Financement et organisation des élections à bonne date Après les déclarations : …Que le peuple soit vigilant !

La rédaction 24 septembre 2014

Depuis Boko, dans le département du Borgou, le président Boni Yayi a mis en émoi son peuple. Il n’a pas fallu plus de 24h après des propos qui comme des poignards ont transpercé les cœurs de bon nombre d’acteurs de la classe politique et de la société civile pour réagir. Les réactions ont fusé. Mais, au niveau de l’Exécutif, entre la déclaration de Boko et les appréciations qui en ont été faites par le ministre de l’économie et des finances, Komi Koutché et le Secrétaire général du gouvernement, Alassani Tigri, le funeste breuvage servi au peuple par Yayi a dû être immédiatement remplacé. Trop enivrant. Après l’agitation qui a fait place à la sortie de Boko, il n’est plus question d’aller auditer le Cos-Lépi. Mieux, en une journée, il a été décidé de créditer le compte du Cos-Lépi.
Fantastique ! Le peuple ne demande que ça. Mais n’est-ce pas la résultante du tollé soulevé par les propos de Boko ? C’est dire que le peuple doit rester vigilant. Il n’est pas question de se laisser endormir. Et tant que les actes n’accompagneront pas les propos mielleux et les professions de bonne foi, le peuple doit sortir de sa torpeur. Il ne faut surtout pas que les membres de la classe politique, de la société civile, de la presse restent chacun de son côté. Ils doivent oser. Dans un élan solidaire, il est impératif qu’ils obligent le gouvernement à tenir parole. L’élection est la sève de la démocratie. Sans elle, il n’aura qu’à faire le deuil du système démocratie qui depuis la conférence nationale de février 1989 est entré dans les habitudes des Béninois. Alors, vigilance et exigeons les élections quoique cela nous coûte !

Extrait de la déclaration du président de la République, Boni Yayi

« Nous avons encore des difficultés à bouger. Et ces difficultés, je termine, en disant, sans ennuyer personne, parce que cela me préoccupe énormément. D’abord, la question de la qualité des institutions de la République. Quand il n’y aura pas des hommes de qualité, mus par l’intérêt général, le pays ne peut pas avancer. Et ces institutions doivent être complices. La complicité pour servir l’intérêt général. C’est de cela qu’il s’agit et c’est important. La justice doit être au rendez-vous, si nous voulons mettre un terme à l’impunité. C’est la justice qui peut, dans un État de droit, mettre fin à l’impunité. Ce n’est pas le Président de la République. C’est vrai, le Président de la République avec son administration peut mettre fin et prendre des sanctions disciplinaires. Nous en avons pris bon nombre déjà. Mettre fin à l’impunité est indispensable. Ce n’est pas négociable. Et nous avons besoin de la justice pour le faire. Et aussi, pour mettre fin à la corruption parce que si l’impunité s’installe, la corruption est généralisée et c’est le cas que nous vivons aujourd’hui. Mais, ce n’est pas l’affaire de Yayi Boni seul. Cela peut être l’affaire de quelqu’un d’autre. Et on traite Yayi Boni de corrompu. Alors que ce que l’on fait chez soi à la maison la nuit est plus grave. C’est une question qui interpelle toute la République et toute la nation. C’est une démission collective. Que la classe politique soit consciente de cela. Moi je suis conscient qu’il faut tout rebâtir parce que cette démocratie n’est pas belle. Ceci est très important. L’autre volet et je termine par cela. Une démocratie doit nous permettre d’organiser les élections à bonne date. Mes chers compatriotes ! Vous me direz, quel est le lien entre l’électricité et la démocratie. Cela se tient. Parce que s’il n’y a pas la stabilité, il ne peut pas avoir de prospérité. Nous sommes encore en difficulté pour organiser nos élections. Les élections coûtent chers dans notre pays. Elles coûtent excessivement chers. Tenez. Depuis 2006, que je suis venu aux affaires, nous avons dépensé plus de 100 milliards pour organiser les élections. 100 milliards, mes chers compatriotes. Je demande à la presse de relayer cela. J’aurai l’occasion de me prononcer là-dessus. Chacun est libre de raconter ce qu’il veut. C’est triste. Je suis triste pour mon pays. Triste. Lorsque l’Occident a fait avec le parlement cette histoire de Lépi. Ceci nous a permis, vous le savez bien, d’organiser les présidentielles. 45 milliards pour la Lépi. Et on m’a dit, après la Lépi, vos élections ne couteront plus chers. Très bien. Nous assistons à quoi aujourd’hui ? La situation est dramatique. Aujourd’hui, il nous faut encore 22 milliards. Dans une situation où la trésorerie de la puissance publique ne se porte pas bien. Ceci, pour des raisons de conjoncture nationale, régionale et mondiale. Nous avons par exemple notre voisin, puisque j’avais écouté les douaniers qui ont dit que le voisin du Nigeria a presque tout libéralisé. Tout ce qui se faisait dans notre pays a été délocalisé. Aujourd’hui, celui qui veut faire son commerce de riz peut aller s’installer au Nigeria pour le faire. On ne peut pas construire une économie comme cela. Nous sommes aujourd’hui exposés à ces aléas. C’est pourquoi nous devrons prendre tout en compte. Quand je dis 22 milliards, il s’agit du financement du Cos-Lépi et celui de la Cena. C’est un minimum de 20 milliards. On me dit que Cos-Lépi a déjà encaissé entre 6 et 5 milliards. La Cena demande aujourd’hui 8 milliards et quelques. Ceci demande d’autres ajustements au moment où nous sommes appelés à relever d’autres défis. Les Partenaires sociaux disent qu’il faut un relèvement de la valeur indiciaire avec une incidence financière de pas moins de 32 milliards. Si nous devrons intégrer les désirs exprimés dans nos communes en termes de sécurité humaine (...). Lorsqu’on est responsable, il faut s’asseoir et discuter. Je salue ce qui a été fait pour nous fournir un support afin qu’une élection paisible et transparente soit garantie. Cela est clair et net. Mais, il faut comprendre aussi l’Exécutif, qui dit aujourd’hui que les temps sont difficiles. Asseyons-nous. Qu’on soit Cena, qu’on soit Cos-lépi, asseyez-vous et discutez avec le ministère des Finances et voir s’il n’y a pas de doublons. Parce qu’aujourd’hui, c’est clair. Qu’est-ce que le Cos Lépi fait, qu’est-ce que la Cena fait de manière à libérer le contribuable ? Mais ils disent que si vous ne donnez pas les 20 ou 22 milliards, nous irons crier sur tous les toits que Yayi Boni ne veut pas les élections. C’est trop facile. Je gagnerai quoi alors ? Parce que partout où je passe, on me demande pourquoi je n’organise pas les élections. Je lance un appel au dialogue aux acteurs. J’accepte qu’on s’asseye. Qu’est ce que nous pouvons faire, vu l’état actuel de notre trésorerie ? Qu’on nous envoie un audit international pour voir si ce qu’on nous demande là, on peut y faire face sans compromettre nos engagements internationaux, par rapport aux partenaires sociaux, à la société civile, aux handicapés, la décentralisation etc. Les sollicitations sont nombreuses. Il faut que chacun soit conscient que nos élections coûtent chers et qu’il faut qu’on s’asseye pour prendre conscience de la gravité de la situation. Les attaques personnelles ne servent à rien. Il s’agit de l’avenir de notre pays. Il s’agit de relever le défi. Il ne s’agit pas de plonger le pays dans la boue. Voilà en fait ce que je tenais à vous dire. Je suis convaincu que tous ces défis seront relevés et je lance un appel à la nation pour que ce dialogue soit établi. Il faut éviter les attaques personnelles, les injures vis-à-vis de nos institutions de la République. Ce faisant, on va vider de son contenu cette démocratie que nous appelons de tous nos vœux. Que Dieu bénisse notre patrie. Amen !

