Carnet noir : Le ministre Théophile Montcho a tiré sa révérence

Ambroise ZINSOU, Arnaud DOUMANHOUN 12 janvier 2017

Ancien ministre de la jeunesse des sports et loisirs dans le premier gouvernement du président Boni Yayi en 2006, Théophile Montcho a tiré sa révérence dans la matinée d’hier en son domicile à Godomey. Athlète et footballeur dans sa jeunesse, l’ancien président de la Fédération béninoise d’athlétisme est resté collé au sport malgré ses engagements politiques. Agé de 67 ans, Théophile Montcho qui a passé la commande à la tête de la Fédération béninoise d’athlétisme il y a exactement deux semaines à son successeur Viérin Degon s’est donné à fond pour le sport béninois. Vice-président de la Confédération africaine d’athlétisme (Caa) et membre de la Fédération internationale d’athlétisme (IaaF), Théophile Montcho a pu décrocher pour le Bénin, l’organisation des 18è Jeux africains Porto-Novo 2012. Rappelé par le père céleste, Théophile Montcho laisse derrière lui une veuve et trois enfants.

Réactions
Etienne Kossi (Ancien ministre des sports)

« En apprenant la triste nouvelle, j’ai été profondément choqué. Le ministre Théophile Montcho, paix à son âme, et moi avions d’abord travaillé ensemble au ministère des Travaux publics avant qu’on ne se rencontre plus tard au niveau du ministère de la jeunesse, des sports et loisirs. Je me rappelle sa détermination et son sacrifice pour faire avancer l’athlétisme dans notre pays, surtout dans l’organisation des Jeux africains 2012 qui ont eu lieu ici chez nous à Porto-Novo. Nous devons vraiment avoir en esprit que lorsque des gens se donnent pour leur métier, pour ce qu’ils ont choisi de faire, cela fait avancer le pays. Les athlètes qui ont travaillé avec lui, et ses collaborateurs qui l’ont côtoyé doivent reconnaître qu’il s’est sacrifié pour que l’athlétisme puisse atteindre le niveau qu’il a aujourd’hui dans le pays. Et nous devons lui en être reconnaissants. J’ai eu beaucoup de mal à supporter cette disparition, surtout que nous entretenons des relations personnelles.
Le sport béninois est en train de vivre des moments difficiles. Il va falloir que nous introduisions dans la gestion de notre sport, deux éléments fondamentaux. Il faut dans un premier temps financer le sport parce que les jeunes et les populations de manière générale, se sentent concernés et impliqués dans le sport. Alors, il faut financer tous les sports. Deuxième élément, il faut mieux appliquer la gestion axée sur les résultats parce que si nous n’avons pas de résultats avec une équipe ou bien avec une discipline, il faut pouvoir passer à d’autres, ou du moins, encourager les autres sur la base des résultats. Je pense que cela nous a beaucoup manqué parce qu’il y a des gens qui veulent s’essayer, il y a beaucoup qui veulent donner de résultats, mais ils ont des difficultés à se faire valoir.
C’est vrai que l’Etat seul ne peut pas tout financer, d’ailleurs, ça ne donnera pas les résultats attendus. Il va falloir créer le cadre afin d’amener les privés à s’intéresser au sport. Nous avons des acteurs du secteur privé, des Opérateurs qui s’intéressaient déjà au sport et voulaient mettre en place un mécanisme qui pourra permettre son développement. C’est ce qu’il faut encourager et attendre de l’Etat qu’il crée le cadre et mette en place la réglementation pour que l’environnement soit favorable à l’épanouissement du sport dans notre pays. Le Bénin est en train de traverser depuis 2010, une situation qui n’honore même pas les acteurs. Le pouvoir en place est quand même préoccupé par les résultats et il serait intéressant que cette fois-ci, nous disons à chacun, faites tout pour avoir les résultats. Le problème du sport est à l’interne. On a l’habitude de dire que c’est le football, le sport roi. Et lorsque le roi se porte mal, c’est que ça ne va pas. Mais on doit aussi encourager les autres sports, et là, cela va amener le sport roi à mieux se porter. On ne doit trop se focaliser sur le sport roi et prétendre que tout le reste ne bouge pas. Il faut donner les moyens aux autres disciplines et créer la concurrence. Aujourd’hui, les dernières nouvelles font état de ce que la Coupe du monde va se jouer désormais avec 48 nations en 2026. Ceci va introduire plus de concurrence. Et si le football veut être le sport roi, il faudrait que les gens fassent jouer la concurrence.

