Bénin : des chefs traditionnels s'engagent à éliminer des pratiques néfastes au bien-être des enfants

La rédaction 20 juin 2013

Sa majesté Kponan Agbomassoatin, roi d’Ahouannonzoun, Commune d’Allada, a pris au nom des dignitaires des cultes traditionnels, l’engagement de "contribuer à la réduction progressive des pratiques socioculturelles traditionnelles préjudiciables à la santé et au développement des filles et garçons du Bénin".

De manière concrète, la durée d’initiation dans les couvents Vodoun sera réduite et la programmation des rites d’initiation sera adaptée au calendrier scolaire. La scolarisation des enfants adeptes du Vodoun sera encouragée et l’accès des enfants en cours d’initiation aux soins de santé primaire sera facilité. Les tatouages et scarifications pratiqués sur les enfants initiés, source de stigmatisation, seront réduits.

Au Bénin, de nombreuses pratiques néfastes persistent. L’excision est en nette régression soit 7% en 2011 contre 16,8% en 2001. Selon l’étude sur l’infanticide rituel publiée par le Ministère de la famille en 2011, sur 77217 accouchements enregistrés de 2001 à 2009 dans les maternités de 5 communes du septentrion, environ un enfant sur 10 est né d’une façon considérée comme anormale par les communautés du nord du Bénin. Les données ne sont pas disponibles pour savoir si ces enfants ont subi l’infanticide rituel car la pratique, bien que vivante, reste très cachée. Certains signes distinctifs prédisposent ces "enfants dits sorciers" à l’infanticide : présenter une malformation morphologique, sortir les pieds ou le bras le premier, se présenter par la face, ou naître par césarienne ou le dernier mercredi du mois. Par ailleurs, les rites d’initiation dangereux dans les couvents, les abus sexuels, les mariages précoces, forcés, par échange ou par enlèvement subsistent.

Nassirath Boukary, Présidente du Conseil Consultatif National des Enfants du Bénin, a plaidé pour la lutte contre les pratiques néfastes, l’adoption de réformes qui garantissent les droits des enfants dans les couvents, le renforcement de la participation des enfants ainsi que la réactivation des systèmes d’alerte existants.

Dans son discours, Dr Anne Vincent, représentante de l’UNICEF, a demandé aux enfants, de "ne plus garder le silence face aux pratiques néfastes les affectant". S’adressant aux gardiens de la tradition, elle les a invités "à ne pas rester sourds et à trouver les mots et le message juste pour que cessent les croyances, les rituels ainsi que les pratiques néfastes".

Au nom du réseau "Population et Développement" de l’Assemblée Nationale, le député Félicien Chabi Zachari, président du réseau a promis que le code de l’enfant, creuset de toutes les dispositions légales en faveur de l’enfant sera adoptée avant la fin de l’année 2013.

Enfin, Fatouma Amadou Djibril, Ministre en charge de la Famille, a lancé "un appel aux rois, aux chefs traditionnels, aux chefs de culte et de couvents, dignitaires et garants du patrimoine culturel, afin que les pratiques valorisant les enfants soient promues et que celles portant atteinte à leur intégrité physique, psychologique et morale soient à jamais bannies du Bénin".

La célébration qui est le fruit d’un partenariat avec Plan Bénin, Right to Play, Village d’Enfants SOS et Terre des Hommes, a constitué un moment fort de plaidoyer. Elle a mobilisé 1000 enfants dont des malvoyants et des sourds-muets, ainsi que les ministres de la santé, du travail, de la culture, la Représentante de l’UNFPA, l’ambassadrice nationale de l’UNICEF, une dizaine de députés, des chefs traditionnels, des partenaires techniques et financiers et des ONG impliquées dans la protection de l’enfant.

source : unicefbenin.org



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