Polémique autour de la gestion du fonds de patrouilles : Le cri de détresse du Synapolice

Arnaud DOUMANHOUN 13 mars 2014

Le Syndicat national de la police (Synapolice) a saisi hier, l’occasion de la cérémonie solennelle de port de galons aux fonctionnaires les plus méritants pour diagnostiquer les maux qui minent leur corporation. Un homme, une mission et des moyens, dit-on. Mais cette assertion peine à prendre corps au niveau de la police nationale qui assure pourtant la mission républicaine de sécurité des personnes, des biens et des institutions de la République. C’est donc pour permettre à cette corporation d’accomplir pleinement son devoir que le Synapolice dénonce les conditions de vie et de travail précaires des policiers. ‘’ Le recrutement massif à lui seul ne peut être une solution s’il n’est accompagné d’une politique objective de sélection, de formation, d’équipement et d’implantation bien pensée des Unités de police sur le territoire national. Car, les différentes unités de police créées sur l’ensemble du territoire dans des conditions précaires continuent d’attendre les moyens organiques et logistiques pour accomplir leurs tâches. En attendant, nous continuerons par nous sécher au soleil, sous la pluie et autres intempéries pour assurer au Prince la quiétude et lui permettre de dormir en paix... Nous continuerons par gagner, en tout cas pour plus de 4000 d’entre nous, en dépit d’un salaire de misère, 5000 Fcfa pour prime de risque, les plus gradés sont à 10.000 Fcfa’’. Au regard de ce tableau peu reluisant, les travailleurs de la police s’interrogent : ‘’ A quoi servent les fonds de sécurité et de patrouilles, d’une part et les fonds alloués aux frais de missions, d’autre part ’’. Ils ont par ailleurs invité le Directeur général de la police nationale, Philippe Houndégnon, à faire du vote du statut du personnel de la Police Nationale une priorité.

Allocution du Sg du Synapolice

• Honorables invités.

