Construction d’une centrale thermique de 120 Mw : Les députés autorisent la ratification d’un accord de 10 milliards avec la Boad

Karim O. ANONRIN 24 juillet 2015

Les députés ont voté hier au Palais des gouverneurs à Porto-Novo le projet de loi portant autorisation de ratification de l’accord de prêt signé à Cotonou, le 07 avril 2015, entre la République du Bénin et la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad), dans le cadre du financement partiel du projet de construction d’une centrale thermique de 120 MW à Maria Gléta (Pcctmg) Phase II en République du Bénin. C’était par un vote à la majorité des députés présents. Du rapport de la Commission des finances et des échanges présidée par le député Raphaël Akotègnon qui a présenté le dossier à la plénière, il s’agit d’un projet qui coûtera au total 106.880.457.200 Fcfa dont 10.000.000.000 Fcfa représentant le prêt de la Boad. Aussi, la Commission des finances et des échanges, a-t-elle précisé que le projet de construction de la centrale thermique de 120 Mégawatts à Maria-Gléta contribuera entre autres à l’amélioration des conditions de vie des populations à travers la résorption du déficit de l’offre de l’électricité et la satisfaction d’une demande sans cesse croissante qui est actuellement évaluée à 210 Mégawatts et à l’accroissement de la capacité de production de la Société béninoise de l’énergie électrique (Sbee). Par ailleurs, la Commission des finances et des échanges, a fait un certain nombre de recommandations qu’elle a présentées à la plénière. Au nombre de ces recommandations, il y a la mise sur pied d’une Commission parlementaire d’enquête et d’information pour vérifier la qualité et la fonctionnalité des équipements de la phase I de la construction de la centrale thermique à Maria Gléta et la mise sur pied d’une commission parlementaire de suivi de la gestion de la Phase II du projet, l’accélération du processus de mise en place du cadre légal du partenariat public-privé, et la conception d’un tableau actualisé récapitulant l’endettement du pays. Au cours du débat général en plénière, plusieurs députés ont pu donner leurs appréciations sur le projet.
(Lire ci-dessous les propos de quelques députés au cours du débat général)

Député Boniface Yèhouétomè

« …Je voudrais m’interroger sur la question N°2 à savoir, quels sont les problèmes qui se posent aujourd’hui, pour le fonctionnement de la centrale de 80 Mgw de Maria Gléta et la question de la disponibilité du combustible. Le gouvernement a répondu en montrant que le fonctionnement au gaz de cette centrale revient cher au Bénin. Si on devrait l’utiliser à pleine capacité, on se retrouvrait à 600 millions de Fcfa par jour. Il n’y a pas eu étude de faisabilité avant la construction de la centrale ? Si on doit se prendre au sérieux, on doit, avant de réaliser un projet, faire les études nécessaires pour savoir à quoi l’on doit s’en tenir. Si le gaz n’est pas disponible, on devrait avoir pris des dispositions pour savoir réellement quelle solution alternative prendre, parce que, si on réalise une centrale et qu’en fin de compte, la question d’énergie n’est pas du tout réglée, ce n’est pas une bonne chose. On ne peut pas mettre des négociations de contrat … sur la place publique. Le parlement n’est pas la place publique. Je pense que si on doit contrôler l’action du gouvernement et autoriser les ratifications, on ne devrait pas nous cacher certaines informations. Donc, ce n’est pas normal ce qui est mis là comme réponse à cette préoccupation du parlement. Il faudrait quand même autoriser ces ratifications et prendre les mesures pour que aussi bien le parlement que l’exécutif puissent suivre les travaux de manière plus efficiente… »

Député Eric Houndété

« …L’occasion que nous offre ce dossier me permet de m’interroger sur les différentes annonces que nous avons eues, auxquelles nous avons assisté par rapport au projet d’électrification dans notre pays. Et je voudrais demander au gouvernement, les 80 Mgw de Maria Glété 1, concrètement où est-ce que nous en sommes ? Quelle quantité d’énergie produisons-nous aujourd’hui ? A quel cout ? Est-ce que le gouvernement estime que l’investissement qui a été fait et qu’on a tenté de défendre vaille que vaille, est-ce que cet investissement est pertinent ? Quelles sont les conclusions que le gouvernement a lui-même tirées par rapport à cet investissement ? Deuxième chose, barrage de Dogo bis à Kétou, où en sommes-nous ? Est-ce que nous pouvons rêver un jour que ce barrage sera réalisé ? Troisièmement, 25 Mgw offerts par la république Islamique d’Iran. Est-ce qu’un jour, ce projet sera concrétisé ? Quatrièmement, Barrage d’Adjarala pour lequel nous avons eu droit à des discours de résurrection du projet. Où est-ce que nous en sommes ? Et pour finir, il y a deux, trois ans, le gouvernement nous a fait rêver de 2000 Mgw de capacité, ou de production d’énergie pour le Bénin. Est-ce que ce rêve est toujours d’actualité ? … »

Député Robert Gbian

« …Je vais accentuer mon intervention sur une seule préoccupation, celle qui concerne évidemment l’accroissement de la production énergétique. A ce sujet, je voudrais savoir si le gouvernement prend des mesures concrètes pour donner la possibilité aux privés de participer à la production énergétique au Bénin. Il serait donc nécessaire voire impératif, d’améliorer la cadre institutionnel notamment juridique de la production de l’énergie électrique, afin de le rendre plus attractif pour les opérateurs économiques tant nationaux qu’internationaux. De telles mesures permettront de réduire de manière significative le déficit énergétique, afin d’améliorer les conditions de vie de nos populations. Cela étant, je ne voudrais pas remettre en cause le bien-fondé de ce projet de construction d’une centrale thermique. Mais seulement, il faudrait que les dispositions idoines soient prises pour sa réalisation dans les délais contractuels et son exploitation à pleine capacité.

Député Rachidi Gbadamassi

« …Je pense que le combat contre l’insécurité énergétique, n’est pas un combat gagné d’avance. C’est un combat permanent. Il y a eu délestage avant 1972, il y a eu délestage en 1991. Il y aura toujours délestage ! Faisons un peu d’économie comparée, parce qu’il ne sert à rien de dire que le Bénin sert des taux 10%, 9%. La question que nous devons nous poser est de savoir, qu’est-ce que le Bénin gagne et qu’est-ce que le Bénin perd ? Ce sont ces questions que nous devons nous poser. En matière de problème énergétique, Moi, je crois qu’il n’y a pas de prix ! L’essentiel pour nous, ce que veut le peuple béninois, c’est la sécurité énergétique. Comment sécuriser nos entreprises ? C’est important ! L’affaire de sécurité énergétique, est après tout, une affaire de sécurité des Béninois et des Béninoise. Donc, je crois que nous devons encourager le gouvernement à régler ce problème. Même le Nigeria notre voisin, malgré le pétrole, malgré tout ce qu’ils ont, ils n’ont pas fini de régler le problème de l’énergie. Il faudrait donc que nous encouragions le gouvernement à trouver des solutions idoines pour le bonheur des Béninois et des Béninoises… »

Député André Okounlola

« … De 1960 à 2015, cela fait 55 ans. Pendant 55 ans, le Bénin n’a pas pu régler son problème énergétique. Je conclus que les responsabilités sont partagées à tous les niveaux. Je crois que c’est un problème auquel nous devons sérieusement réfléchir et savoir que ce n’est pas l’affaire du régime actuel. C’est un problème qui dure dans le temps. Nous devons nous lever comme un seul homme pour régler ce problème, parce qu’il n’est plus à démontrer que l’énergie est une nécessité impérieuse à tout être humain… »
Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN



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