Interview avec la gynécologue Mireille Sohou sur l’endométriose : « On guérit de l’endométriose par deux choses : La grossesse et la ménopause »

La rédaction 15 décembre 2015

Douleurs pendant les menstrues et des saignements abondants. Il s’agit là de l’endométriose, une maladie dont souffrent la plupart des femmes entre 30-40 ans. Cette maladie est jusqu’à présent mal diagnostiquée et est la cause de l’infertilité chez certaines femmes. Dans l’interview ci-dessous, le docteur gynécologue obstétricienne Mireille Sohou nous renseigne sur les causes, les manifestations ainsi que le traitement de cette maladie.

Qu’entend-on par endométriose ?
L’endométriose, c’est la présence en situation hétérotopique au delà de la cavité utérine des tissus possédant les caractères morphologiques et fonctionnels de l’endomètre. En termes clairs, les tissus de l’endomètre se retrouvent dans d’autres endroits. Quand on retrouve les tissus endométrioses dans le muscle utérin, on parle d’adénomyose et lorsque ces tissus se retrouvent quelque part d’autre, on parle d’endométriose externe. A ce niveau, c’est que vous avez les tissus endométrioses au niveau du col, du vagin ou au niveau de l’appareil digestif.

Quels sont les symptômes de l’endométriose ?
C’est souvent des femmes qui se plaignent d’algie pelvienne et de douleur pelvienne chronique. Mais le plus souvent, cela se traduit par des douleurs pendant les règles. Et typiquement, parlant de l’endométriose, ces douleurs apparaissent entre le deuxième et le troisième jour du cycle. La patiente a les menstrues, le premier jour, elle n’a pas mal et c’est à partir du deuxième jour des règles qu’elle commence par avoir mal. Le second signe typique de l’endométriose, c’est un saignement abondant pendant les règles. Et là, la confusion s’installe parce que le myome peut faire saigner, un cancer de col peut faire saigner et plein d’autres choses.

Quelles sont les causes de l’endométriose ?
La cause de l’endométriose n’est pas encore connue. Scientifiquement, il n’y a pas de cause d’endométriose. Mais on incrimine certains facteurs tels que l’accouchement, les manœuvres endo utérines, une révision utérine juste après l’accouchement, le curetage, les femmes qui font les Ivg (interruptions volontaires de grossesse). Une déchirure du col et du vagin peut également être la cause de l’endométriose.

En quoi l’endométriose constitue-t-elle un problème de stérilité chez la femme ?
Une stérilité, c’est un patient qui ne va plus jamais concevoir. Généralement, la patiente consulte pour infertilité parce qu’elle a des difficultés à concevoir. Et c’est pendant l’exploration qu’on voit qu’elle a l’endométriose. 40% de nos patientes qui nous consultent viennent pour le suivi de maternité et, c’est pendant les consultations qu’ont constate la présence de l’endométriose. Et l’endométriose donne la stérilité.

Quelles sont les personnes susceptibles de contracter l’endométriose ?
L’endométriose est à une fréquence élevée d’abord dans la race blanche et touche les patients aisés. N’empêche, nos sœurs ont l’endométriose. Les personnes susceptibles de contracter cette maladie sont les femmes en âge de procréer, qui n’ont pas encore atteint la ménopause, parce que la ménopause est un traitement de l’endométriose. Parce qu’à la ménopause, la femme n’a plus les règles. Mais si ces patientes arrivent à tomber enceintes par une fécondation in vitro ou par procréation médicalement assistée, c’est déjà un bon traitement pour l’endométriose.

Comment l’endométriose est-elle diagnostiquée ?
Le diagnostic est d’abord clinique. La patiente vient pour désir de maternité et dans les explorations, par échographie, on peut trouver que la cause de son problème est l’endométriose. D’autres viennent pour douleurs au deuxième et troisième jour des règles, ou soit c’est un saignement abondant pendant les règles alors qu’elles ne souffrent pas de myome. Ce sont les signes qui nous amènent à faire des explorations. Et quand la patiente est au troisième jour des règles, à l’examen clinique au spéculum, on voit des bourrelets au niveau du vagin qui sont violacés. Cela prouve que cette patiente a l’endométriose. Mais si c’est au niveau de l’ovaire que l’endométriose se situe, on n’aura pas ces taches là. Si c’est le cas, dans le bilan des explorations d’un couple infertile, on fera la radiographie des trompes pour détecter les signes de l’endométriose.

Quelle est la fréquence de consultations pour l’endométriose ?
Il n’y a pas une fréquence de consultations pour l’endométriose. D’abord, le diagnostic est difficile et la patiente ne vient pas pour endométriose mais pour des douleurs pendant les règles, elle éprouve des difficultés pour procréer ou elle saigne beaucoup. Tout le monde n’arrive pas à faire le diagnostic de l’endométriose. Cela revient au spécialiste parce que les signes de l’endométriose ne sont pas typiques. C’est d’exploration en exploration que vous allez faire le diagnostic. On ne peut pas parler de fréquence par rapport à l’endométriose puisque les patientes ne viennent pas consulter pour l’endométriose.

Quels sont les traitements de l’endométriose ?
Le traitement suit une procédure. Il peut être médical ou chirurgical. Le traitement médical commence par les plus simples comme les progestatifs. Si ça ne marche pas, on utilise les dérivés de la testostérone. Si ça ne marche pas non plus, on fait recours au décapeptyl. S’agissant du traitement chirurgical, on enlève l’utérus et plus l’endométriose est guérie à moins qu’elle a l’endométriose externe, ce qui est rare. En enlevant l’utérus, on induit en même temps la ménopause. On guérit de l’endométriose par deux choses. La grossesse et la ménopause alors que la maladie empêche de tomber enceinte.

Comment se prémunir alors de l’endométriose ?
Ce qu’on incrimine, ce sont les manœuvres endo utérines, donc nos sœurs n’ont qu’à arrêter avec ça parce que cela va se retourner après contre elles, et c’est les difficultés de concevoir et des douleurs à vie. Pendant l’accouchement, le fait de faire l’épisiotomie, il faut respecter les plans de couture. Il faut respecter tous les plans parce que Dieu a fait les choses d’une manière minutieuse. Il faut aussi éviter d’inversé quand on fait la césarienne. Parce que l’endomètre est interne. C’est la muqueuse de l’utérus.

Quels conseils avez-vous à l’endroit des femmes ?
Je demanderai aux femmes d’éviter au maximum toutes actions endo utérines parce que si elles ne sont pas à la base de l’endométriose, c’est une autre maladie qu’elles engendrent. Si possible voir un spécialiste qui ne fera pas le curetage mais l’aspiration. L’aspiration n’endommage pas la muqueuse mais les curettes sont des instruments rigides et il faut l’éviter au maximum. Le véritable conseil que je peux leur donner, c’est la consultation. Quand elles ont mal, ce n’est pas la médecine de conseil qu’il faut suivre. Tout ne s’arrête pas là. Il faut chercher pourquoi on a mal pendant les règles. Et quand on éprouve des difficultés à procréer, il ne faut pas incriminer un parent mais voir dans son passé.
propos recueillis par Sandric DIKPE (Coll)



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