Editorial : Changer de paradigme

Moïse DOSSOUMOU 31 juillet 2017

Nous voici à nouveau à l’heure du bilan. Chaque année, à cette date précise, le Bénin célèbre sa fête nationale. Cela fait 57 ans déjà que notre pays a accédé à la souveraineté internationale. Un regard dans le rétroviseur renseigne sur le parcours tumultueux qui fut celui des fils et filles de ce pays. La tâche était ardue. Au fil des années, elle est devenue encore plus corsée. Des progrès ont été accomplis. Mais ils sont bien minimes. Plus les années passent, plus la liste des attentes s’allonge indéfiniment. Il y a encore tant à faire. Curieusement, les Béninois donnent l’impression de ne pas mesurer l’immensité et la complexité des multiples défis qui restent à être relevés. Tout se passe comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Demain mardi 1er août 2017 sera le jour des beaux discours. Les déclarations d’engagement en faveur de la patrie fuseront de toutes parts. La fibre patriotique sera ravivée à souhait. Les autorités à divers niveaux se prêteront au cirque habituel qui consiste à exprimer leur amour et attachement pour la cause commune. Mais, une fois passés ces moments de solennité, chacun ira vaquer à ses occupations laissant le pays à lui-même. Les mêmes habitudes condamnables reprendront le dessus et on attendra l’année prochaine pour se souvenir qu’il faut travailler pour le développement du pays. Pendant qu’on remet perpétuellement à demain l’œuvre de construction nationale, le Bénin s’enlise chaque jour un peu plus dans la fange du sous-développement. Visiblement, cela n’émeut pas grand monde.
Le plus gros défi que les Béninois sont appelés à relever, c’est de travailler ensemble, en équipe, avec abnégation pour l’intérêt général. C’est trop nous demander de nous sacrifier pour le bien de tous. Ce discours patriotique a très peu de chances de prospérer par ici. Pendant que les ressortissants des autres Etats ont senti la nécessité d’unir leurs forces pour se tirer du mauvais pas, les Béninois rechignent à se donner la main, à transcender leurs divergences. Conséquence, chacun pense à soi, à son propre épanouissement au détriment de la République. Le comble, les personnes élues ou nommées à des postes de responsabilité ne sont pas bien souvent à la hauteur de la tâche. Ce qui fait que la désillusion fait partie du quotidien des populations.
Mais puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, les Béninois peuvent décider d’étonner positivement le monde. Ce serait ainsi, au-delà des discours, la plus belle démonstration d’amour de la patrie. 57 ans après l’indépendance, il est temps que le Bénin enclenche résolument et sans désemparer sa marche vers des lendemains meilleurs. La pauvreté n’est sont pas une fatalité. Ensemble, nous pouvons inverser la tendance et écrire les plus belles pages de l’histoire du pays pour la postérité. Le Roi Guézo qui a opté pour le progrès au cours de son règne avait déjà trouvé la formule de mobilisation pour la cause républicaine. « La jarre trouée contient l’eau qui donnera au pays le bonheur. Si tous les enfants venaient, par leurs doigts assemblés à en boucher les trous, le liquide ne coulerait pas et le pays serait sauvé ».



Dans la même rubrique