Haute cour de justice : Une institution problématique aux compétences inexploitées

Angelo DOSSOUMOU 13 juin 2013

Les présidences à la Haute Cour de Justice (Hcj) se suivent et se ressemblent. En deux décennies de démocratie, les présidents de la Hcj Maurice Ahanhanzo, Clotilde Médégan et Théodore Holo n’ont jamais réussi à faire valoir les compétences de l’institution censée " juger le président de la République et les membres du gouvernement pour des faits qualifiés de haute trahison, d’outrage à l’Assemblée Nationale, ou d’atteinte à l’honneur et à la probité et d’infractions commises dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions ". Passons les autres compétences.

Au décompte, l’institution dont la magistrate Gèha Afouda a hérité depuis hier de la présidence n’a rien eu à faire. Et on peut oser le dire, le contribuable a payé des années durant pour un service jamais rendu. A moins que la Hcj soit devenue un garage ou un reposoir pour des personnalités qui, visiblement sont pleines d’énergie et ne demandent qu’à exercer leur compétence. Il va falloir alors que les choses bougent de ce côté. Il est vrai qu’on ne peut y arriver sans le bon vouloir de ceux-là même que l’institution doit juger. Et ce n’est pas l’excuse de la nécessité de la révision de la loi fondamentale pour y arriver qui va finir de convaincre les plus sceptiques des Béninois sur le jeu flou des dirigeants à ce sujet. D’ailleurs, parlant de révision pour permettre à la Hcj de véritablement fonctionner, les avis sont partagés et rien ne dit que les révisionnistes ont totalement tort.

Révision ou pas révision ?

Mais, si tant est que la Hcj est faite pour avoir le destin de l’épouvantail, il est préférable, en attendant l’ajustement des textes, d’en faire carrément un tribunal spécial qui ne se constituera que quand le besoin se fera sentir. Car, rien ne dit qu’avec une législation plus complète, elle fonctionnera normalement et sera exploitée à bon escient. En somme, la présidente Marcelline Gbèha Afouda a un énorme défi à relever : donner à une institution problématique, ses lettres de noblesse et dissiper les inquiétudes. Tout un chantier sur lequel, elle devra travailler au risque d’avoir un passage à vide, à l’instar de ses prédécesseurs, à la tête de la Hcj.



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