Wilfried Léandre Houngbédji sur la règlementation du bruit en République du Bénin : « La décision ne vise pas spécifiquement les cloches des églises ou les entonnoirs pour l’appel du Muezzin »

Le Secrétaire Général Adjoint du Gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji s’est prononcé ce vendredi 03 mars 2023 sur l’actualité de la répression des infractions liées au bruit en République du Bénin. Il a expliqué la démarche du gouvernement et le bien-fondé de cette décision de réglementé le bruit qui date de mai 2022. Le porte-parole a fait savoir que la mesure ne vise pas spécifiquement les confessions religieuses.

Le gouvernement s’est prononcé officiellement sur la polémique qui a circulé ces derniers jours au sujet des mesures prises pour règlementer le bruit au Bénin. il s’agit de l’interdiction de l’appel bruyant des muezzins et celui de la cloche de l’église. Cette interdiction a suscité de confusion au sein de l’opinion alimentée par plusieurs critiques. En réponse à ces allégations, le porte-parole du gouvernement a expliqué que cette mesure qui date de mai 2022 ne cible pas une confession religieuse. C’est une mesure qui concerne toutes les activités qui produisent du bruit au-delà des décibels conventionnels de manière à déranger la quiétude des autres. « On a règlementé le bruit au Bénin. Chacun peut observer combien de nuisances nous vivons au quotidien du fait de l’activité de certains d’entre nous. Dans votre quartier, le meunier ne sait pas si vous devez vous reposer. Allez par exemple à Fidjrossè ou à Togbin et vous voyez comment les maquis et autres débits de boissons qui excèdent le long de la berge et c’est une très bonne chose pour l’activité économique et pour l’emploi mais vous pouvez observer comment même au-delà de minuit, il y a du bruit qui empêche des gens qui sont à pratiquement 1 Km de dormir. L’appel du Muezzin, la cloche de l’église, toute proportion gardée peuvent aussi être des vecteurs de nuisance pour les gens qui sont dans les environs. La règlementation du bruit a brassé un ensemble de facteurs ou de causes de nuisance que ce soit les salles de fête, les activités économiques qui génèrent du bruit, la règlementation ne vise pas spécifiquement les cloches ou les entonnoirs pour l’appel du Muezzin », a-t-il expliqué.
« Sensibiliser afin que l’activité des uns ou la foi des uns n’empiète sur les autres »
Le gouvernement a pris la mesure en mai 2022 tout en laissant une marge de 6 mois pour sensibiliser les populations et les acteurs au premier plan. Le porte-parole a exposé aux journalistes toutes les démarches menées par le gouvernement dans le cadre de cette sensibilisation qui a mobilisé la presse locale. La phase de sensibilisation a dépassé le délai requis allant jusqu’à 9 mois avant la répression. « Mais il se fait que le respect des dispositions de ce décret appelle forcément à ce que les acteurs qui interviennent sur ces sphères soient également sensibilisés à la nécessité de favoriser le vivre ensemble, la quiétude des populations afin que l’activité des uns ou la foi des uns n’empiète sur les autres. Nous avons fait des sensibilisations à travers tout le pays dans les émissions à Cotonou et dans tous les départements dans les radios communautaires pour expliquer de quoi il s’agit. C’est toujours dans la logique de la sensibilisation que le président de la République a discuté avec les responsables des diverses confessions religieuses pour leur expliquer l’enjeu et la nécessité d’observer les règles éditées pour que le bruit ne soit plus une cause de nuisance pour certains citoyens », a fait savoir le porte-parole du gouvernement

Dans les pays européens musulmans ou en Afrique du Nord, il n’y a plus l’appel du Muezzin

Wilfried Léandre Houngblédji précise que le fait d’interdire ces actes religieux n’est pas un fait isolé. Plusieurs pays à forte culture d’une certaine religion ont abandonné ces pratiques nuisibles. « Certains ont peut-être mal compris ou ont considéré que c’est un domaine dans lequel il ne fallait pas venir. Mais c’est relatif. Les pays européens où je suis passé et qui comptent de musulmans, je n’ai jamais entendu l’appel du Muezzin. En Amérique, je n’ai pas entendu même en Afrique du Nord, je n’ai pas vraiment entendu et j’ai demandé à quelques leaders religieux notamment musulmans si ça se passe comme cela ailleurs. Eux-mêmes m’ont dit qu’il y a de nombreux pays où cela ne passe plus. Je considère que ce que nous faisons ici pour le bien de tout le monde, ce n’est pas trop demander à ceux qui ont encore ces pratiques que de leur demander de réguler ou de moduler de façon à ce que leurs activités ne gênent pas les autres. J’espère qu’ensemble, nous allons pouvoir y arriver parce qu’au-delà de tout, je considère aussi qu’il y a une question de discipline individuelle et collective que nous pouvons observer. Si je suis un chrétien catholique et que j’attends forcément la cloche pour me réveiller et m’apprêter pour la messe, peut-être que le bon Dieu dirait que je ne suis pas aussi engagé que ça sinon je m’organise pour me lever avant la cloche. De même si je suis musulman, je peux m’organiser à intérieur de ma chambre, régler mon réveil à moi tout seul et me lever avant que le Muezzin ne m’appelle. Honnêtement je ne sais pas s’il y a un bonus ou une vertu dans l’appel ou ce que cela apporte aux fidèles. C’est ensemble que nous allons le faire parce que si les gens ne le comprennent pas, la mesure, ne n’est pas bon pour nous tous. Or, il faut bien qu’on y arrive », a-t-il conclu.