Quelques réactions
Komi Koutché, ministre de l’économie et des finances
« … nous sommes tous jaloux de la qualité de notre démocratie et de notre capacité à organiser les élections »

…En effet, comme tous les Béninois, tous les membres du gouvernement et en premier lieu son Chef, nous sommes tous jaloux de la qualité de notre démocratie, de notre capacité à organiser les élections. Pour les échéances qui s’annoncent, le gouvernement joue parfaitement sa partition en ce qui concerne le volet financier. Je ne m’intéresserais particulièrement qu’à ça. Nous sommes dans un processus d’échanges très rapproché avec les différents organes. A ce jour, nous avons échangé avec le bureau du Cos-Lépi, précisément avec son Président. Nous nous sommes entendus sur un certain nombre de diligences. C’est important de faire savoir qu’aujourd’hui, nous avons déjà décaissé 6,6 milliards de francs Cfa pour les opérations de correction de la Lépi. Et contrairement à ce qu’on nous a fait croire, le Cos-Lépi n’est pas à court de liquidités. A la date d’aujourd’hui, le compte ouvert par le Cos-Lépi au trésor public est créditeur de 746 millions de Francs Cfa. Ce solde n’est pas égal à zéro. Ce qui suppose que le Cos-Lépi n’est pas à court de liquidités. Cependant, nous nous sommes entendus avec le Président du Cos-Lépi et les membres du bureau de la Lépi sur un certain nombre de choses. En tant que ministre de l’économie et des finances, jusqu’à aujourd’hui, je ne dispose pas d’un budget pour les opérations de correction de la Lépi. Les chiffres que nous avons sont basés sur des hypothèses. La première réunion que j’ai eue avec une partie des membres du bureau du Cos-Lépi quand j’ai pris service, nous a permis de retenir qu’il fallait que le Cos-Lépi essaye de travailler à me faire parvenir un document qui va non seulement faire le point de ce qui est déjà fait, mais aussi planifier la suite des opérations dans une dynamique de priorité, pour que nous puissions nous planifier dans la mise en place des décaissements. Nous n’avons pas encore eu ces documents et pas plus tard que la semaine dernière, j’ai échangé avec l’honorable Nicaise Fagnon qui s’occupe des questions du budget. Il m’a rassuré qu’il était en train d’élaborer le document et qu’il voulait plutôt me faire parvenir un document de qualité. Là-dessus, on s’entend très bien. Ce n’est pas pour autant que nous allons arrêter le décaissement en faveur du Cos-Lépi. Le 5 septembre dernier, nous avons décaissé 500 millions de Francs Cfa.
Pas plus tard que le jeudi dernier, j’ai échangé avec lui à l’Assemblée nationale, parce que j’ai été surpris par certaines informations relayées dans la presse. Il m’a dit exactement ce qui suit : « Moi, je ne fais pas attention à ce qui se dit dans la presse. Je te demande de ne pas faire attention à ce qui se dit dans la presse ». Donc, on ne peut pas aujourd’hui dire que le Gouvernement et les membres du Cos-Lépi ne s’entretiennent pas ; on s’entretient pour définir ensemble la méthodologie la plus pertinente par laquelle nous pouvons aller vers la fin de cette opération, conformément au plan de travail que nous aurons retenu. Ce jour-là, il me disait qu’il a sur le compte environ 800 millions de Fcfa et qu’il veut aller vers la fin de cette opération conformément au plan de travail que nous aurons à retenir. Aussi, il m’a dit qu’il a sur son compte environ 800 millions et qu’il veut s’assurer que le gouvernement va faire un effort supplémentaire pour que les décaissements arrivent, dès qu’il commence par opérer sur ce montant. Nous l’avons rassuré qu’il n’y aurait pas du tout de problème. Et on s’est entendu sur la cadence des décaissements comme cela devrait se passer.
Aujourd’hui, tout le Conseil des ministres a été consacré essentiellement aux questions de financement de la Lépi. Donc, sur cette entente que j’ai eue avec lui, un compte rendu a été fait au Chef du Gouvernement qui s’est chargé du dossier en Conseil des ministres pour qu’on s’entende sur le montant à mettre à leur disposition conformément à leur demande. Ainsi, le Chef du gouvernement a pris la décision en Conseil des ministres aujourd’hui d’autoriser le Ministre de l’économie et des finances à mettre à la disposition, du Cos-Lépi 2 milliards de Fcfa. Ce qui portera le montant total décaissé en faveur du Cos-lépi à 6,6 milliards Fcfa.
