Revalorisation salariale au Bénin : Le rendez-vous de tous les espoirs

6 décembre 2022

Ce mardi 06 décembre 2022 est décisif pour les travailleurs béninois. C’est le jour du salut car le chef de l’Etat, Patrice Talon, les syndicalistes et le patronat vont échanger sur la revalorisation tant attendue des salaires des fonctionnaires. L’attente aura été longue pour une mesure annoncée 8 mois plus tôt. Le mois de novembre était le deadline sollicité par le gouvernement pour réaliser la promesse. Ce rendez-vous est attendu comme une séance d’information et d’explication puisque la commission en charge de la revalorisation des salaires des fonctionnaires mise sur pied par le gouvernement va rendre compte de ses travaux aux différentes parties. Il n’est donc pas forcément attendu un débat autour de ces travaux. Une séance préalable avec les mêmes parties avait été faite en avril dernier et les propositions des partenaires sociaux devraient logiquement être prises en compte. De plus, cette rencontre intervient au lendemain du vote du budget général exercice 2023 où la masse salariale est déjà fixée. Il n’y a plus peut-être d’espoir de faire modifier un point des propositions. Les partenaires devront être éclairés sur certains points d’incompréhension. Le chef de l’Etat dont on connait la rhétorique devra sans nul doute convaincre ses partenaires.

La revalorisation en question…
La revalorisation des salaires annoncée s’étend en réalité à plusieurs autres points d’amélioration de la condition du travailleur au Bénin. Il y a le sempiternel débat sur le relèvement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG). Le gouvernement a prévu une augmentation de 30% faisant passer la cagnotte de 40.000 à 52.000FCFA. Une mesure saluée par les béninois et soulageante pour les syndicalistes qui se sont essoufflés au bout d’ardues négociations. Mais un détail ne passe pas chez tout le monde. Il s’agit de l’application du coût sur l’assurance maladie des employés qui doivent obligatoirement y souscrire. Si ce point ne suscite pas assez de débats, il y a la hiérarchisation des salaires qui reste en discussion sur la faisabilité. Le président de la République lui-même s’était interrogé sur la question de la proportionnalité dans l’augmentation des hauts et des bas salaires. Il avait souhaité qu’une différenciation soit faite dans la revalorisation pour une question de justice. On devrait s’attendre à une proposition de la commission allant dans ce sens où le bas salarié sera plus impacté que le fonctionnaire qui gagne un gros salaire. Elle va certainement en définir les seuils à partir desquels la différenciation sera appliquée. Enfin, il y a une lueur d’espoir pour la catégorie des Aspirants au Métier de d’Enseignant qui sera prise en compte dans la revalorisation salariale selon ce qui a été annoncé par le porte-parole du gouvernement. S’agira-t-il d’une prise en compte de leurs revendications ? Il faut préciser qu’ils réclament en effet le paiement de salaire 12 mois sur 12.

Noel Chadaré : « …il ne s’agira pas de nous dire que cela prendra effet à partir de 2023… »

Ce qu’on attend de cette rencontre, c’est qu’il y ait enfin l’accouchement mais pas d’une souris parce que le chef de l’Etat a annoncé depuis décembre 2021 qu’il va revaloriser les salaires mais un an après, on est toujours à la case départ. On va de feuilleton en feuilleton de revalorisation. En avril, on nous avait invité, après on parle de novembre. Ce qu’on attend demain c’est qu’il y ait du concret. Qu’on nous dise ce qu’on veut faire de la revalorisation et que bien sûr, ce soit quelque chose de substantiel. Je veux supposer que si le chef de l’Etat a pris du temps pour faire les choses, il a pris du temps pour bien les faire. Donc on attend qu’il y ait de bons résultats et de grandes annonces comme l’a dit le porte-parole du gouvernement. Ce qu’on attend aussi est qu’il ne s’agira pas de nous dire que cela prendra effet à partir de 2023. Ce qu’on nous a dit est que la revalorisation va commencer en décembre 2022. Donc normalement pour la crédibilité de la parole politique, on devrait normalement faire démarrer cela en 2022. On peut négocier mais on ne devrait pas aller en 2023. En dehors de ça, on attend la situation des AME. Combien de mois on veut leur donner ? Le SMIG entre en vigueur quand ? Mais il faut la hiérarchisation des salaires parce qu’on est tous citoyen du même pays, il y a des travailleurs du secteur privé et ceux du secteur public. Si on estime que la vie est chère, que les salaires sont médiocres et qu’il faut les revaloriser, cela doit s’étendre aussi au privé. Or ce qui est annoncé en avril, c’est qu’on laisse aux chefs d’entreprise le soin de décidé de leur politique salariale et ils feront ce qu’ils veulent de sorte que de nombreux travailleurs du secteur privé vont rester sans connaitre une augmentation pendant que ceux du secteur public vont la connaitre. Ce n’est pas juste et on souhaite vraiment que non seulement on nous dise la forme que prend la revalorisation et qu’on s’entende là-dessus. En dehors de ça, il y a aussi la revalorisation des pensions parce que les retraités sont dans une situation où ils vont sur le même marché que tout le monde. Que cette revalorisation touche tout le monde, aussi bien les AME, les agents du secteur public, ceux du secteur privé que les retraités. C’est cela qu’on attend.



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