Alex Paraïso (Président de la Fédération béninoise de basket-ball)
« Le décès du Président Théophile Montcho est une grosse perte pour le sport béninois et l’athlétisme en particulier. Toute la famille du basket-ball béninois présente ses sincères condoléances à la famille de l’illustre disparu et au monde de l’athlétisme béninois. Nous présentons aussi nos condoléances à la famille de M. Akodjènou Emmanuel Totin. Paix aux âmes des illustres disparus ».

Léon Ahossi, député Un
« La nouvelle nous est tombée dessus ce matin. Nous avions déjà fait un premier tour pour en avoir confirmation. Nous sommes revenus en délégation soutenir la famille, la veuve, les enfants et les autres membres de la famille. Le ministre Théophile Montcho a été à l’origine de l’Union fait la Nation, bien avant certains d’entre nous. Il a été de toutes les activités, de tous les combats. C’est l’un des piliers sur lesquels nous sommes en train de nous appuyer pour aller à la fusion et à la création d’un grand parti, l’Union fait la Nation. Nous ressentons d’autant plus douloureusement le choc que nous venons d’avoir. En fait, le Ministre Montcho n’était rien d’autre que ‘’Union fait la Nation’’. C’est dommage. On n’arrive pas à prévoir ces choses. Nous resterons en contact avec la famille. Nous ne pouvons que dire : Paix à son âme ! »

Okry Nonvignon (Organisateur à la Fédération béninoise d’athlétisme)
La Fédération Béninoise d’athlétisme perd deux de ses dignes fils.
Je n’ai jamais connu que ces deux messieurs depuis que je suis venu en athlétisme il y a un peu plus de 30 ans. La Fédération Béninoise d’athlétisme perd deux de ses dignes fils.
Je n’ai jamais connu que ces deux messieurs depuis que je suis venu en athlétisme il y a un peu plus de 30 ans. L’histoire retiendra que ce que nous sommes devenus et ce que l’athlétisme a connu comme haut et comme bas porte une grande empreinte de ces deux illustres disparus. Théophile Montcho, c’est 18 ans au Secrétariat Général et 15 ans à la Présidence. Il a été membre de la confédération africaine d’athlétisme de 1995 à 2006 avant de devenir vice-président de cette institution. Il venait juste de perdre son poste de président de la fédération béninoise d’athlétisme a l’issue de l’Assemblée générale élective du 28 décembre 2016 et a officiellement passé la main a son successeur le jeudi 05 janvier 2017 avec un sentiment du devoir accompli.
Nous pleurons un monument de l’athlétisme africain.

À Théophile Montcho...*
Avec son décès aux premières heures de cette matinée, j’ai le grand chagrin égoïste de ne l’avoir pas appelé comme je me le promettais depuis quelques jours...A coup sûr, je garde de lui le souvenir ému d’un homme politique, d’un ancien athlète et d’un président de fédération rugueux et combatif, mais capable de grande humilité et d’ouverture intellectuelle.
L’ex député et ministre qu’il fut avait l’étoffe d’un homme d’État, soucieux de l’intérêt général, capable de faire preuve de bonne foi et de retenue malgré l’âpreté du combat politique partisan comme au plus fort du débat et des négociations sur la LÉPI (Liste électorale permanente informatisée) avant la présidentielle de 2011.
Avec l’expression de mes condoléances à sa famille, au Parti social-démocrate, à l’UN (Union fait la Nation) et à la Fédération béninoise d’athlétisme qui venait de l’élever au rang de "Président d’honneur à vie" après l’échec de sa réélection comme Président...
Paix à ton âme, Théophile Montcho !



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