Dans la même veine, à l’heure où je vous parle, la Cena nous a déjà fait parvenir un budget de fonctionnement de l’ordre de 1 milliard de Fcfa et un budget pour l’organisation des élections de l’ordre de 7 milliards de Fcfa. Ce que nous avons eu comme réflexe, c’est de savoir s’il y a une logique. C’est-à-dire que le Cos-Lépi a déjà commencé un travail et la Cena aussi vient de faire un budget de près de 8 milliards, qu’on puisse faire asseoir les deux organes pour qu’on fasse une analyse croisée des budgets afin de voir s’il n’y a éventuellement pas un chevauchement, qu’il faut extirper, pour avoir un budget définitif. Nous nous sommes entendus et cela aura lieu vendredi prochain. Parce qu’il est question de savoir là où le Cos-Lépi s’arrête et par où la Cena commence…
Nonobstant cela, le Conseil des ministres, en décidant de donner 2 milliards supplémentaires au Cos-Lépi a dit, en attendant que nous fassions cette revue pour retenir le budget définitif de la Cena, qu’il fallait leur permettre de s’installer très rapidement. C’est pour cela que j’ai été instruit pour mettre à leur disposition avant la fin de la semaine 500 millions de Fcfa. Je ne vois pas alors là où il serait reproché au gouvernement de ne pas être en train de jouer sa partition. Nous jouons convenablement notre partition et nous pensons que, dans les limites de l’agenda que la Cena aura à définir avec le Cos-Lépi.
Cependant, il y a des questions de fond que nous abordions. C’est ce que le Chef de l’Etat a soulevé lors de sa dernière sortie et qui semble être comme d’habitude interprété dans tous les sens. C’est la question du coût des élections. Se préoccuper du coût des élections ne veut pas dire qu’on n’a pas la volonté de faire les élections, surtout lorsqu’on peut faire ce que je viens de décrire. On n’a pas manqué d’envoyer de l’argent au Cos-Lépi et il n’a été dit nulle part que le gouvernement ne veut pas financer les opérations électorales. Il a simplement dit qu’il faut, avec efficacité, faire en sorte qu’on puisse croiser, au fur et à mesure, ce que la Cena projette et ce que le Cos-Lépi a fait. Mais la question du coût des élections est là. De 2006 à ce jour, les élections nous ont coûté environ 100 milliards de Fcfa. Et quand on rapporte ce montant à chaque élection, on se rend compte que c’est sans commune mesure avec les autres pays de la sous-région. Pour un pays qui n’a pas de ressources, tout en gardant en esprit que l’organisation des élections est une obligation, il est important de commencer par soulever les réflexions sur le coût des élections. Plutôt que d’animer l’intoxication, il faut qu’on pense à comment minimiser le coût de nos élections, en nous entendant sur les actions les plus pertinentes à mener.
Je finirai en rassurant qu’au niveau du ministère de l’économie et des finances, les instructions du gouvernement sont très claires. Et le chef de l’Etat en assure un suivi particulier pour faire de l’organisation des élections une priorité…

Mathias Hounkpè, politologue
"J’espère qu’il s’agit d’une blague..."

Il paraîtrait que le Chef de l’Etat aurait dit qu’il n’y a pas d’argent pour organiser les élections. Ceci parce que les élections nous auraient coûté plus de 100 milliards de FCfa depuis 2006.
J’espère qu’il s’agit d’une blague et que le Président de notre République du Bénin n’a pas pu dire ça. Parce que je ne connais pas de pays où le coût des élections s’estime sur la base du montant cumulé des élections sur plusieurs années. On aurait pu additionner les coûts des élections de 1991 à 2005 et décider de ne pas organiser d’élection en 2006 et il ne serait pas là aujourd’hui. Cette tentative de justification a posteriori de la volonté de ne pas organiser les élections est juste une grosse blague.

