Affrontements meurtriers entre éleveurs et agriculteurs : Les transhumants sèment la terreur à Agbangnizoun et Adjohoun

Arnaud DOUMANHOUN 13 février 2018

La cohabitation entre activités pastorales et agricoles demeure un problème majeur auquel le Bénin ne semble pas encore prêt à apporter une réponse à la mesure de l’enjeu. En attendant, les tueries se poursuivent. Dans le département du Zou, précisément dans la commune d’Agbangnizoun, un jardinier a été retrouvé dans une mare de sang, après avoir été charcuté par des transhumants. Les faits remontent au dimanche 11 février 2018, mais ce foyer de tension n’est pas encore refroidi. On dénombre déjà, en plus de la victime principale, plus de 4 blessés graves qui en porteront les séquelles, le restant de leur vie, si Dieu leur en donne la grâce. Le maire d’Agbangnizoun Gaspard Gboli-Hônon a rendu visite, dans l’après-midi d’hier, aux blessés à l’hôpital de zone de Goho, et fait la promesse de prendre en charge une majeure partie des frais.
Les raisons qui sous-tendent cette escalade de la violence n’ont pas varié. Le pauvre jardinier froidement abattu, le sieur Dèguè Michel demeurant à Sahè Dèmè en face du centre de santé, ne supportait pas de voir les bêtes des transhumants détruire, en une poignée de minutes, ses jours de durs labeurs, parce que le troupeau s’abreuvait à un point d’eau situé à quelques pas de son jardin. Des recoupements, il ressort qu’il a finalement décidé de réagir. Et ce fut ses derniers gestes. La réaction de ses ‘’frères’’ fut spontanée et les affrontements se poursuivent. Ça, c’est dans le département du Zou.
Ce lundi 12 février à Adjohoun dans le département de l’Ouémé, c’est un militaire du premier bataillon interarmées (Bia) de Gbada, qui a reçu une balle des transhumants. Il a été conduit à l’hôpital de zone d’Adjohoun. Heureusement, il a retrouvé ses esprits suite aux premiers soins à lui administrés. L’impuissance de la force publique face à ce fléau est donc effarante.

Nécessité d’une politique réaliste
Les modes parallèles de règlement de ces types de conflits ont montré leurs limites alors que des vies sont fauchées sans état d’âme. Et l’Etat reste à tout le moins observateur. Comment imaginer que des éleveurs en arrivent si facilement à dicter leur loi à la fois aux civils, aux forces militaires ou paramilitaires. Comment imaginé que la proposition de loi visant à instaurer un cadre légal moderne et actuel pour le pastoralisme au Bénin soit en souffrance au parlement. Les Comités départementaux de gestion de la transhumance se contentent de quelques réunions, à la recherche de solutions pour une cohabitation pacifique. Il faut bien qu’ils servent à quelque chose.
Le phénomène de la transhumance n’est pas propre au Bénin, mais ailleurs les dirigeants prennent à cœur ces problèmes majeurs de société et en arrivent à y trouver des solutions. Ici, les défis politiques sont la priorité absolue. Vivement que cette tendance soit inversée, et que le minimum social garanti par la Constitution du 11 décembre 1990 soit respecté. L’Etat est garant de la sécurité de tous. Les ministres de l’intérieur, Sacca Lafia et de la défense Nouatin doivent prendre à bras le corps ce dossier.



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