Participation à la mecque : Les candidats au hadj 2023 pris au piège des coûts et de la cherté de la vie

Angelo DOSSOUMOU 24 mai 2023

Seulement 4600 places accordées au Bénin par l’Arabie Saoudite. Pour les milliers de musulmans pratiquants qui entendent honorer au moins une fois de leur vie, l’un des 5 piliers de l’Islam qui fait obligation à ceux qui en ont la capacité, d’effectuer le hadj, a priori, ce nombre est insignifiant. D’ailleurs, plus de Covid-19 et de limitation d’âge et, en principe, le Bénin était en droit d’espérer mieux. Mais pourtant, depuis l’annonce du lancement des formalités et du processus d’enregistrement des candidats au hadj 2023, le Bénin peine à mobiliser quelques 2000 pèlerins. Et pourtant, ce n’est pas faute de volonté ou d’envie des musulmans béninois d’aller visiter la ville natale du prophète Mohammed et, par la même occasion, sacrifier à cet important précepte de l’Islam. Mais de toute évidence, les raisons fondamentales sont le coût élevé des sommes à débourser par les candidats béninois au hadj 2023 et la morosité économique. Contrairement à d’autres pays comme le Niger et la Côte d’Ivoire où les prix sont plutôt raisonnables, visiblement, le Bénin ne tient pas compte de la conjoncture économique ambiante. En effet, en Côte d’ivoire, les pèlerins déboursent dans l’ordre de 2 millions et le nombre de places accordées est de 10.000. Au Niger, le prix à débourser est en baisse et est de l’ordre de 3 millions 260 mille et ceci, après une révision du coût des prestations par les autorités saoudiennes. En clair, au lieu de 3 603 840 initialement annoncés, les pèlerins nigériens sont appelés à débourser 3 258 733 FCFA. De quoi booster le nombre de candidatures du Niger au hadj 2023. Pour rappel, le nombre de places accordées au Niger par l’Arabie Saoudite pour l’édition 2023 du hadj est de 15.891 pèlerins et, il est à parier que le nombre d’inscrits n’aurat rien à voir avec le minable chiffre de 2000 candidatures du Bénin. Même si comparaison n’est pas raison, dans de tels contextes, les pèlerins du Bénin doivent forcément envier ceux de leurs coreligionnaires de la Côte d’Ivoire et du Niger. Quand on sait que la plupart des candidats béninois au hadj proviennent du septentrion et qu’ils sont des producteurs, on devine aisément qu’avec l’effondrement du prix du soja, de l’acajou…, le pouvoir d’achat desdits producteurs désireux d’aller à la Mecque est en baisse. C’est dire qu’à côté des données macroéconomiques, les autorités béninoises en charge de l’organisation du pèlerinage à la Mecque doivent intégrer des données réalistes qui tiennent compte du pouvoir d’achat des populations pour réajuster les politiques publiques. En somme, il ne sert à rien de rester dans une bulle de cristal et de penser que tout est beau. S’il est vrai que les institutions financières internationales tressent des lauriers au Bénin pour sa gouvernance économique, il est aussi vrai que les populations à la base ressentent durement les effets des différentes mesures prises pour relever les défis que le gouvernement s’est assigné. Mais, une gouvernance sans une bonne dose du social, c’est comme une belle bâtisse sans des éclats de rires de ceux qui y vivent. Enfin, pour les candidats pèlerins à la Mecque en provenance du Bénin qui, à cause de leur bourse devront reporter leurs ambitions, leur « malheur » n’a d’autre nom que cherté entretenue. Malheureusement, il y a tout un monde qui sépare les décideurs de ceux qui subissent, et Dieu seul sait quand ‘‘les gens d’en haut’’ cesseront de se voiler la face.



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