Réactions de quelques députés
 Député Louis Vlavonou, (Opposant)

« … je pense que c’est la confusion que le Chef de l’Etat est en train de semer… »

« …J’ai suivi avec beaucoup de consternation la déclaration du Chef de l’Etat par rapport aux élections qui arrivent. Il a notamment dit que depuis qu’il est arrivé au pouvoir, les élections ont coûté plus de 100 milliards de Fcfa et que cette fois-ci, il n’y aurait pas suffisamment d’argent, et qu’il faut que la classe politique se concerte. Je dis que je l’ai suivi avec beaucoup de consternation dans la mesure où généralement dans la vie, on est surpris lorsqu’un évènement inattendu arrive. Mais dans le cas d’espèce, est ce que les élections sont inattendues ? La Constitution du Bénin n’a pas changé depuis 1990. Nous pouvons, au terme de cette Constitution, dire avec certitude les élections qui arrivent. Il n’y a donc pas de surprise. Pour un Etat qui se veut sérieux et pour un budget qui se veut sérieux, les prévisions sont normalement faites depuis et on pouvait chaque année faire des provisions sachant que les élections devraient arriver. Mais là où je ne crois pas à la sincérité du Chef de l’Etat, c’est qu’au niveau du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi), au moment de la discussion du budget du Cos-Lépi dont je suis membre, nous avons eu une séance de travail avec le Ministre de l’économie et des finances d’alors, entouré de ses cadres dont le Directeur du budget et les Directeurs centraux de ce ministère. Ce jour là, le Ministre de l’économie et des finances, nous disait qu’il y a 10 milliards de Fcfa qui étaient prévu pour les élections au titre de l’année 2013 si ça devrait avoir lieu en 2013 et comme on est en train de voir que ce n’est pas sûr que ça ait lieu en 2013, une provision de 4 milliards de Fcfa a été encore faite ; ce qui fait en tout pour les élections 14 milliards de Fcfa. Nous leur avons dit que s’il y a 14 milliards, le compte est bon puisque nous réclamons au niveau du Cos-Lépi 10 milliards de Fcfa et que dès que la Cena sera là, on verra ce qu’il faut faire puisque beaucoup d’attributions de la Cena ont été confiées au Cos-Lépi…Comment ces ressources peuvent être logées déjà dans les prévisions et qu’on nous dise aujourd’hui qu’il n’y a pas d’argent pour organiser les élections. Je pense que c’est la confusion que le Chef de l’Etat est en train de semer. Mais nous ne sommes pas à l’heure des détails. Ce que nous pouvons faire aujourd’hui, c’est de nous préparer pour des actions énergiques ; afin de le contraindre à organiser les élections. Le peuple aura raison de commencer par avertir avant d’entrer dans le vif du sujet en ce qui concerne les moyens de contrainte qu’il faut envisager. Je pense que nous devons nous inquiéter parce que c’est comme ça que ça commence avec des brindilles. Le Chef de l’Etat, c’est l’incendiaire qui crie ‘’Oh ! Feu’’. En même temps qu’il allume le feu, en même temps il cherche à l’éteindre. Il avait parlé de la révision de la Constitution et cette lutte a été menée tout le temps, on a fini avec la révision de la Constitution pour parler ensuite du référendum. Aujourd’hui, on nous dit qu’il n’y a pas l’argent pour organiser les élections. Si la classe politique ne se lève pas aujourd’hui très tôt, le Chef de l’Etat risque de nous mettre dans une situation qui n’est pas prévue par la Constitution (…) Heureusement que le Chef de l’Etat a parlé très tôt. La classe politique saura prendre ses responsabilités… »

Sacca Fikara, député Un (Opposant)
« Ce qui est étonnant, c’est l’argument qu’il donne… »

Nous savions que Boni Yayi ne voulait pas organiser les élections. Chaque état major est en train de préparer la riposte au moment où ce qui est dit sera effectif. Ce qui est étonnant, c’est l’argument qu’il donne. D’abord, est-ce que la Cena a fait un budget de 20 milliards ? Est-ce que le Cos-Lépi demande encore 8 milliards après les 6 milliards déjà reçus ? Sinon, en ce qui concerne le budget de la Cena, les grosses dépenses ont été déjà prises en compte par le Cos-Lépi. Beaucoup de niveaux de dépenses ont été supprimés au niveau des arrondissements, de la commune et du département. Comment se fait-il que la Cena demande encore 20 milliards ? En principe, il ne leur reste comme dépenses importantes que la confection des bulletins. Alors, comment se fait-il que Boni Yayi nous donne cet argument ? Nous devons enlever toutes les raisons à Yayi de ne pas organiser les élections. Sinon, est-ce que nos régies financières ne travaillent plus même si Yayi a mis tout le temps à saccager les investissements privés. Mais ce qui arrive, c’est la faute de la classe politique. Nos points de vue divergents lui permettent de foncer. Tenez, on lui donne la présidence de la Cena. C’est extrêmement grave et ce n’est pas à justifier. Aujourd’hui, Yayi a toutes les cartes en mains.

