Editorial : Attaquer le mal par le bon bout

Moïse DOSSOUMOU 18 septembre 2014

Bonne nouvelle pour les diplômés sans emploi. Le gouvernement leur a réservé une surprise de taille. Au terme du Conseil des ministres qui s’est tenu tout juste hier, un recrutement massif de près de 20 000 personnes dans les différents corps de l’administration a été décidé. Un chiffre impressionnant qui témoigne de la volonté des pouvoirs publics de remédier au manque de ressources humaines au sein des divers services publics. La décision n’est pas mauvaise en soi. Elle permettra d’occuper les jeunes qui sombrent chaque jour un peu plus dans le désespoir, faute d’emplois décents et stables.
Mais une fois passée l’euphorie, il faut se rendre à l’évidence. Dans le fond, cette mesure consiste à administrer du paracétamol à un malade du paludisme. La fièvre pourra éventuellement baisser mais le mal sera toujours présent. L’Etat pourvoyeur d’emploi a vécu tout comme l’Etat commerçant. Le Bénin n’a pas d’autre choix à faire que de changer de paradigme. Même s’il était donné à Karl Marx et à Friedrich Engels de se réincarner, il leur sera impossible de remettre au goût du jour leur théorie chimérique sur le socialisme.
Seule l’entreprise crée l’emploi. Les pays modernes nous donnent de le constater au quotidien. Leurs dirigeants entretiennent des relations étroites avec les acteurs du secteur privé afin de trouver des solutions à la question de l’emploi. Le rôle de l’Etat, c’est d’accorder des facilités aux entreprises afin que celles-ci créent des emplois en retour pour endiguer les tensions sociales. De par le monde, cette théorie a prouvé son efficacité. Pourquoi ne pas la mettre en pratique chez nous au lieu de continuer avec des méthodes aux limites avérées ?
Chaque année, le nombre de jeunes béninois qui frappent avec insistance aux portes du marché de l’emploi est sans cesse croissant. Et si rien n’est fait pour que l’avenir soit perçu par cette jeunesse comme un rêve et non comme un drame, on court droit à la catastrophe. Il arrivera un jour où elle exprimera son ras-le-bol. Et si ce jour si lointain et si proche advenait, nous connaîtrons notre mai 1968, qui a ébranlé la France cette année-là, avec ses conséquences.
Mettons tout en œuvre pour l’éviter. Encore une fois, « gouverner, c’est prévoir ». L’Etat et le privé sont condamnés à se donner la main. Cette collaboration étroite qui ne cesse de donner des fruits partout ailleurs doit inspirer nos dirigeants et les acteurs du monde de l’entreprise. C’est la seule solution pour que la jeunesse, fer de lance de la nation, s’épanouisse et s’investisse dans l’édification de la Cité. Le temps de l’Etat providence est révolu. Il est venu le moment de faire face à la réalité.



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