En prenant la parole en cette occasion solennelle de port de galon aux fonctionnaires de police les plus méritants au titre de 2013 et2014, il paraît important de saisir cette opportunité pour vous présenter,monsieur le Directeur Général de la Police nationale,au nom de tout le personnel de la Police Nationale, les vœux les meilleurs de Santé, de Paix, de Bonheur et de Longévité ainsi qu’à toute votre famille pour cette année 2014. Que l’Eternel des Armées vous accorde la grâce et la force pour accomplir la mission combien noble mais délicate qui vous a été confiée.
Cette cérémonie de Port de galon, la première depuis votre nomination à la tête de notre institution, ne dois pas être une simple formalité. C’est pourquoi, je me refuse de m’enfermer dans un style stéréotypé qu’impose une telle cérémonie, pour laisser parler mon cœur edire la CEDEAO, révèle une dégradation continue en matière de paix et de sécurité, marquée par la multiplication des foyers de violence et les conflits armés d’une part et la montée en puissance de groupes fondamentalistes transnationaux.
A l’interne, la situation n’est guère reluisante. La crise sociale que traverse notre pays nous donne de l’insomnie et nous met en situation de veille permanente.
Au regard de tout ceci, les populations béninoises ressentent un besoin réel et légitime de sécurité et de préservation de ce que notre pays a de plus sacré : son territoire, sa population, son identité, ses valeurs et le droit inaliénable de disposer de son destin. Dès lors, la sécurité des personnes, de leurs biens et des institutions de notre pays s’impose comme l’un des axes majeurs de l’effort au sommet de l’Etat.
Ces défis majeurs, seule une Police moderne, c’est-à-dire bien formée, bien équipée et disponible peut les relever. Il s’en suit qu’il est impératif dans le but de consolider la paix, la sécurité et la sûreté de notre pays et de ses institutions d’offrir, à la Police les moyens des missions qui lui sont assignées.
On pourrait imaginer que le Gouvernement et son Chef, son excellence le Docteur BONI Yayi, ont pris la mesure de ces défis en procédant aux recrutements hors quota au profit de la Police Nationale. Mais, le recrutement massif à lui seul ne peut être une solution s’il n’est accompagné d’une politique objective de sélection, de formation, d’équipement et d’implantation bien pensées des Unités de police sur le territoire national. Il le sera moins lorsque les critères de sélection sont le quota et la prétendue promotion de femme. Un recrutement dont les critères sont le copinage et la promotion de la médiocrité permet certes de produire des statistiques et de gratifier des amis mais à la fin, elle sera au mieux tout aussi nuisible que le manque d’effectif.
En effet, l’on ne peut être pauvre et faire la promotion de la paresse et de la tricherie. Et à ce sujet, monsieur le Directeur Général, vous particulièrement permettez moi de vous rendre un hommage mérité. Je me joins à tous ceux qui vous ont connu comme un flic intelligent, percutant qui a motivé plus d’un à retourner sur le campus pour reprendre les études. Je suis l’un de ceux qui sont allés à votre école, Jeune commissaire, brillant très brillant, vous avez motivé plus d’un. Et tous, nous avons trouvé en vous l’espoir de toute une génération. Et comme Gédéon, Dieu dans sa bonté infinie vous a visité et vous a dit a peu près ceci : va avec la force et l’intelligence que je t’ai données pour délivrer ce peuple.
Vous avez à choisir d’honorer tous ces policiers qui croient en vous pour restaurer une police où les valeurs du mérite, et la culture de l’excellence vont retrouver droit de cité. Une police où les tricheurs ne vont pas nous dicter leur loi, au moyen d’une décision d’un conseil de ministre obtenu après avoir trahi la religion du Gouvernement pour malhonnêtement l’amené à prendre une décision qu’il n’aurait pas du. Dans un corps hiérarchisé où l’avancement est au mérite, les notions de quota oude places réservées quelles soient pour des hommes ou pour des femmes ne doivent jamais être la règle.
Au-delà des questions de recrutements, les différentes unités de police créées sur l’ensemble du territoire dans des conditions précaires continuent d’attendre les moyens organiques et logistiques pour accomplir leurs tâches.
En attendant, nous continuerons par nous sécher au soleil, sous la pluie et autres intempéries pour assurer au Prince la quiétude et lui permettre de dormir en paix.
Nous continuerons par nous débrouiller pour trouver du carburant dans les rares bâchées que nous avons, que dis-je , que les plus chanceux d’entre nous ont, pour assurer les patrouilles et courir derrières les délinquants mettant ainsi chaque jour un peu plus en péril nos vies aux fins de garantir à la République, à ses institutions et aux citoyens la paix et la sécurité. C’est pourquoi les questions que j’avais adressées au Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes restent d’actualité. Les policiers et les citoyens béninois veulent savoir à quoi servent les fonds de sécurité et de patrouilles, d’une part et les fonds alloués aux frais de missions, d’autre part.
Par ailleurs, nous continuerons par enterrer nos morts dans l’indifférence totale du Prince ; le nombre de nos veuves, veufs et de nos orphelins ne cessent de s’augmenter, aggravant chaque jour que Dieu fait la misère de nos parents qui devront continuer de supporter nos charges, pendant que la République ne se soucie guère de nous.