Député Bani Samari (majorité parlementaire)
« …Je crois que si on veut la paix dans ce pays, on doit respecter la loi … »

« …parce qu’on savait depuis longtemps que ces élections étaient programmées, et qu’on devrait les organiser. Les élections municipales, communales et locales, ça fait plus d’un an déjà que les élus locaux qui sont actuellement en poste le sont illégalement. Les élections législatives sont prévues par la Constitution, le mandat des députés, c’est 4 ans, donc on ne peut pas venir nous dire après qu’il
n’y a pas l’argent, je dis non. Quelqu’un a dit ici que gouverner, c’est prévoir. Donc, quand on veut gouverner, on prévoit et tout ça là, c’est des dispositions qu’on devrait prendre. Lorsqu’on menait le débat sur le budget 2014, j’avais insisté qu’il fallait qu’on inscrive une ligne budgétaire qui indique clairement ce qui est prévu pour l’organisation des élections. En son temps, il m’a été répondu que c’est dans la rubrique des fonds non répartis..., voilà aujourd’hui là
où nous en sommes. Ça, c’est amuser la galerie. Je crois que si on veut
la paix dans ce pays, on doit respecter la loi, on doit respecter tout
ce qu’on se dit… »

Député Charlemagne Honfo (opposition parlementaire)
« Maintenant que l’erreur a été commise, la première réaction est que les députés se retrouvent pour limiter le mandat des Maires… »

« …Ma réaction à chaud, c’est de dire au peuple béninois de ne pas s’inquiéter parce que l’autre nous a enrichi depuis le dimanche dernier d’un nouveau concept. Il nous a aidés à mieux connaître le gouvernement. Le Chef de l’Etat va revenir pour dire qu’il n’a jamais dit qu’il n’y a pas l’argent pour organiser les élections. Je souhaite que le Chef de l’Etat prenne en compte la dimension de la fonction qu’il exerce parce que là où il est, il doit pouvoir appréhender le sens de la République et de l’Etat. Un Chef d’Etat ne dit pas ce qu’il a dit là. C’est une faute. C’est une erreur. Mais j’estime que c’est une blague, parce que nous sommes nous autres des légalistes. Au même moment, je voudrais en appeler à une prise de conscience de la classe politique. Je pense que l’on n’a pas analysé le sens élitiste de la République avant de faire ce choix. Maintenant que l’erreur a été commise, la première réaction est que les députés se retrouvent pour limiter le mandat des Maires. C’est les députés qui ont prolongé le mandat des Maires. Il faut qu’ils prennent une loi pour arrêter ça, d’abord, parce que c’est sur ça qu’il compte… ».

Député Léon Basile Ahossi (opposition parlementaire)
« …Qu’un Chef d’Etat en arrive à de telles déclarations, je crois que c’est bien pitoyable … »

« …J’ai appris l’information avec un pincement au cœur. Qu’un Chef d’Etat en arrive à de telles déclarations, je crois que c’est bien pitoyable et notre pays ne mérite pas cela. La première chose que je dois dire est que nos élections sont constitutionnelles et Boni Yayi a levé la main pour être président de la République. C’est vrai qu’on n’a même pas voté pour lui en 2011. Mais il est quand même le président de la République. Il doit assumer. Quand on parle de coût des élections, je crois que c’est un faux problème. Il y a la Cena qui organise les élections. Allez voir les coûts des élections. La Cour constitutionnelle se tape des milliards, la Cour suprême se tape des milliards, le ministère de la défense intervient, le ministère de l’intérieur intervient. On rattache tellement de choses aux élections que l’essentiel de l’argent ne va pas dans les élections mais dans les poches des amis du gouvernement. Je crois que tout le peuple béninois doit se mobiliser comme un seul homme pour arracher les élections à Yayi. Depuis 2006, il n’y a plus de véritables élections correctes. C’est vrai qu’il n’a plus envie de partir, mais je voudrais le rassurer qu’il partira aux premières heures du 6 avril 2016. Il va partir et il a intérêt à faire organiser les élections. Il ne faut pas qu’il oublie. Noriega a été traduit devant la justice. Quelle que soit sa force aujourd’hui, il a intérêt à respecter notre peuple. Nous avons souffert pour que la démocratie arrive. Il ne faut pas qu’il vienne tout détruire. Je crois que c’est une déclaration triste et indigne d’un Chef d’Etat… »

Député Soulé Sabi Moussa (majorité parlementaire)
« …on doit pouvoir nous accuser nous-mêmes, de n’avoir pas créé la richesse…

« …J’ai toujours dit qu’une personne de ce niveau ne peut pas raconter du
n’importe quoi. C’est pourquoi, je demande souvent que quand un chef
de l’Etat parle, il faut prendre ça au sérieux, il faut lui faire
confiance, puisqu’en réalité, ce n’est pas le chef de l’Etat seul qui
produit l’argent, ce n’est pas les membres du gouvernement qui
produisent l’argent. La richesse est produite par le travail de
l’ensemble des citoyens de ce pays. Donc, à un moment donné, si les
citoyens même constatent que par rapport à la richesse qui est
produite, il y a des maillons qui ne seront pas satisfaits lors de son
partage, alors, on doit pouvoir l’admettre et nous accuser nous-mêmes,
de n’avoir pas travaillé suffisamment pour créer la richesse
nécessaire au point d’organiser les élections. Les élections, c’est un
élément de souveraineté d’un pays. Donc, c’est à tort qu’on demande
aux partenaires financiers de nous donner l’argent pour les organiser.
Si le chef de l’Etat l’a dit ouvertement, je pense que c’est vrai et
nous devons tenir compte de ça pour aménager notre monture, si nous
voulons vraiment que les élections se tiennent. On doit s’asseoir,
gouvernement, forces constituées, société civile, parlement, les
institutions de la République y compris la Commission Electorale
Nationale Autonome (Cena), ceux qui sont en train de faire la liste
électorale et pour laquelle la Cour constitutionnelle exige
que ça soit fait avant qu’on n’organise les élections, pour voir
concrètement ce qu’on doit faire pour que les élections aient lieu,
et comme c’est 2 élections qui arrivent, comment faire pour organiser
lesdites élections dans la paix, même si c’est de façon séparée ou
groupée. Donc, il y a trois choses à ce niveau : comment faire pour
trouver l’argent nécessaire ? Après, on fait quoi pour organiser les
élections et de quelle manière les organiser ? Dans d’autres pays que
nous regardons aujourd’hui comme des pays démocratiques, des pays forts, il arrive que pour des opérations pareilles, et lorsqu’on s’enlise de la sorte, il arrive que des volontaires s’affichent
par rapport à telle compétence, par rapport à tel profil et je ne
demande rien et le processus avance. Il faut qu’on en arrive là à des
moments donnés... ».

