Le président Patrice Talon était dimanche dernier l’invité du journal de la chaîne de télévisionfrançaise LCI. Une vingtaine de minutes ont suffi au chef de l’Etat béninois pour donner son point de vue sur les sujets brûlants de l’actualité internationale, notamment la guerre russo-ukrainienne, la françafrique, l’influence chinoise dans le monde et les ressentiments des occidentaux. Pour décrypter les positions soutenues par le président Talon, votre journal a eu recours au Professeur Gilles Gohy. Sociologue, démographe et politologue de son état, l’ancien Directeur adjoint de cabinet du ministère de la communication est très satisfait de la prestation du président Talon sur LCI. Lisez plutôt.
Le président Talon a-t-il selon vous été convaincant lors de sa sortie médiatique sur LCI ?
Comme d’habitude ! Il est resté impeccable, droit dans ses bottes, de sorte qu’on peut l’aimer ou non, mais il a bien livré la marchandise !
Ne trouvez-vous pas qu’au delà de la liberté d’esprit affichée par le chef de l’Etat béninois, il y avait une certaine prudence, histoire de ne pas trop frustrer les Occidentaux ?
"Prudence" ? Non ! Je dirais plutôt "politesse et savoir-faire". C’est une question d’éducation et une livraison à la face du Monde doit nécessairement montrer une certaine élégance et une grande comestibilité. De quoi les Occidentaux peuvent-ils se frustrer provenant de l’Institution d’un pays souverain comme le Bénin ? Je ne vois franchement pas !
Le modèle chinois inspire le président Talon. Cela peut-il expliquer que depuis son avènement au pouvoir, la démocratie béninoise rayonne de moins en moins sur le plan Africain ?
Comme je l’avais dit, le Président Patrice TALON est resté droit dans ses convictions et totalement véridique. Je me souviens que lors de son premier mandat, Il a clairement affirmé n’avoir aucune vocation à rayonner pour épater l’arène africaine. Il sous-entendait ainsi devoir agir pour fournir des avantages comparatifs et sortir des sentiers, pour le bien de sa Population ! La force et la puissance multidimensionnelle de la Chine sont incontestables aujourd’hui. Un pays d’un milliard cinq cent millions de personnes qui figure parmi les quatre premières Puissances mondiales et qui ne veut rien dicter comme comportement unipolarisant, a bien de la Valeur à partager et de la Coopération pour le Développement respectueux des tierces-souverainetés à enseigner. Être séduit par le Modèle chinois que le Bénin a déjà vu à l’œuvre n’est donc que justice, à mon avis ! Le Bénin a besoin de prospérer, sachant ce qu’il veut et comme il veut ! Le Bénin n’est plus un enfant à qui on apprend à marcher !
Sur la guerre en Ukraine, Talon a assuré être contre la violence dans la recherche de solutions aux différents problèmes. Ses détracteurs disent ne pas comprendre cette ambiguïté d’un président qui a fait du forcing lors des législatives de 2019 et de la présidentielle de 2021. Quelle explication pouvez-vous donner à ces accusations ?
De quel "forcing" me parle-t-on ? S’il y en a eu, ça ne peut être que dans les esprits sinueux ou tordus des oiseaux de mauvais augure ! En 2019, les mentalités sinistres avaient pensé faucher la Démocratie Béninoise en plein essor, se cachant lâchement derrière les Législatives de 2019 pour accomplir leur sale besogne. Le Peuple Béninois vigilant, a échappé à leur piège pour que La Rupture ait toujours le vent en poupe et continue son labeur salvateur. Où est le "forcing” ? Et où est celui concernant la Présidentielle de 2021 vécue dans une atmosphère paisible et totalement limpide ? Que peut-on reprocher à cette Présidentielle de 2021 totalement démocratique et transparente qui offrit légitimement au Président Patrice TALON en exercice un second mandat constitutionnel totalement bien mérité ? Il n’y a eu de forcing, ni en 2019, ni en 2021 ! J’ai bien tout suivi pas à pas !
La françafrique, croyez-vous avec le président Talon que les choses ont véritablement changé malgré un président français jeune et progressiste ?
Il est clair qu’il y a maintenant moins d’arrogance et plus de respect envers les dirigeants africains que par le passé, pour des raisons multiples, mais, nous devons rester bien vigilants ! Ce débat est très sensible et bien profond. Il importe donc de prendre en considération certains principes immuables de nos anciens « maîtres » à savoir que la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Le Pacte colonial est toujours effectif et sert les intérêts français, nos pays doivent s’en accommoder malgré eux. Les liens contraignants du Franc CFA pèsent toujours sur les pays de la Zone Franc et les récentes manœuvres du Président Emmanuel Macron en complicité avec le Président Alassane Ouattara pour le contrôle de l’initiative Ouest-Africaine de l’ECO traduisent la détermination de la France à ne pas céder d’un iota sa domination sur son « Empire » même décadent. Des voix très autorisées telles que celle du Franco-Béninois Lionel Zinsou font chorus avec les ambitions du Président Emmanuel Macron, pour affirmer que « l’Afrique appartient à l’Europe ». Du fait même de ces principes que ne vient assouplir ou démentir aucune attitude objective de la part de nos partenaires français, il y a lieu d’être circonspect et s’interroger sur la sincérité des déclarations à relents démagogiques et flagorneurs du Président Emmanuel MACRON. Pour ces gens-là, l’Afrique, avec ses richesses faramineuses représente la biche et eux, les grands prédateurs affamés et insatiables. Alors, il ne faut pas nous attendre à ce qu’ils aient pitié de nous. Ça n’a jamais été le cas et ce ne le sera jamais. La prise de conscience du Continent africain doit l’amener à envisager des stratégies réalistes pour briser enfin de manière coordonnée et solidaire, les chaînes de la domination et mettre en œuvre des stratégies innovantes pour s’émanciper.
Un mot pour conclure cet entretien
J’ai foi que demain sera mieux qu’aujourd’hui ! Avec la volonté de réussir et le leadership visionnaire approprié, nous y arriverons certainement ! C’est ce que j’ai encore pensé !
Propos recueillis par : Angelo DOSSOUMOU S.
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