Rejet du budget général de l’Etat, gestion 2014 : Quand la minorité dicte sa loi à la majorité

Moïse DOSSOUMOU 20 décembre 2013

L’opposition parlementaire peut crier victoire. Même en minorité, elle a su s’imposer. Coup d’essai, coup de maître, pourrait-on dire. Boni Yayi, malgré la majorité dont il dispose à la représentation nationale n’a pas pu obtenir le vote du budget général de l’Etat, gestion 2014. 44 voix contre, 39 pour et 00 abstention. Tel est le verdict sans appel que les députés ont prononcé à l’encontre de la loi de finances, exercice 2014.

Le vote secret, l’arme fatale
La première victoire, l’opposition l’a obtenue grâce à la perspicacité de l’un de ses députés qui, par le biais d’une motion, a fait une requête. Conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il a souhaité que le vote soit secret au lieu d’être à main levée. Niet, a répliqué un de ses collègues de la majorité. Ce tiraillement entre Houndété et Débourou a conduit au report de la séance du mardi au jeudi. C’est finalement le premier, le député de l’opposition qui l’a emporté sur le second, allié de la mouvance présidentielle, avec l’onction de Mathurin Nago, président de l’Assemblée nationale, qui compte parmi les soutiens les plus fidèles au chef de l’Etat. La tombe du budget venait ainsi d’être creusée.

Des loups dans la bergerie
A l’évidence, nombre de députés se réclamant encore publiquement parmi les plus fidèles à Boni Yayi, l’ont carrément poignardé dans le dos. Ils sont exactement huit à avoir fait défection, en tout cas, au cours du scrutin ayant conduit au rejet du budget. Ces députés n’ayant pas le courage d’affirmer à la face de l’opinion leur désaccord avec le pouvoir en place, sinon avec les grandes orientations du budget, se sont réfugiés derrière le secret du vote, pour faire bloc avec les députés de l’opposition.

En perte de vitesse
L’histoire se répète, est-on tenté de croire. Déjà au début de la 5ème législature, le chef de l’Etat disposait d’une majorité parlementaire confortable. Mais en cours de route, l’opposition a pris le dessus au point de dicter impitoyablement sa loi à une minorité arcboutée aux idéaux du régime en place. L’avènement des G et F en ce temps a donc tout chamboulé et ruiné les espoirs du gouvernement et de son chef.
Aujourd’hui encore, la 6ème législature semble mettre ses pas dans ceux de la précédente. La majorité écrasante précédemment acquise à la cause de Boni Yayi a perdu de son éclat et de son dynamisme. Des récriminations n’ont pas tardé à naître dans le camp des partisans de la mouvance présidentielle au point où certains ont pris leurs distances d’avec les idéaux qu’ils défendaient jadis. Il n’est pas exclu que d’autres adoptent la même posture à l’avenir. Le rejet du budget général de l’Etat, gestion 2014 annonce sans doute les couleurs.
Le chef de l’Etat devra batailler dur pour conserver sa majorité qui se mue en une peau de chagrin. Après avoir été contrainte à être l’ombre d’elle-même, l’opposition peut savourer le doux nectar de la victoire.



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