Editorial : Bannir la violence électorale

Moïse DOSSOUMOU 30 juin 2015

Ils sont près d’une dizaine à être admis en soins intensifs dans différents centres de santé de la partie septentrionale du pays. Etalés sur des lits d’hôpital, le corps meurtri recouvert de points de suture, les victimes des violences postélectorales ont du mal à replonger dans leurs souvenirs, tellement tout s’est passé si vite. La brutalité des faits et les causes de ces attaques que personne n’a vues venir en rajoutent à leur douleur. C’est la localité de Manigri dans la Donga qui a ouvert le bal de ces agissements de très mauvais goût. Le 27 juin dernier, la veille des élections municipales, communales et locales, des partisans de l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt) ont été sauvagement agressés, à la faveur de l’obscurité, à coup de machettes et de gourdins par des personnes non identifiées.
L’opinion nationale surprise par ce déchaînement de violence plutôt inhabituel ne s’était pas encore remise de ce coup dur que le lendemain, les mêmes faits se sont reproduits avec la même ampleur à Malanville. Les cibles cette fois, ce sont certains militants de l’Alliance Soleil. Là encore, les agresseurs n’ont pu être identifiés car ayant réussi à se volatiliser dans la nature. Il a fallu la tenue des élections de proximité avec une percée non négligeable des partis et alliances de partis qui ne parlent pas forcément le même langage avec l’alliance au pouvoir pour que de tels agissements fort regrettables soient notés. Une chose est sûre, le tort des victimes est de ne pas être de la même chapelle politique que leurs agresseurs.
La gravité des faits tranche avec les comportements électoraux d’habitude pacifiques et interpelle les responsables des formations politiques qui n’accordent pas souvent une place de choix à la formation de leurs militants. La tolérance n’est pas une faiblesse. Au contraire, elle est une richesse car il est impossible que toute la population adopte un seul slogan politique. C’est dans la diversité et la contradiction que chacun arrive à se faire une opinion plus ou moins juste. Jusqu’à un passé récent, malgré le déchaînement des passions en période électorale, les militants et sympathisants des différentes forces politiques en compétition battent campagne et expriment leur vote sans que cela donne lieu à des attaques de cette nature.
La responsabilité des dirigeants des formations politiques est d’autant plus grande dans la promotion du droit à la différence et le maintien de la paix car les auteurs des attaques décriées agissent pour leur compte et en leur nom. Interpeller et punir les auteurs de ces actes d’agression qui ternissent l’image de notre pays, c’est ce qui est attendu des forces de sécurité publique et des magistrats. En aucun cas, ces crimes ne peuvent rester impunis.



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