Nicaise Fagnon, député Fcbe/membre Cos-Lépi
« …Yayi n’a pas les moyens de ne pas organiser les élections… »

« A la lecture des déclarations du Chef de l’Etat, je pense qu’il veut faire constater que les élections coûtent cher. Mais, il ne peut pas s’empêcher d’organiser les élections. Il n’a pas les moyens de ne pas organiser les élections dont les dépenses relèvent de la souveraineté nationale. Pour ce qui est du coût élevé des élections, je pense que nous avons déjà trouvé le mécanisme à l’Assemblée nationale à travers le nouveau Code électoral. Désormais, la Cena est permanente et de 17 membres, elle est passée à 11 et finalement à 5. Nous avons évité les structures intermédiaires telles que les Commissions électorales départementales, de Commune et d’Arrondissement. Aujourd’hui, nous disposons des statistiques qui vont minimiser les dépenses les fois à venir. Les urnes et autres sont devenus des investissements pour l’avenir.
Pour ce qui est des deux milliards, j’ai eu au téléphone autour de 18h30’ le ministre Komi Koutché qui m’a dit qu’ils ont décidé de libérer deux milliards au Cos-Lépi et qu’il va envoyer 500 millions sur notre compte cette semaine et les 1,5 milliards la semaine prochaine. Il m’a même dit que nous avons 700 millions sur notre compte et je lui ai fait comprendre qu’en fait, nous avons délivré des chèques à nos prestataires qui les ont gardés. Donc, nous donnons plus de priorité à nos prestataires. Alors, comprenez avec moi que Yayi Boni n’agit que sous pression. J’ai promis au ministre Komi Koutché que je lui enverrai un document qui va lui permettre de bien cerner les dépenses que nous effectuons au niveau du Cos-Lépi et les activités que nous allons faire. Faut pas que des gens nous présentent comme des voleurs »

Député Eric Houndété (opposition parlementaire)
« ...il va convoquer le corps électoral et s’il ne le fait pas, nous allons l’y contraindre… »

« …Depuis 2006 qu’il est là, aucune élection n’a été organisée sans problème. Je vous fais observer que lui, il est déjà en campagne. Les manœuvres de Yayi Boni sont des manœuvres de distraction. Il veut vous empêcher de vous organiser. Il tire pour que les gens se ruinent. Il tire pour que les gens qui sont en train de faire campagne finissent de dépenser leurs sous. Après, il annonce qu’il n’y aura pas les élections. Ensuite, il annonce qu’il y aura les élections. Il donne un délai. Ce que vous devez retenir est qu’il n’est pas qualifié pour parler du coût des élections parce que quand on a fait la Lépi en 2010-2011, puisque dans les 100 milliards qu’il annonce, il y a quand même les 45 milliards de Fcfa pour la Lépi, quand nous avons demandé d’auditer les 45 milliards là, il s’y est opposé. Il n’est pas qualifié pour parler de la cherté des élections. Deuxièmement, il va pouvoir dire au peuple que les nombreuses institutions qu’il a créées et qui se mêlent de la chose électorale et pour lesquelles il distrait les ressources de l’Etat, sont budgétivores. Il doit pouvoir justifier les meetings de précampagne et les marches de soutien qu’il organise avec les ressources de l’Etat. Les 20 millions qu’il distribue par Commune pour organiser la campagne. Retenez qu’il doit organiser les élections. Il n’a pas le choix et nous aussi, nous avons les moyens pour l’obliger à organiser les élections. Organiser les élections est une prescription constitutionnelle. C’est une prescription légale. Je pense que le Chef de l’Etat ne peut pas s’y dérober. Moi, je considère sa déclaration là comme une vaste blague. Il lance un ballon d’essai pour voir comment les gens vont réagir. Dans quelques mois, il va convoquer le corps électoral et s’il ne le fait, nous allons l’y contraindre. Et là encore, s’il ne fait pas, il sera destitué. La Constitution nous donne les moyens de le faire. Il sera poursuivi pour parjure pour avoir refusé de respecter les lois de la République. J’espère que mes collègues députés marcheront dans ce sens là. Que le président Boni Yayi se l’entende bien qu’il ne lui est pas permis de ne pas organiser les élections… »

Réaction des membres de la société civile
Frédéric Doudji,
« …On devrait s’attendre à cette situation que nous vivons aujourd’hui… »

