Exposition à la fondation Zinsou : Romuald Hazoumé met en scène un art engagé dans “Aré”

La rédaction 10 août 2015

La Fondation Zinsou accueille depuis le 6 juin “Aré”, une exposition d’art contemporain de Romuald Hazoumé. Pendant 6 mois, les visiteurs pourront découvrir le travail de l’artiste, qui dénonce les travers de la société, avec un certain nombre de clins d’œil à l’actualité.

C’est 10 ans après l’ouverture de la Fondation Zinsou où il a été le premier plasticien exposé que Romuald Hazoumé revient dans ce haut-lieu de culture africaine. “Aré” est le titre de cette exposition, terme qui désignait en terre Yoruba les porteurs de connaissances qui voyageaient pour diffuser le savoir et la culture. Tout un programme donc, pour cette exposition qui mélange les genres et mêle le contemporain à la tradition, deux notions qui ne semblent pas contradictoires au fil de la visite.
Car cette exposition est loin de ce que l’on peut attendre d’une simple visite de musée : pour commencer, elle s’exporte en dehors du bâtiment censé l’accueillir. Une fresque géante se dresse face à la Fondation Zinsou, représentant ces vendeurs d’essence qui risquent chaque jour leur vie. C’est le courage de ces femmes et hommes que Romuald Hazoumé a voulu saluer en introduction.
Ensuite, l’artiste ne se contente pas d’un genre artistique et varie les supports. Ainsi, on peut, entre la photographie de la fresque et les nombreuses sculptures, se laisser hypnotiser par une vidéo représentant les danses sacrées Yoruba, mêlant les percussions entraînantes et les costumes flamboyants.
Mais l’exposition ne s’arrête pas au thème de la tradition que l’artiste béninois a, semble-t-il, voulu sublimer, elle dénonce également les travers de la société. Ainsi, les affaires Talon ou Azannaï se retrouvent représentées par des sculptures de bidons en plastique, volontairement difformes et disgracieuses. D’autres œuvres sont elles aussi des métaphores, mais plus générales sur les maux de la société : tel est le cas de “Rouleau décompresseur”, lourde sculpture représentant quelques bidons bombés présents sur une roue, écrasant sur son passage des bidons plats et en mauvaise posture représentant le peuple, tandis que l’expression “la roue tourne” doit sûrement siffler à l’oreille du visiteur. Et c’est sur une œuvre grande de taille et forte de sens, “Mongouv.com”, que s’achève la visite : un mur de bidons représentant le peuple qui se dresse devant un petit tas d’autres bidons, le gouvernement. Le peuple semble faire bloc face aux quelques bidons désordonnés, bouches ouvertes comme pour protester contre les situations anormales dont il a pris conscience. Peut-être une note d’espoir, après tout le négatif qui a été dénoncé précédemment.
Sony PAUCOT



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