DOSSOUMOU 30 juin 2016

A l’unanimité, les députés présents et représentés l’ont votée. Mardi dernier au Palais des gouverneurs à Porto-Novo, la loi de finances rectificative du budget général de l’Etat gestion 2016 est passée comme une lettre à la poste. Mais, il ne pouvait en être autrement. Équilibré en ressources et en charges à la somme de 1.423.487.000 Fcfa contre 1.552.977.000 Fcfa soit une baisse de 129.490.000 Fcfa correspondant à un taux de réduction de 8,34%, ce collectif budgétaire est empreint de réalisme. Et si, pour l’une des rares fois à l’hémicycle, aucune contestation de la représentation nationale n’a été enregistrée, il faut surtout y voir la pertinence des arguments du gouvernement.
En effet, d’après les explications du ministre des finances, le projet de loi de finances rectificative pour la gestion 2016 est bâti autour d’une rationalisation des dépenses publiques avec à la clé, des mesures d’annulation de crédits en lien avec la réduction du nombre de portefeuilles ministériels et l’appréciation de la capacité de consommation des crédits à fin décembre 2016, le redimensionnement des périmètres d’activités et des organigrammes des ministères et une revue de la qualité de la dépense engagée au cours du deuxième trimestre 2016. Bref, les différents ajustements opérés par l’argentier national ont permis non seulement de réaliser des économies mais surtout de contextualiser ou encore d’aller à l’adéquation entre le budget général de l’Etat et les réalités économiques du moment.
Fin des ambitions utopiques ?
Sinon, il n’y a pas si longtemps, à chaque vote du budget général de l’Etat, le débat était très nourri autour des chiffres jugés chimériques présentés par le gouvernement défunt. Autre temps, autres mœurs. Du moins, trois mois à peine après sa prise du pouvoir, le gouvernement Talon prouve qu’il est foncièrement attaché à la vérité des chiffres et ne tombera pas dans le piège du maquillage. Toutefois, il faut attendre le rendez-vous de décembre 2017 pour s’assurer de l’abandon par le gouvernement de la rupture des chiffres redondants et excitants mais qui, au finish, laissent les populations sur leur faim.
Pour le moment, les Béninois se contenteront d’une loi de finances rectificative qui permet au budget général de l’Etat gestion 2016 de faire, comme l’a noté le député Jean-Michel Abimbola, un virage en douce vers plus de rupture à partir de 2017. Aussi, au-delà de ce collectif budgétaire et malgré l’évolution peu favorable de la conjoncture, le gouvernement Talon doit faire la preuve de sa détermination à dynamiser l’activité économique et à améliorer les conditions de vie des populations. Autrement, il creuserait sa propre tombe. Aucun Béninois ne le souhaite. Raison de plus pour que le réalisme, l’abnégation et le patriotisme au service du peuple soient le bréviaire du gouvernement Talon. Espérons.



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