« …Je pense que la déclaration du Chef de l’Etat ne doit surprendre personne. Si la prolongation du mandat des élus communaux et locaux est entérinée par l’Assemblée nationale, cela veut dire que c’est l’Assemblée nationale et l’Exécutif qui disent qu’il n’y a pas d’argent pour organiser les élections, plutôt que de voir le seul Chef de l’Etat. Ils ont des élus politiques et ils auront de compte à rendre au peuple au même titre. Lorsqu’on laisse chaque fois quelqu’un seul maître à bord, nous allons plutôt subir les dérives. Si nous estimons que notre démocratie est en danger par ce fait, que ceux qui nous représentent directement, c’est-à-dire les députés à l’Assemblée nationale, se plient en quatre pour les élections (…) Nous ne sommes pas dans la position de critiquer aujourd’hui. La critique devrait être faite depuis hier. On devrait s’attendre à cette situation que nous vivons aujourd’hui. On n’a pas fait les élections municipales et le ciel n’est pas tombé. Si on n’organise pas les législatives, on s’en tiendra à cela et on va vivre ce qu’on vivra. Il n’y a aucune inquiétude à avoir. Les députés, le Chef de l’Etat et les autorités politiques au sommet de l’Etat joueront chacun sa partition. Je crois qu’ils vont nous amener à un niveau où le bout du tunnel sera une évidence. Ce qui est sûr, il n’y a pas grande crise. Ça peut aussi être un petit test de la part du Chef de l’Etat. Je crois qu’on doit être serein de ce que notre Constitution, telle qu’elle est, sera respectée dans sa forme et dans son fond ; encore qu’on n’en a pas une autre. En tout cas, collectivement, ils ne pourront pas faire ce complot contre notre peuple. Le Bénin ne le mérite pas… »

Pascal Todjinou, Sg/Cgtb
« La déclaration du Président Yayi prouve à n’en point douter qu’il ne veut pas partir »

Cette déclaration est grave car, on ne peut pas vouloir de quelque chose et de son contraire à la fois. S’il savait que les élections coûtent cher et qu’il ne peut pas les organiser en 2014, pourquoi a-t-il annoncé que les élections seront organisées au plus tard en décembre prochain ? Cela démontre que la parole présidentielle souffre… Il dit que les élections coûtent cher, mais c’est dans cette cherté qu’il est arrivé au pouvoir. Moi qui suis ici, j’ai mis de l’argent et mon énergie dans les élections en 2006 avant qu’il ne soit élu. J’ai combattu les révisionnistes pour que les élections aient lieu en 2006. Il savait que les élections devraient avoir lieu en 2013, et pourquoi c’est vers la fin de 2014 qu’il nous dit qu’il n’y a pas de l’argent pour organiser les élections ? Est-ce que c’est une réponse aux déclarations de Maître Adrien Houngbédji ? Si c’est le cas, elle a été mal placée.
J’ai aussi constaté avec amertume que depuis l’avènement du Président Boni Yayi, toutes les élections, quelle que soit leur grandeur, ont toujours du mal à être organisées. En 2007, ça n’a pas été facile, en 2008, c’est la même chose jusqu’à présent. Pourquoi cela ? Je suis vraiment mal à l’aise. La déclaration du Président Yayi prouve à n’en point douter qu’il ne veut pas partir. Il veut embrouiller toutes les cartes pour trouver des arguments et rester au pouvoir.

Paul Essè Iko, Sg/ Cstb
« Il ne peut pas nous dire qu’il n’y a pas d’argent après avoir bloqué les élections communales depuis deux ans »

Tel père, tel fils. Boni Yayi est le fils de son mentor Mathieu Kérékou. Kérékou avait agi de la même manière en 2006 et c’est le même chemin que Yayi est en train de prendre. Boni Yayi ne peut pas nous dire qu’il n’y a pas de l’argent. Il y a bel et bien de l’argent dans la caisse. Nous lui avons confié le pays en 2006 et il avait dit qu’il avait trouvé à peine deux cent millions dans la caisse. Mais deux semaines plus tard, il a trouvé des milliards pour financer le coton. Les sous du Bénin sont gaspillés. Regardez Maria-Gléta où on a acheté des machines qui explosent à tout bout de champ au lieu de fournir de l’électricité, la berge lagunaire de Porto-Novo où on a englouti plus de quatorze milliards pour une construction inachevée du siège de l’Assemblée Nationale, les affaires Cen Sad et Icc Services… Il y a plein d’affaires scandaleuses sous Boni Yayi. Il ne peut donc pas nous dire qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses après avoir bloqué les élections communales depuis deux ans. Les maires et leurs conseillers sont devenus illégitimes et ils font tout ce qu’ils veulent. Les maires jouent illégalement la prolongation, dilapident nos sous et prennent des décisions sans aucun fondement juridique. Le peuple béninois et l’histoire retiendront que Boni Yayi est comptable de tout ce qui se passe. Il faut alors qu’il organise les élections le plus tôt possible car, nous ne voulons pas accepter les arguments qu’il est en train d’avancer. Le porte-parole du Parti communiste du Bénin avait dit qu’il nous faut une liste alternative le plus tôt possible pour aller aux élections et j’opte pour ça. Il faut que le peuple sache que Boni Yayi est fini. Le seul fait qu’il ait dit qu’il n’y a pas de sous pour organiser les élections, montre déjà qu’on ne peut plus s’attendre à rien de bon de lui et de son système. La seule chose dont sont capables ses collaborateurs, c’est de faire des marches, des messes d’action de grâce et des meetings de remerciement, alors que des choses sérieuses les attendent. Cela pose ainsi la problématique du type de gouvernement dont on a vraiment besoin. Nous avons besoin d’un gouvernement qui doit satisfaire les revendications des enseignants, des agents de santé, des magistrats, de l’administration, des douaniers… Il ne nous faut plus des aventuriers au pouvoir. Ils viennent de la Boad, du Fmi ou de la Banque mondiale sans aucune expérience et aucun combat sérieux dans le pays. Nous ne voulons plus de ceux-là pour le bien-être du pays. Nous voulons désormais des hommes qui se sont sacrifiés pour ce pays et qui comprennent de quoi nous parlons et de quoi nous avons réellement besoin. Nous voulons d’un gouvernement qui s’occupe de nos problèmes et qui satisfait nos revendications. Nous voulons d’un gouvernement qui aime son pays et son peuple. Les sous existent dans notre pays pour organiser les élections, mais ils sont dilapidés à vau-l’eau. Le verdict est donc tombé, Boni Yayi est fini. Mais, plus il continue, plus la sentence sera sévère contre lui. Il a donc intérêt à organiser les élections au risque de finir comme ses pairs en Tunisie, en Egypte… Nous sommes mécontents de sa déclaration car, il ne peut pas venir nous dire à l’heure actuelle qu’il n’y a pas de l’argent dans le pays pour organiser les élections. Il fait un budget général de l’Etat chaque année, est-ce que c’est aujourd’hui qu’il a compris qu’on doit organiser les élections ? Les élections doivent avoir lieu et s’il persiste, le peuple lui règlera son compte.