Nous continuerons par gagner, en tout cas pour plus de 4000 d’entre nous, en dépit d’un salaire de misère, 5000 FCFA pour prime de risque, les plus gradés sont à 10.000 FCFA, et nous serons davantage sollicités pour gérer les graves crises sociales que traverse notre pays.
Au regard de tout ce qui précède, vous devez redonner espoir aux policiers.
Vous devez faire du vote du statut des personnels de la Police Nationale une priorité.
Vous devez travailler à reconstruire une police unie, où règnent la cohésion dans la diversité, le respect du droit à la différence, la tolérance, le pardon et le respect des droits humains. L’essentiel c’est d’avoir le cadre, le contexte, de savoir comment et par quelle voie on peut aborder les discussions sur chaque problème important qui nous mine. Je demande à l’Eternel de vous donner la sagesse de Salomon et la force du roi David pour conduire notre institution.
Pour ce qui est du reste, je ne voudrais plus me répéter bien que la répétition soit pédagogique. Je vous donnerez volontiers copie de mon discours de vœux à monsieur le Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes.
Néanmoins je m’en voudrais de ne pas souligner trois problèmes :
Le premier concerne, l’audit et la restauration de notre garage.
Le deuxième concerne notre centre de santé. Là, au plan professionnel, rien n’est à reprocher à la qualité des prestations de service. Mais comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, c’est juste une clinique. A part les frais d’hospitalisation, le policier y est traité comme dans n’importe quelle clinique privée. C’est pourquoi il nous parait urgent de faire un état des lieux, de dégager les forces et faiblesses de ce centre et d’envisager les nouvelles bases sur lesquelles il devra fonctionner désormais. Ensuite il nous faut créer au cours de cette année, une infirmerie dans le centre du pays à Abomey ou Bohicon et une autre dans le nord,notamment à Parakou pour desservir les camarades qui servent dans ces régions.
Enfin, le troisième concerne les mutations. La liste du nombre de mutations enregistrer ces derniers mois commence par s’allonger indéfiniment ; ce qui n’est pas une bonne chose. Vous devez prendre du courage pour résister aux différentes pressions, les mutations sont encadrées par des textes et vous avez beaucoup d’autres choses à faire.
Par ailleurs, vous êtes le seul et unique Directeur Général de la Police Nationale, et à ce titre tous les policiers, quelques soient leurs origines, grades et fonctions doivent trouver en vous un soutien quelle que soit leur cause. Ainsi, je voudrais vous inviter, a avoir l’attention nécessaire pour gérer la question de reconstruction de carrière à la police, pour quelle ne deviennent pas la pomme de discorde qui va ressusciter les vieux démons de division au sein de la corporation. Une maison divisée entre elle est vouée au mieux à l’échec sinon à la disparition.
Au regard de tout ce qui précède, je vous suggère, de recenser les problèmes majeurs de la maison, d’organiser une journée de réflexion pour toute la Polie Nationale. Ensemble nous dégagerons les priorités, et définirons une feuille de route. Certes vous ne pourrez pas tout faire mais vous aurez le mérite d’avoir tracé la ligne. Je prie l’Eternel de vous donner la sagesse de Salomon et la force du roi David pour diriger notre institution.
Quant à vous camarades, le Synapolice profite de l’occasion qui lui est offerte pour vous inviter une fois encore, chers camarades, à l’esprit de pardon, de réconciliation et de solidarité aux fins de travailler à notre survie collective. Apprenons à nous mobiliser pour les causes nobles. Ainsi, je voudrais vous rappeler ce que la lutte syndicale nous a rapporté ces dernières années :
C’est grâce à notre lutte, que les esprits malins qui ont signé contrat avec un service traiteur pour nourrir les élèves policiers ont du renoncer,
C’est aussi par notre lutte que la Direction du Centre de Documentation de la Police qui nous a déjà échappé a été récupérée,
C’est notre lutte qui a fait que la DCRGST, est toujours dans le giron de la DGPN et n’a pas été confondu lors de la création de la Direction de la Documentation et de l’Information au Ministère.
C’est toujours par la lutte syndicale que nous avons empêché le Ministère de la Fonction Publique d’organiser le dernier concours direct de recrutement à la Police ;
Notre lutte a réussi à sortir, les camarades MEHOU Martial et DADJO Marius de la prison à Abomey et tout dernièrement notre lutte a permis d’être payé au même titre que nos frère d’armes militaires les primes de logement et j’en passe.
La vie du droit c’est la lutte si nous refusons de nous battre, il n’y a plus rien à espérer.
Je ne saurais terminer mes propos, Monsieur le Directeur Général de la Police Nationale sans vous réitérer une fois encore à vous-même, à votre famille, ainsi qu’à votre entourage les vœux les meilleurs pour l’année 2014. Et vous rassurer que malgré tout, nous, fonctionnaires de police de tout grade, restons engager sans aucune condition pour assurer les missions républicaines qui sont les notre jusqu’au dernier soupire du dernier policier.
Que l’Eternel des Armées nous garde pour l’atteinte des objectifs.
Vive la République du Bénin ;
Vive la Police Nationale ;
Je vous remercie.



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