Noël Chadaré, Sg/Cosi
« Le chef de l’Etat doit tout faire pour que les élections s’organisent, car, ce sont des dépenses de souveraineté »

Les propos du chef de l’Etat par rapport au financement des élections, sont des propos qui sonnent comme un aveu d’échec et d’impuissance. Ces propos accréditent la thèse de ceux là, à l’instar de Maître Adrien Houngbédji, qui pensent que le chef de l’Etat a des intentions cachées. Ce n’est pas à quelques mois des élections législatives qu’il nous dira qu’il n’y a pas de l’argent pour le faire. Ces genres de propos, nous les avons déjà entendus par le passé sous le Président Kérékou. Le chef de l’Etat doit donc tout faire pour que les élections s’organisent car, ce sont des dépenses de souveraineté et elles ne s’organisent pas tous les ans. Les élections s’organisent tous les quatre ou cinq ans, on aurait dû prévoir des fonds pour ça, puisque gouverner, c’est prévoir. La déclaration faite par le Chef de l’Etat ne donne donc pas une très bonne image de notre pays et de notre démocratie puisque l’un des baromètres de la démocratie, c’est l’organisation des élections transparentes et à bonne date. Malheureusement, notre gouvernement n’organise plus les élections depuis un moment et nous avons déjà un retard par rapport aux élections communales. Ainsi, les maires se complaisent dans leur situation et personne d’entre eux ne réclame l’organisation des élections. Et si nous continuons comme ça avec les élections législatives, ce ne sera pas une bonne chose pour notre démocratie qui est en souffrance depuis un moment. Le Chef de l’Etat a accédé au pouvoir grâce à la démocratie. Si le Président Kérékou n’avait pas organisé les élections en 2006, il ne serait pas là aujourd’hui. Il était arrivé au pouvoir avec une démocratie en pleine forme et qui était une référence dans la sous-région et en Afrique. Il doit donc faire l’effort de partir en laissant notre démocratie dans l’état dans lequel il l’a retrouvée en 2006. S’il a des problèmes pour satisfaire les besoins du Cos-Lépi qui demande des milliards pour corriger la Liste électorale permanent informatisée (Lépi), il faut qu’il envisage un plan B. et ce plan B, c’est de laisser cette Lépi à problème et d’envisager une liste alternative, c’est-à-dire une liste électorale informatisée pour que les élections s’organisent le plus tôt possible afin d’éviter la catastrophe annoncée et programmée. On a déjà organisé des élections dans ce pays avec une liste électorale informatisée. La Cour constitutionnelle a donc un rôle important à jouer dans ce cas car, c’est elle qui a dit que sans la Lépi, on ne pourra pas organiser des élections dans notre pays. Elle doit donc assumer ses responsabilités pour que les élections soient organisées. Il faudra donc qu’elle saute le verrou de la Lépi pour qu’on aille vers une liste électorale informatisée afin de régler un problème conjoncturel.

Martin ASSOGBA, Pdt Alcrer
« Il ne faut pas que le Chef de l’Etat vienne ternir l’image de notre démocratie »

…Il ne faut pas que le Chef de l’Etat vienne ternir l’image de notre démocratie. Les élections sont une question de dépenses de souveraineté. Après que le Président du Prd a parlé le dimanche, c’est curieux que le Président de la République vienne parler le lundi pour renforcer l’hypothèse du Président Houngbédji. C’est grave. Depuis que la question de la révision de la Constitution ne cloche pas correctement avec le Chef de l’Etat, il est en train de chercher par tous les moyens pour arriver à la révision de la Constitution, pour se tailler une révision à sa mesure, pour lui permettre de garder le pouvoir. D’où nous devons faire attention…

Julien Houssou, Coordonnateur Wanep
« … je pense que ça doit être une blague »

… je pense que ça doit être une blague. Si ce n’était pas une blague, le Président de la République devrait venir nous préciser ce qu’il veut dire, parce que c’est extrêmement grave. On peut simplement en déduire que nous n’avons plus de gouvernement, parce que gouverner, c’est prévoir. On ne peut pas manquer de l’argent pour organiser les élections prévues pour de longues dates, constitutionnellement arrêtées, alors qu’on a de l’argent pour les improvisations, des tables rondes… et on n’a pas de l’argent pour organiser des élections. La démocratie a un coût. Et il revient à ceux qui ont la charge de nous gouverner de trouver les moyens pour faire fonctionner la démocratie. On peut travailler à réduire les coûts des élections. Mais dire d’office qu’il n’y a pas les ressources pour les organiser, c’est déclarer la guerre à la démocratie…



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